En 2012, les éditions Gallmeister ont l'idée de génie de retraduire la série d'enquêtes du privé Lew Archer signée Ross Macdonald. Si vous vous imaginez que ça ne valait pas la peine, jetez un coup d’œil ici, et vous verrez tout de suite à quel point la qualité d'une traduction change radicalement la perception du lecteur... Gallmeister ne s'y est pas trompé : l'éditeur a choisi Jacques Mailhos pour ce projet à long terme (18 volumes dont l'écriture s'échelonne entre 1949 et 1976). Ross Macdonald, digne successeur de Raymond Chandler et Dashiell Hammett, admiré par James Ellroy et Michael Connelly, est né en 1915 en Californie. Vie mouvementée, drames familiaux, guerre : avant de devenir romancier, Ross Macdonald a eu une vie bien remplie. Il publie son premier roman, The Dark Tunnel, en 1944. Mais sa vie personnelle et familiale traverse des tourmentes : tentative de suicide, maladie mentale, délinquance et fugue de sa fille... Autant d'épreuves qui vont marquer un tournant dans le style de Macdonald, qui s'attache de plus en plus à des thématiques difficiles, sombres, profondes. Pour en savoir plus sur l'auteur, rendez-vous sur le site de Gallmeister.
Ross Macdonald |
Voilà, vous en savez autant que Lew Archer. A partir de là, Ross Macdonald tisse une toile d'araignée solide et complexe, trace entre ses personnages des relations aussi tordues que surprenantes, ménage des retournements de situation, nous réserve de ces accélérations dans l'action comme on les aime, sème quelques fausses pistes sans pour autant tricher avec son lecteur. Et surtout, grâce à un style à la fois direct et élégant auquel la traduction de Jacques Mailhos rend formidablement justice, à un humour tendance réfrigérant, à une distance proche du cynisme qui lui permet d'offrir à son lecteur une vision à la fois éloignée et profonde du milieu qu'il décrit, de sa pourriture et de ses faux-semblants, il nous démontre que l'âge d'or du roman noir incarné par Chandler et Hammett ne s'arrête pas avec ces deux-là, à la fin des années 50. Encore une bonne dizaine d'enquêtes de Lew Archer restent à retraduire, et c'est autant d'impatiences pour ceux qui, comme moi, sont tombés amoureux de l'enquêteur de Ross Macdonald.
Ross Macdonald, Les oiseaux de malheur, traduction de Jacques Mailhos, Gallmeister
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