Aurais-je commencé, inconsciemment, à tenir les bonnes résolutions que je n'ai pas prises ? Toujours est-il qu'en explorant mes rayonnages, je suis retombée hier sur un petit bijou découvert il y a trois ou quatre ans au détour d'un salon du polar. Ostende, c'est une ville que j'aime bien. A la fois populaire, littéraire et mélancolique, avec ses grands bateaux, ses plages à perte de vue, son ciel gris, ses mouettes, ses rues aux vitrines habitées, Ostende tient une place à part dans ma mémoire et mon imaginaire. Que Cyrille Derouineau, photographe, ait décidé de lui consacrer un livre, que six auteurs de "noir" (Marcus Malte, Jean-Hugues Oppel, Jean-Bernard Pouy, Michel Quint, Marc Villard et Didier Daeninckx) s'y soient associés en offrant au projet des nouvelles inédites, ayant pour cadre la ville fétiche, qu'un éditeur de Manosque (Le bec en l'air) ait décidé de publier l'ouvrage : autant de signes annonciateurs d'un beau projet réussi. Gagné : ce livre de petit format, joliment mis en page, élégamment composé, en toute discrétion, se classe dans la cour des grands, vous savez, ce qu'on appelle les beaux livres. Ceux que trop souvent on feuillette une fois, puis qu'on repose dans la bibliothèque, pour toujours.
Ostende au bout de l'est, lui, se lit... et se relit, la preuve, plusieurs mois plus tard. Le photographe Cyrille Derouineau a le talent, l’œil de celui qui aime et comprend ce qu'il photographie, choisissant des sujets, des angles et des éclairages tantôt abrupts, tantôt poétiques. Quant aux auteurs, sous le charme sans doute, eux aussi, d'Ostende l'alanguie, ils ont joué le jeu jusqu'au bout, réussissant, chacun dans son style, une évocation tantôt nostalgique, tantôt drôlatique, tantôt rétro, de la ville du bord de mer... Un coup de cœur tout personnel pour Marcus Malte, qui signe là un texte pratiquement modianesque. Ce qui n'est pas un mince compliment.
Ostende au bout de l'est, Le bec en l'air éditions
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