David Peace en lecture à la Chapelle de la Trinité - Quais du polar 2016 |
J’ai rencontré David Peace à son retour de Quais du polar.
La veille au soir, les lecteurs parisiens avaient eu l’occasion d’assister à
une soirée à la Maison de la poésie, où David Peace répondait aux questions d’Hubert
Artus et lisait des extraits de son dernier roman, Rouge ou mort (Rivages,
traduction Jean-Paul Gratias), et de 44 jours – The Damned United. Quand on
parle de lecture à propos de David Peace, on s’aperçoit qu’on manque
singulièrement de vocabulaire. Car une lecture par David Peace s’apparente
davantage à une performance poétique, voire à une cérémonie. En deuxième
partie, les comédiens Pierre Baux et Violaine Schwartz proposaient une interprétation
particulièrement réussie d’un extrait de Rouge ou mort. David Peace commence l’entretien en revenant
brièvement sur cette soirée.
DP En fait, je souhaitais faire une autre lecture, puisque
je voulais qu’elle soit différente de celle de Lyon. Mais le passage que j’avais prévu allait être « joué »
en français à la Maison de la Poésie, et je ne le savais pas, donc je suis
revenu au texte de Lyon. Désolé, vous avez eu la même lecture !
C’était parfait pour moi ! Justement, comment
choisissez-vous les textes pour vos lectures ?
Tout dépend du livre. Avec Rouge ou mort, je peux choisir à
peu près n’importe quel passage. En général, je choisis un extrait de la première
moitié et un de la deuxième moitié. Dans le texte que j’ai lu à Lyon et à
Paris, il y a à peu près tout : le football, Shankly et le socialisme, sa
relation avec l’équipe, avec les journalistes.
Avec un livre comme Tokyo ville occupée, par exemple, j’ai tendance à lire l’ouverture.
C’est très lié au rythme, en fait.
Ma première réaction est de me dire que quelqu’un qui ne s’intéresse
pas au football ne sait pas qui est Bill Shankly. Donc s’il choisit de lire ce
livre-là, ça me paraît très étonnant. Mais il existe des milliers de façons de lire
un roman. En fait, ce que je peux dire de plus sincère, c’est que je suis
reconnaissant à quiconque lit ce livre et l’aime. Pendant longtemps, j’ai
essayé de me faire publier, sans y parvenir, et je n’étais pas lu. Mon lectorat est fluctuant, avec des hauts et
des bas. A chaque fois que je sors un livre, je ne sais vraiment pas si les
gens vont l’aimer. J’ai été très agréablement surpris et ému par l’accueil que
Rouge ou mort a reçu en France. Je pense
qu’ici, le livre a largement débordé le public des amateurs de football, et c’est
certainement, pour une bonne part, lié à la traduction de Jean-Paul Gratias. En
Angleterre et aux Etats-Unis, c’est resté
cantonné au public amateur de foot.
Curieusement, avec 44 jours ça avait été exactement le contraire. C’est très étrange.
David Peace et son traducteur Jean-Paul Gratias |
Peut-être le public français est-il plus sensible au style ?
Et aussi, en France, la frontière entre
la littérature noire et la littérature générale est de plus en plus poreuse, et
vous en êtes un parfait exemple.
C’est bien possible.
En Angleterre, le quatuor du Yorkshire a commencé à marcher après les films
qui en ont été tirés. En France, ça a été le contraire. GB 84 était un livre
plus difficile, mais toujours écrit dans une veine « noire ». Pareil
pour 44 jours, le style noir était toujours là, et le contenu aussi. En fait, c’est
un mystère pour moi.
La deuxième partie de Rouge ou mort, j’aurais pu la publier
toute seule, elle était plus commerciale. C’était d’ailleurs le projet de
départ. Je vais vous raconter toute l’histoire.
Un producteur m’a appelé pour me proposer d’écrire un scénario sur Bill
Shankly. J’ai refusé, car je ne suis pas scénariste. Je lui ai dit : « Je
vais écrire un roman sur Bill Shankly et vous pourrez l’adapter si vous voulez. »
Mais tout de suite j’ai compris que
Shankly était « mon sujet », celui qu’il me fallait avant de m’attaquer
au troisième volume de la trilogie de Tokyo. Tout à coup m’est revenu en mémoire
tout ce que m’avaient raconté mon père et mon grand-père sur Shankly. Je me
suis dit : « J’ai été aveugle pendant tout ce temps… ». Mon idée
de départ, c’était de raconter la vie de Shankly après la retraite, en 1974.
Raconter ce qu’il allait faire après toute cette vie passée à la tête de son
équipe de Liverpool. Et quand j’ai
commencé à faire mes recherches, à parler aux gens, j’ai compris que je ne
pourrais pas écrire sur la retraite de cet homme sans avoir écrit sur son
travail, son œuvre. Ça n’avait pas de
sens. C’est là que j’ai su que ce livre
allait être très différent de mon projet de départ. Il s’est mis à grandir, à
grossir. Les questions étaient
incessantes : pourquoi parler de ce match-ci et pas ce match-là, est-ce
que je peux « sauter » cette période-là ? Donc j’ai continué à
écrire tout me disant que je couperais plus tard. Ce que j’ai fait d’ailleurs,
un peu… dans la première partie, j’ai dû
couper 50 ou 60 pages. Mais c’était très
difficile : il y avait le rythme, le système des répétitions, la routine de la vie quotidienne. J’essaie de
me rappeler ce que j’ai coupé… Probablement une partie des scènes domestiques.
Tout en écrivant, je comprenais que ce serait très difficile pour le public
britannique… On ne peut jamais savoir. Regardez 44 jours : la moitié du
livre est écrite à la deuxième personne. On aurait pu imaginer que ce serait
difficile pour les lecteurs. Mais personne n’a jamais rien dit ou écrit à ce
sujet, bizarrement. On ne peut jamais prédire la réaction des gens. Je crois
fermement qu’il faut écrire de la façon la plus sincère et honnête possible,
sans compromis. J’ai eu une courte expérience avec le cinéma : c’est un
domaine où le compromis est permanent. J’ai
le souvenir de séances de travail avec trois ou quatre personnes, et ces gens
avaient une piètre opinion du public, vraiment, une forme de mépris détestable… C’est pour cela que je n’aime pas ça. Prenez
par exemple True detective, avec ses disruptions narratives, tout
le monde adore ça. En Angleterre, à la
télé anglaise, ç’aurait été « non ». Si on remonte à Twin Peaks, la
télé anglaise ne l’aurait pas fait, j’en suis certain. Avec un roman, on a le contrôle, on peut
choisir l’écriture qui « colle » au sujet du livre. Si on commence à
faire des compromis, et qu’à l’arrivée le public n’aime pas ça, alors c’est
double peine !
A quel moment avez-vous vraiment compris que ce livre allait être
beaucoup plus important que prévu, en longueur et en profondeur ?
Quand j’ai commencé mes recherches. J’ai une routine de
travail très établie. A l’époque, je me trouvais en Angleterre, et j’ai
rencontré des gens qui avaient connu Bill Shankly, j’avais lu pas mal de documents
sur Shankly, mais pas tous, donc je continuais à chercher, à me
documenter. Je suis rentré à Tokyo. Près
de mon cabinet de travail se trouve un Centre de documentation national. J’y
suis allé, c’était probablement en septembre 2011. A l’origine, je cherchais
des journaux de 1959, l’époque de la nomination de Bill Shankly. J’avais donc
décidé de faire ce travail. Puis j’ai commencé à lire les reportages, match par
match. Pour le premier match, je n’ai pas pris de notes. Je suis passé au
deuxième, je l’ai lu, puis au troisième.
Jusque-là, je n’avais toujours pas pris de notes. Et là, j’ai compris qu’il
fallait que j’écrive tout ça… Donc je suis revenu en arrière sur le lecteur de
micro-fiches, et j’ai découvert quelque chose de très beau. A l’époque, la plupart des gens ne voyaient
pas les matches, car la télévision n’était pas si répandue. Donc les reportages
étaient très différents de ceux d’aujourd’hui.
Par exemple, hier, il y avait un match de la Champions League. Si je
veux être informé, je vais voir la page du Guardian. Le journaliste qui fait le
compte rendu assume que le lecteur a vu le match. Son article est basé plutôt
sur la conférence de presse d’après-match. En revanche, à la fin des années 50,
le journaliste parle du temps qu’il fait, du public, des mouvements, du jeu, il
essaie vraiment de faire revivre le match à son lecteur. Dans le livre, j’ai changé le texte bien sûr,
mais j’ai conservé l’esprit. A l’époque, les journalistes écrivaient des choses
comme : « Dans le soleil de juillet ». J’ai conservé ces
choses-là et je les utilisées comme des refrains, en quelque sorte. Ça m’a donné une sorte de rythme.
Un peu hypnotique ?
Oui, en fait je me suis moi-même trouvé hypnotisé par ces
comptes rendus. J’ai pris mes notes, et à un moment donné, en 2012, je me suis
à l’écriture elle-même. J’écris à la main, je lis à voix haute, puis je tape le
texte. C’est là que j’ai compris que ce
serait très long. En septembre 2013, c’était le centième anniversaire de la
naissance de Bill Shankly, et j’avais dit à mon éditeur anglais, Faber &
Faber, que ce serait bien que le livre sorte à ce moment-là. Je m’étais donc
donné ce délai, il fallait que je travaille très vite, c’était tendu.
Quand avez-vous compris que finalement, vous étiez en train
d’écrire un bout de l’histoire de l’Angleterre ?
Ça c’est une question difficile ! Je n’en étais pas
conscient, mais en même temps tous mes livres, qu’il s’agisse du Quatuor du Yorkshire ou du Cycle de Tokyo, parlent de l’histoire contemporaine, celle de
l’époque et du lieu qu’ils racontent. Il y a le Quatuor du Yorkshire, puis GB
84, 44 jours, Rouge ou mort et un autre livre à venir qui va constituer une
autre tétralogie. Tout cela est lié. Au début de GB 84, il y a l’Argument ;
au début de 44 jours, il y a l’Argument II ; au début de Rouge ou
mort, l’Argument III. Et au début du prochain de la tétralogie, UK DK, il y
aura l’Argument IV.
UK DK, ce sera votre prochain livre ?
Non. J’ai interrompu l’écriture du troisième livre sur Tokyo
pour écrire Rouge ou mort. Et ça a été un travail très intense. En fait, j’étais
très fatigué… J’ai terminé le livre, puis il y a eu les étapes de correction,
les épreuves. Bizarrement, il me restait
une petite réserve d’adrénaline : j’ai écrit très vite une nouvelle qui se
passait au Japon. Puis je suis parti pour une longue tournée mondiale, pendant laquelle j’ai passé ma vie à faire des lectures, à parler du
roman. J’ai éprouvé beaucoup de difficultés à me réengager dans le troisième
livre du Cycle de Tokyo. J’en ai quatre versions actuellement, qui ne me satisfont pas.
En ce moment, je m’intéresse beaucoup à l’auteur
japonais Akutagawa Ryūnosuke, qui a
écrit la nouvelle Rashomon, celle qui a inspiré à Akira Kurosawa son film
éponyme. Tokyo année zéro commence par une citation de Akutagawa, et Tokyo
Ville occupée est structuré sur la base de Rashomon. J’ai donc écrit 5 nouvelles et un essai,
autour de Akutagawa, et j’ai 4 nouvelles en projet, que je compte
terminer cette année. J’espère sincèrement que mon éditeur Faber publiera ce
recueil cette année. L’année prochaine, je devrais terminer le troisième roman
du Cycle de Tokyo. L’année suivante, ce sera le
tour de UK DK.
Vous savez déjà où vous allez, exactement ?
Oui, il est déjà planifié. Je n’ai plus qu’à l’écrire ! Pour moi, écrire ces nouvelles a été une façon de retrouver la fraîcheur et l’adrénaline.
De repartir de zéro, en quelque sorte.
Votre premier roman s’appelle 1974. Bill Shankly prend sa
retraite en 1974. C’est une coîncidence ?
Quand 44 jours a été publié en Angleterre, la photo de
couverture courait sur la première et sur la quatrième de couverture. En
première page, bien sûr, il y avait Brian Clough, puisque c’était le sujet
principal. Mais en quatrième, on voyait Bill Shankly… Rien n’est une coïncidence, bien sûr. Mais
quand même, il y a une sorte de mystère dans tout ça. Il y a un sens, mais
lequel ? En fait, à beaucoup d’égards, je préfère que les choses gardent
leur mystère. Cette année, 1974, a
quelque chose de spécial, mais je ne sais pas quoi ! On peut toujours
trouver des raisons rationnelles, bien sûr. Mais ce ne sera jamais la bonne.
Vous avez dit hier quelque chose qui m’a intriguée : « Bill
Shankly se trouve dans une zone floue (limbo), entre les joueurs et le public ».
Est-ce qu’il n’est pas aussi très seul ?
D’une certaine manière, je ne suis pas ravi que vous disiez
ça ! Mais vous avez raison, et je
le plains. En Angleterre, Shankly est
vraiment connu en tant que héros populaire. Il a passé le plus clair de son
temps dans un collectif. Mais ceux qui travaillaient avec lui au quotidien disent
qu’en fait, ils ne le connaissaient pas.
Quand on regarde les managers d’aujourd’hui comme Arsene Wenger, on voit
bien que la fonction porte en elle cette solitude-là. Même si vous êtes entouré
et assisté, personne d’autre ne porte la responsabilité. C’est très difficile à
vivre. Peut-être les meilleurs managers, quels qu’ils soient, doivent-ils être
capables d’une autonomie totale. Et là,
il y a un parallèle avec la vie d’écrivain, qui est elle aussi solitaire. C’est
peut-être pour cette raison que je me suis identifié facilement avec mon
personnage.
A ce propos, je repense à un de mes vieux amis. Il a lu Rouge ou
mort, et il m’a dit : « Oui, très bon livre. Mais c’est ton
autobiographie. » Je n’y avais pas pensé mais en y réfléchissant bien, il
n’avait pas tort, probablement. Qu’on soit manager ou écrivain, il faut avoir
une tournure d’esprit un peu obsessionnelle. Ne penser qu’à ce que vous
faites. Le manager, placé dans cette
position, dans ce no man’s land, occupe la position parfaite sur le plan
narratif, qu’il soit narrateur ou personnage de roman. J’ai lu
beaucoup de livres sur les fans, je n’y
ai jamais rien trouvé d’intéressant. Quant aux joueurs, ils ont une attitude
très instinctive. Une des raisons pour lesquelles les Américains sont meilleurs
que les Anglais quand il s’agit d’écrire sur le sport est que le baseball ou le
football américain ont un rythme plus lent, avec des pauses, sans doute moins
de pression. Le football est difficile à
capter, c’est très rapide. Et les joueurs ne savent pas, ils jouent d’instinct,
parfois même ils ne se rappellent pas ce qu’ils ont fait.
Vous avez dit hier que vous aviez choisi Bill Shankly parce
que c’était un personnage plus optimiste, plus positif. Et maintenant, comment
va se présenter UK DK ?
Il va couvrir une période entre 1974 et 1979. J’ai accumulé
beaucoup de notes. Vous savez comment je travaille ? J’ai des tas de
boîtes dans mon cabinet de travail, chaque boîte est réservée à un livre. J’ai
deux boîtes sur Akutagawa, six boîtes sur le troisième livre sur Tokyo, et trois
ou quatre pour UK DK. Par exemple aujourd’hui, comme nous venons de parler
de UK DK, il se peut qu’il me vienne une idée, que j’en fasse une note qui ira
dans la boîte ! En général, quand une boîte est pleine, c’est le bon
moment pour commencer à écrire. Mais ça ne fonctionne pas toujours : pour
le troisième livre sur Tokyo, il y a déjà six boîtes pleines…
Sans vouloir vous arracher un secret, pouvez-vous nous en
dire plus sur le thème central de UK DK ?
Je connais bien James Ellroy. C’est quelqu’un qui écrit 200
ou 300 pages de synopsis avant de démarrer l’écriture d’un livre. Moi pas. J’aimerais
bien, d’une certaine manière, mais j’écris pour essayer de comprendre les
choses. Je connais la période et les
lieux, mais j’ai besoin d’un certain mystère pour continuer.
A un moment donné, vous connaissez la ou les perspectives
que vous allez explorer ?
Pendant que je fais mes recherches, je ne sais rien. Je
sais, ça paraît étrange. Puis je commence à entendre les voix me parler. Pour 44
jours, j’avais 12 ou 13 voix qui me parlaient, il a fallu que je les organise,
que je les écoute.
Quel est votre rapport avec le cinéma ? Au festival Quais
du polar, vous avez présenté Rashomon, de Kurosawa.
Dans ce cas précis, j’ai été plutôt inspiré par la nouvelle,
même si j’aime beaucoup le film. Avec un
livre comme Tokyo année zéro, j’écrivais sur un temps et un lieu que je n’avais
pas connus. Donc j’ai eu besoin de lire. Les films, la musique et la littérature
sont très précieux car ils fournissent une sorte de texture de l’air du temps,
ainsi que des éléments d’information. En
fait les films ne m’ont pas tellement influencé sur Rouge ou mort, davantage
pour d’autres livres. Quand j’écris, j’ai des visions mentales qui peuvent s’apparenter
à des films, ou bien à une suite de tableaux. J’aurais voulu être peintre… L’artiste Anselm Kieffer dit toujours qu’il
aurait voulu être écrivain ! Et les managers de football sont souvent des
footballers frustrés. Une des choses que
j’ai en commun avec Ian Rankin, qui aurait voulu être musicien, c’est notre
goût pour la BD. Quand j’étais petit, je passais un temps infini à fabriquer
mes propres BD. Mais je ne savais pas dessiner ! Aujourd’hui encore, je
suis encore très intéressé par la typographie, la mise en page. Regardez ça (à
ce moment-là, David Peace montre une page imprimée dans la version anglaise de
44 jours) : dans ce paragraphe-là, il y a un mélange esthétique entre le
romain, l’italique et les capitales. Ce paragraphe, on peut le lire un peu dans
tous les sens, à la verticale, à l’horizontale (David Peace fait l’expérience,
et croyez bien que je regrette de ne pas pouvoir la partager !).
Une inspiration dadaïste, pour le coup ?
Oui c’est ça, et aussi la poésie concrète. Ce que j’aime
dans dada, c’est le montage, la juxtaposition. Pour peu qu’il y ait un but
derrière ça. Tout ça vient de ma
fascination pour le visuel.
Pour en revenir à la politique…
Je suis fondamentalement optimiste. Je n’aurais jamais pu
imaginer que Jeremy Corbyn se retrouverait à la tête du Labour, ni que Bernie
Sanders se défendrait si bien aux Etats-Unis, ni d’ailleurs qu’Obama serait élu
président. Je ne peux pas dire qu’il n’y a rien à faire, mais comme je l’ai dit
hier soir à propos de Bill Shankly, il va falloir de grands efforts et de
grands sacrifices collectifs. Je ne suis pas sûr que les gens soient prêts à ça…
Je ne crois pas qu’il soit possible de remonter le temps, de retrouver une
situation telle que celle qu’a connue Bill Shankly à l’époque. J’utilise souvent cette notion de
recommencement, mais la gauche est restée à la traîne… Comment-on fait-on face
aux réfugiés, au terrorisme, comment traite-t-on les problèmes de pauvreté ?
J’ai voté pour Jeremy Corbyn, mais il était lui-même surpris. Il n’a pas de
plan… Quant à votre François Hollande, même chose : quel est son plan ?
On est dans la situation où c’est « la moins pire des personnes » qui
est élue…
Une des raisons pour lesquelles j’ai écrit ce livre, c’est que je
vois bien ce qui se passe avec mes enfants : j’ai beau leur parler, leur
dire ce qu’est le socialisme, ils regardent les choses autour d’eux et se
disent : « C’est comme ça, on ne peut rien y changer ». Et le
système éducatif les conforte dans ce comportement. Avant l’arrivée de Corbyn, les Anglais se
retrouvaient avec Ed Milliband et James Cameron… En fait il n’y avait pas
beaucoup de différence entre les deux, n’est-ce pas ? Socialistes ou pas, quand nous étions jeunes,
nous avions un débat, un vrai choix. En écrivant ce livre, j’ai voulu offrir
une sorte d’alternative, un antidote pour le futur. C’était mon intention, c’est
tout ce que je peux faire…
Tous les romans de David Peace sont disponibles en français chez Rivages
Cycle du Yorkshire
1974, traduit par Daniel Lemoine, 2002
1977, traduit par Daniel Lemoine, 2003
1980, traduit par Daniel Lemoine, 2004
1983, traduit par Daniel Lemoine, 2005
Cycle Tokyo
Tokyo année zéro, traduit par Daniel Lemoine, 2008
Tokyo, ville occupée, traduit par Jean-Paul Gratias, 2010
Romans indépendants
GB 84, traduit par Daniel Lemoine, 2006
44 jours, traduit par Daniel Lemoine, 2008
Rouge ou mort, traduit par Jean-Paul Gratias, 2014
1974, traduit par Daniel Lemoine, 2002
1977, traduit par Daniel Lemoine, 2003
1980, traduit par Daniel Lemoine, 2004
1983, traduit par Daniel Lemoine, 2005
Cycle Tokyo
Tokyo année zéro, traduit par Daniel Lemoine, 2008
Tokyo, ville occupée, traduit par Jean-Paul Gratias, 2010
Romans indépendants
GB 84, traduit par Daniel Lemoine, 2006
44 jours, traduit par Daniel Lemoine, 2008
Rouge ou mort, traduit par Jean-Paul Gratias, 2014
whaouuu quelle interwiew !!! et je suis passé complètement à côté quand tu l'as mise en ligne alors que je l'attendais avec impatience ! j'ai bien fait de passer faire un tour chez toi !! et en plus j'ai la réponse à la question qui me torturait depuis longtemps, Est ce que David Peace allait écrire ou non son dernier opus de sa trilogie japonaise ! et la réponse est oui !!! Merci ma Velda pour cette magnifique interwiew !! je t'adore !! ( mais ca tu le sais déjà ! )
RépondreSupprimerGrand merci, fidèle Petite Souris !Il faut toujours faire un tour par chez moi... Et vice versa bien sûr. Bise.
RépondreSupprimer