Vous me connaissez un peu, je ne suis pas très "thrillers". Sauf exceptions. Par exemple Val McDermid, mais là on pourrait dire que Val n'a pas son pareil pour parler du monde qui l'entoure. Et puis Paul Cleave. Et là, je n'ai même pas cette excuse-là. Quoique... En fait, Paul Cleave me fait vraiment peur, peut-être est-ce là son secret... Avec Un prisonnier modèle, Cleave nous raconte la suite de la drôle de vie de Joe Middleton, alias le Boucher de Christchurch, dont nous avions fait la connaissance dans le premier roman de l'auteur traduit en français, Un employé modèle (voir chronique ici), et dont l'auteur nous a donné, discrètement, des nouvelles dans ses autres romans. Car il a quand même fallu 7 ans à Paul Cleave pour donner naissance à cette suite, qui n'a pas grand-chose à envier à son prédécesseur, hormis l'effet de surprise.
On retrouve la narration subjective, tout au moins pour la partie du roman qui raconte les aventures à la fois grotesques et effrayantes de Joe. On retrouve, à la puissance 10, l'humour noirissime et cynique, à la limite de l'absurde, disparu dans Nécrologie, peut-être le roman le plus glauque et cruel que j'aie jamais lu jusqu'au bout! Et heureusement, car côté violence et cruauté, Cleave s'en donne à cœur joie et met nos nerfs... et notre estomac à rude épreuve. Il faut bien souffler un peu, même si, jusque dans l'humour, l'auteur joue avec notre résistance.
Donc Joe a été arrêté après s'être tiré une balle et s'être lamentablement raté. Il est en taule. Pas avec la population générale, car sinon il ne ferait pas de vieux os. Mais même ainsi, la vie n'est pas rose. Surtout que sa paupière lui joue des tours, il est obligé de la domestiquer à la main car la balle qu'il s'est tiré lui a quand même laissé quelques séquelles. Son entourage, pour être trié sur le volet, n'en est pas moins absolument effarant. Entre ses geôliers qui trouvent toujours les moyens les plus pervers de lui pourrir la vie, et ses co-détenus tous plus cinglés les uns que les autres, dont un en particulier a juré de lui faire la peau, le mental de Joe la Victime en prend un vieux coup. Heureusement, il lui reste ses romans à l'eau de rose, car Joe est un romantique, et puis le souvenir de la belle Melissa, sa bien-aimée, sa complice, celle qui lui a écrabouillé une couille avec une pince... Mais quand on aime, on ne compte pas, pas vrai ?
Justement Melissa, c'est sur elle qu'il compte pour le tirer de là. Car pour Joe, il n'est pas question de croupir en prison. D'autant plus que dans la bonne ville de Christchurch, voire dans tout le pays, son arrestation et la révélation de ses exploits provoquent un mouvement d'opinion en faveur de la peine de mort qui n'augure rien de bon. Le procès de Joe a lieu dans quelques jours. Il joue clairement le jeu de la démence, prétend qu'il ne se rappelle rien, alors que bien sûr, il se délecte de ses souvenirs criminels. Sa psy Ali et son avocat ont bien du mal à élaborer une stratégie de défense : avec Joe, rien n'est simple. Dans quelques jours, Joe passe au tribunal. D'ici quelques jours, il faut que Melissa le délivre. Mais auparavant, il va se débrouiller pour extorquer à un producteur de télé la rondelette somme de 50 000 dollars, en échange d'une révélation sur le lieu de sépulture du flic abattu par... Melissa. Il faut bien penser à l'avenir.
Vous n'êtes pas au bout de vos surprises, gentil lecteur. La fin du roman est une véritable apocalypse, une explosion de violence, de cynisme et de renversement des valeurs. Le bien, le mal, qu'est-ce que c'est que ça? Joe se forge sa propre morale, qu'il adapte au fur et à mesure des événements. Pas grand-chose à dire pour sa défense, hormis une vieille mère absolument hallucinante et insupportable et une tante particulièrement perverse. Et puis aussi cette chose-là, sur laquelle Cleave insiste tant qu'on peut imaginer à quel point cela lui tient à cœur : le comportement des foules, celles qui se déplacent en masse pour assister au procès de Joe, déguisées, ivres mortes, pratiquement aussi amorales que l'individu qu'elles sont venues maudire et vouer à la peine capitale... Un prisonnier modèle se lit vite, très vite. C'est un roman à la fois grotesque, violent et bourré de suspense. C'est un sacré roman.
Paul Cleave, Un prisonnier modèle, traduit par Fabrice Pointeau, Sonatine éditions
Vous n'êtes pas au bout de vos surprises, gentil lecteur. La fin du roman est une véritable apocalypse, une explosion de violence, de cynisme et de renversement des valeurs. Le bien, le mal, qu'est-ce que c'est que ça? Joe se forge sa propre morale, qu'il adapte au fur et à mesure des événements. Pas grand-chose à dire pour sa défense, hormis une vieille mère absolument hallucinante et insupportable et une tante particulièrement perverse. Et puis aussi cette chose-là, sur laquelle Cleave insiste tant qu'on peut imaginer à quel point cela lui tient à cœur : le comportement des foules, celles qui se déplacent en masse pour assister au procès de Joe, déguisées, ivres mortes, pratiquement aussi amorales que l'individu qu'elles sont venues maudire et vouer à la peine capitale... Un prisonnier modèle se lit vite, très vite. C'est un roman à la fois grotesque, violent et bourré de suspense. C'est un sacré roman.
Paul Cleave, Un prisonnier modèle, traduit par Fabrice Pointeau, Sonatine éditions
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