S.G. Browne était en France la semaine dernière. C'est à Paris, à la librairie Joseph Gibert, que nous avons eu le plaisir de le rencontrer, et qu'il a accepté de répondre à quelques questions autour de son roman La Destinée, la Mort et moi - Comment j'ai conjuré le sort (Agullo éditions) (lire la chronique ici). Merci à lui!
Velda : Vous dites que l'une de vos influences les plus importantes est Chuck Palahniuk. Pourquoi avoir choisi le genre de la "comédie noire et de la satire sociale" et pas du roman noir ou du thriller ?
S.G. Browne : Le premier roman de Chuck Palahniuk que j'ai lu s'appelait Berceuse, c'était une comédie noire et une satire sociale avec un retournement surnaturel. Avant cela, j'avais surtout écrit des textes d'horreur surnaturelle, dont la plupart n'avaient pas été publiés, et je commençais à m'en fatiguer. Mais certains textes relevaient de la comédie noire. Il y avait en particulier une nouvelle intitulée "A Zombie's Lament", qui parlait de zombies sensibles, diabolisés par la société, mis à l'écart par leurs amis et leur famille, au point qu'ils doivent recourir à la thérapie de groupe. Après avoir lu Berceuse, j'ai eu l'idée de développer cette nouvelle et d'en faire un roman, qui est devenu mon premier texte paru aux Etats-Unis, Breathers. En France, il s'appelle Comment j'ai cuisiné mon père, ma mère et retrouvé l'amour.
S.G. Browne à la librairie Joseph Gibert, en compagnie de Sébastien Wespiser et Estelle Flory (Agullo éditions) et de Michael Mathieu (Joseph Gibert). Clin d’œil en passant à Julien Guerry... |
V : L'humour est-il pour vous une façon de rendre plus acceptable votre vision plutôt féroce de l'humanité contemporaine ?
SGB : Oui, absolument. C'est beaucoup plus facile d'avaler un médicament amer si on l'accompagne d'une (ou deux, ou trois) cuillerées de sucre. Mais c'est aussi mon approche personnelle des défaillances de la condition d'être humain. Si on ne trouve pas le moyen d'en rire de temps à autre, cela devient franchement déprimant.
V : Ou bien est-ce votre façon d'exprimer une forme de noirceur personnelle ?
SGB : Oui, il y a un peu de ça aussi. Mais pour moi, c'est vraiment l'humour qui domine, au bout du compte.
V : Vous venez de passer quelques jours en Europe : percevez-vous une différence entre les approches américaine et européenne du monde contemporain ?
SGB : Oui, j'ai eu l'occasion et le plaisir d'échanger longuement avec un grand nombre de personnes pendant mon séjour en France, et j'ai trouvé qu'au bout du compte, nous avons tendance à partager les mêmes préoccupations, les mêmes espoirs, les mêmes approches de la vie. Je suis sûr que si je passais davantage de temps en Europe, je décèlerais des différences. Pour l'instant, ce sont les ressemblances qui dominent.
V : Dans La Destinée, la Mort et moi, vos "entités" sont parfois plus humaines dans leurs comportements que les humains eux-mêmes. Qu'est-ce que cela révèle de votre attitude envers la religion ?
SGB : Aux Etats-Unis, on fait souvent la différence entre la religion et la spiritualité. Cette dernière n'implique pas que vous deviez pratiquer une religion quelconque. Cela ressemble davantage à un désir de se sentir en harmonie avec l'environnement et avec les autres, plutôt qu'en conflit. Il faut dire aussi qu'aux Etats-Unis, bon nombre de gens qui vont régulièrement à l'église et se considèrent comme croyants ont tendance à se montrer hypocrites quand il s'agit de mettre en pratique ce que Jésus prêchait. Je me sens davantage "spirituel" que "religieux"; en règle générale, j'ai tendance à me montrer très réservé envers la religion organisée. Mais je respecte la liberté de croyance de chacun, tant qu'on n'essaie pas de me convaincre que j'ai tort, ou qu'on ne me menace pas d'aller en enfer si ne je crois pas à la même chose.
V : La fin de votre roman m'a immédiatement fait penser à la fin du 2001 de Kubrick. Est-ce une idée complètement stupide, ou bien est-ce que ça vous dit quelque chose ?
SGB : Oui, ça me dit quelque chose ! Je suis d'accord, il y a une certaine parenté, même si je n'ai pas pensé à Kubrick en écrivant ma fin.
V : A un moment, juste avant la catastrophe (presque) finale, le sort de Sergio commence à ressembler à une sorte de conte philosophique qui loucherait vers un film de Frank Capra. Avez-vous voulu exprimer l'idée qu'après tout, être un humain mortel n'est pas si terrible que cela ?
SGB : Vu que je suis un fan du film La vie est belle, le fait que vous mentionniez Capra est plutôt bien vu. Oui, malgré tout le pessimisme qui transparaît sans doute dans le roman envers la nature humaine, je pense qu'au bout du compte c'est à chacun de nous de tirer le meilleur de nos vies et de ce que nous sommes, et qu'au fond, nous ne sommes pas si mauvais. Il faut simplement trouver un but qui donne plus de sens à notre vie, plus que d'aller au travail et gagner de l'argent qu'on utilise pour acheter des tonnes de trucs dont nous avons l'impression d'avoir besoin pour être heureux. C'est ce que Sergio essaie de faire, pas seulement pour lui mais pour "ses" humains: les aider à trouver un but qui aie du sens. Simplement, ça tourne plus mal que ce qu'il avait prévu...
SGB : Oui, absolument. C'est beaucoup plus facile d'avaler un médicament amer si on l'accompagne d'une (ou deux, ou trois) cuillerées de sucre. Mais c'est aussi mon approche personnelle des défaillances de la condition d'être humain. Si on ne trouve pas le moyen d'en rire de temps à autre, cela devient franchement déprimant.
V : Ou bien est-ce votre façon d'exprimer une forme de noirceur personnelle ?
SGB : Oui, il y a un peu de ça aussi. Mais pour moi, c'est vraiment l'humour qui domine, au bout du compte.
V : Vous venez de passer quelques jours en Europe : percevez-vous une différence entre les approches américaine et européenne du monde contemporain ?
SGB : Oui, j'ai eu l'occasion et le plaisir d'échanger longuement avec un grand nombre de personnes pendant mon séjour en France, et j'ai trouvé qu'au bout du compte, nous avons tendance à partager les mêmes préoccupations, les mêmes espoirs, les mêmes approches de la vie. Je suis sûr que si je passais davantage de temps en Europe, je décèlerais des différences. Pour l'instant, ce sont les ressemblances qui dominent.
V : Dans La Destinée, la Mort et moi, vos "entités" sont parfois plus humaines dans leurs comportements que les humains eux-mêmes. Qu'est-ce que cela révèle de votre attitude envers la religion ?
SGB : Aux Etats-Unis, on fait souvent la différence entre la religion et la spiritualité. Cette dernière n'implique pas que vous deviez pratiquer une religion quelconque. Cela ressemble davantage à un désir de se sentir en harmonie avec l'environnement et avec les autres, plutôt qu'en conflit. Il faut dire aussi qu'aux Etats-Unis, bon nombre de gens qui vont régulièrement à l'église et se considèrent comme croyants ont tendance à se montrer hypocrites quand il s'agit de mettre en pratique ce que Jésus prêchait. Je me sens davantage "spirituel" que "religieux"; en règle générale, j'ai tendance à me montrer très réservé envers la religion organisée. Mais je respecte la liberté de croyance de chacun, tant qu'on n'essaie pas de me convaincre que j'ai tort, ou qu'on ne me menace pas d'aller en enfer si ne je crois pas à la même chose.
V : La fin de votre roman m'a immédiatement fait penser à la fin du 2001 de Kubrick. Est-ce une idée complètement stupide, ou bien est-ce que ça vous dit quelque chose ?
SGB : Oui, ça me dit quelque chose ! Je suis d'accord, il y a une certaine parenté, même si je n'ai pas pensé à Kubrick en écrivant ma fin.
V : A un moment, juste avant la catastrophe (presque) finale, le sort de Sergio commence à ressembler à une sorte de conte philosophique qui loucherait vers un film de Frank Capra. Avez-vous voulu exprimer l'idée qu'après tout, être un humain mortel n'est pas si terrible que cela ?
SGB : Vu que je suis un fan du film La vie est belle, le fait que vous mentionniez Capra est plutôt bien vu. Oui, malgré tout le pessimisme qui transparaît sans doute dans le roman envers la nature humaine, je pense qu'au bout du compte c'est à chacun de nous de tirer le meilleur de nos vies et de ce que nous sommes, et qu'au fond, nous ne sommes pas si mauvais. Il faut simplement trouver un but qui donne plus de sens à notre vie, plus que d'aller au travail et gagner de l'argent qu'on utilise pour acheter des tonnes de trucs dont nous avons l'impression d'avoir besoin pour être heureux. C'est ce que Sergio essaie de faire, pas seulement pour lui mais pour "ses" humains: les aider à trouver un but qui aie du sens. Simplement, ça tourne plus mal que ce qu'il avait prévu...
Franchement, plus banal et ducon, tu meurs !… La "différence" entre religion et spiritualité!… Tarte à la crème des imbéciles politcorrects!… Combien de fois je l'ai entendue celle-là dans les ONG amerlocks !… Au secours!… Et ça se prétend artiste ?… Une idée originale, ça lui est déjà venu à l'esprit ?… On dirait pas.
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