On le croyait mort, fracassé au fond d'un ravin, tel Sherlock Holmes dans les chutes du Reichenbach. Eh non, il est là, il sort de l'hôpital, et prêt à en découdre. Il, c'est-à-dire Andreï Mladin, journaliste à Bucarest pour Flacara. Son rédacteur en chef, pour sa peine, l'envoie écrire une série d'articles sur... l'agriculture à Marna, sinistre petite ville de province où, en plus, il pleut tout le temps. Mais chacun sait que les petites villes de province cachent des secrets sordides, pour ne pas dire pire. Marna ne fait pas exception à la règle. Mladin s'installe à l'hôtel et fait derechef la connaissance d'une ravissante laborantine peu farouche, la belle Mirela.
Tout commence avec une rencontre avec Miron, l'idiot du village en quelque sorte, un personnage étrange qui aurait perdu la raison d'un seul coup d'un seul, après avoir entamé de brillantes études destinées à tirer sa pauvre mère d'une misère sans nom. Miron n'est pas méchant : il a juste la désagréable manie de sortir de ses poches un couteau (émoussé) et une trompette (assourdissante), tout en annonçant sa mort prochaine à tout interlocuteur dont la tête ne lui revient pas. Ce jour-là, l'interlocuteur, c'est Mladin. Certes, la rencontre n'est pas agréable, mais ce pauvre Miron fait plus pitié qu'autre chose.
Tout commence avec une rencontre avec Miron, l'idiot du village en quelque sorte, un personnage étrange qui aurait perdu la raison d'un seul coup d'un seul, après avoir entamé de brillantes études destinées à tirer sa pauvre mère d'une misère sans nom. Miron n'est pas méchant : il a juste la désagréable manie de sortir de ses poches un couteau (émoussé) et une trompette (assourdissante), tout en annonçant sa mort prochaine à tout interlocuteur dont la tête ne lui revient pas. Ce jour-là, l'interlocuteur, c'est Mladin. Certes, la rencontre n'est pas agréable, mais ce pauvre Miron fait plus pitié qu'autre chose.
Puis c'est un dénommé Timofte qui fait son apparition dans la vie de notre héros : l'homme, gardien à la Grande Fabrique, a quelques secrets à lui confier. Manque de chance, il a le mauvais goût de se faire assassiner avant d'avoir pu lâcher le morceau... Qui a bien pu tuer cet homme apparemment sans histoires ? Les indices pullulent : c'est Miron le coupable, et c'est bien commode. Mais Andreï Mladin, on le sait, n'est pas du genre à s'en laisser conter... Le voilà parti pour une enquête tout ce qu'il y a de non-officiel. L'objectif : innocenter le malheureux Miron. Le journaliste ne sait pas encore dans quel guêpier il vient de se fourrer...
L'histoire a quelque chose du "whodunit", recherche d'indices à la clé, et aussi du roman d'action populaire. Mais surtout elle donne à George Arion l'occasion de dépeindre une petite ville roumaine dans les années 80, ses édiles, ses mécanismes, ses corruptions, ses collusions, ses combines et ses mafias. Il se sert allègrement de personnages hauts en couleurs pour nous révéler des vérités bien senties. Un des interlocuteurs de Mladin, colonel de son état, quadragénaire séduisant et réaliste, à l'issue d'une conversation, lève les bras et forme deux V avec son index et son majeur. Encouragement à la bravoure, signe de patriotisme ? Non : "VILLA - VOLVO", explique-t-il. "Les deux choses les plus précieuses que l'on peut souhaiter à quelqu'un." Roumanie, années 80...
L'histoire a quelque chose du "whodunit", recherche d'indices à la clé, et aussi du roman d'action populaire. Mais surtout elle donne à George Arion l'occasion de dépeindre une petite ville roumaine dans les années 80, ses édiles, ses mécanismes, ses corruptions, ses collusions, ses combines et ses mafias. Il se sert allègrement de personnages hauts en couleurs pour nous révéler des vérités bien senties. Un des interlocuteurs de Mladin, colonel de son état, quadragénaire séduisant et réaliste, à l'issue d'une conversation, lève les bras et forme deux V avec son index et son majeur. Encouragement à la bravoure, signe de patriotisme ? Non : "VILLA - VOLVO", explique-t-il. "Les deux choses les plus précieuses que l'on peut souhaiter à quelqu'un." Roumanie, années 80...
Arion a réussi à créer un personnage à la fois attachant et agaçant : Mladin n'a pas de souci d'ego, il s'aime beaucoup, c'est un bon vivant, il a du goût pour les jolies femmes rondes et la vodka ; mais d'un autre côté, Arion prend un malin plaisir à le mettre dans les situations les plus grotesques; dans tout le livre, on compte sur les doigts des deux mains les pages où il s'en sort sec et dispos. Le reste du temps, il le passe sous une pluie battante, quand il ne s'étale pas dans une flaque de boue ou ne se retrouve pas plongé dans une rivière glaciale... Ce qui fait que même quand il est sec, Mladin est malade... Drôle de héros finalement, pour un roman bourré d'humour, savamment cadencé : une lecture plaisir doublée d'une fable politique, que demander de plus?
George Arion, La vodka du diable, traduit du roumain par Sylvain Audet-Gainar, Genèse éditions
George Arion, La vodka du diable, traduit du roumain par Sylvain Audet-Gainar, Genèse éditions
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