La scène d'ouverture de Pyromane a deux mérites : elle explicite parfaitement le titre du roman, et, menée à un rythme soutenu, malgré un souci du détail qui réussit à ne pas ralentir la cadence, elle rend compte d'une action à la fois violente et minutieusement préparée. Nous sommes à Varsovie, il fait moins vingt. Malgré cela, un homme marche dans une rue d'un quartier familial. Il met à exécution un plan bien mûri et parfaitement répréhensible : se hisser sur le toit d'une des maisons et balancer par la cheminée un cocktail molotov qui va transformer la villa en brasier... A l'intérieur de la maison, un homme, ivre, cuve sur un canapé. Sa femme, enfermée dans une penderie, se débat avec la serrure, parvient à l'ouvrir, et se retrouve en enfer. Elle parviendra malgré tout à sauter par la fenêtre et à échapper à la fournaise. Elle s'en sortira, malgré de multiples blessures et brûlures gravissimes. Son mari n'aura pas cette chance et y laissera la vie. Qui pouvait en vouloir à ce couple au point de leur réserver un sort aussi abominable ? Telle est la question à laquelle va devoir répondre l'inspecteur Jakub Mortka, surnommé le Kub.
Et ça n'est que la première, vu que cet incendie n'est pas un événement isolé, mais fait partie d'une macabre série. Un pyromane en série, il ne manquait plus que ça à Mortka, qui a déjà bien du mal à se dépêtrer de ses problèmes personnels. Récemment divorcé, il a dû laisser l'appartement commun à son épouse et à leurs deux enfants. Fauché comme les blés - il faut aussi payer la pension alimentaire - il a dû se résoudre à prendre une colocation avec un couple d'étudiants. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que ça se passe moyennement bien... Ce n'est pas de son âge, ce mode de vie-là... Mortka est un vieil ours plutôt solitaire, porté sur la bouteille, et pas d'humeur à l'indulgence face à deux jeunes colocataires qui vivent à leur gré, et n'ont visiblement pas appris les règles élémentaires du ménage et de l'hygiène.
Voilà, l'investigation peut commencer : nous sommes face à un polar d'enquête qui, s'il démarre sur les chapeaux de roue, se déroule de façon plutôt classique, avec un enquêteur qui partage bien des travers - misanthropie, vie privée en vrac, goût pour l'alcool, alimentation approximative, problèmes avec l'autorité - avec d'autres enquêteurs en série de notre connaissance. L'homme est plutôt sympathique, au demeurant, mais il lui manque ce supplément de profondeur et d'originalité qui aurait pu le rendre franchement attachant. Peut-être faudra-t-il attendre le deuxième roman de Wojciech Chmielarz pour en savoir plus sur Jakub Mortka ?
L'enquête se déroule et conserve son rythme bien cadencé. L'auteur nous promène entre mafias locales, lourdes rancœurs et tragédies du passé. Les intuitions de l'inspecteur Mortka sont parfois inattendues, ses décisions parfois surprenantes, mais bon an mal an, il se débrouille pour nous entraîner derrière lui dans une recherche de plus en plus inquiétante, nous faisant rencontrer au passage quelques personnages savoureux, prenant quelques coups, en infligeant d'autres, et parvenant, opiniâtre, à son but avec un final en forme de retournement de situation, où la morale, finalement, est sauve. Le roman n'oublie pas de mettre l'enquête en situation et de nous donner de la Pologne d'aujourd'hui une image complexe et plutôt pessimiste, avec une confrontation permanente entre un "modernisme" incarné par les Mac Do et les émissions de télé, et une société toujours marquée par les corruptions du passé et les réflexes qui ont la vie dure, de misogynie en violence ... Un polar d'enquête prometteur, un auteur à suivre.
Pyromane, de Wojciech Chmielarz, traduit du polonais par Erik Veaux, Agullo éditions
Et ça n'est que la première, vu que cet incendie n'est pas un événement isolé, mais fait partie d'une macabre série. Un pyromane en série, il ne manquait plus que ça à Mortka, qui a déjà bien du mal à se dépêtrer de ses problèmes personnels. Récemment divorcé, il a dû laisser l'appartement commun à son épouse et à leurs deux enfants. Fauché comme les blés - il faut aussi payer la pension alimentaire - il a dû se résoudre à prendre une colocation avec un couple d'étudiants. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que ça se passe moyennement bien... Ce n'est pas de son âge, ce mode de vie-là... Mortka est un vieil ours plutôt solitaire, porté sur la bouteille, et pas d'humeur à l'indulgence face à deux jeunes colocataires qui vivent à leur gré, et n'ont visiblement pas appris les règles élémentaires du ménage et de l'hygiène.
Voilà, l'investigation peut commencer : nous sommes face à un polar d'enquête qui, s'il démarre sur les chapeaux de roue, se déroule de façon plutôt classique, avec un enquêteur qui partage bien des travers - misanthropie, vie privée en vrac, goût pour l'alcool, alimentation approximative, problèmes avec l'autorité - avec d'autres enquêteurs en série de notre connaissance. L'homme est plutôt sympathique, au demeurant, mais il lui manque ce supplément de profondeur et d'originalité qui aurait pu le rendre franchement attachant. Peut-être faudra-t-il attendre le deuxième roman de Wojciech Chmielarz pour en savoir plus sur Jakub Mortka ?
L'enquête se déroule et conserve son rythme bien cadencé. L'auteur nous promène entre mafias locales, lourdes rancœurs et tragédies du passé. Les intuitions de l'inspecteur Mortka sont parfois inattendues, ses décisions parfois surprenantes, mais bon an mal an, il se débrouille pour nous entraîner derrière lui dans une recherche de plus en plus inquiétante, nous faisant rencontrer au passage quelques personnages savoureux, prenant quelques coups, en infligeant d'autres, et parvenant, opiniâtre, à son but avec un final en forme de retournement de situation, où la morale, finalement, est sauve. Le roman n'oublie pas de mettre l'enquête en situation et de nous donner de la Pologne d'aujourd'hui une image complexe et plutôt pessimiste, avec une confrontation permanente entre un "modernisme" incarné par les Mac Do et les émissions de télé, et une société toujours marquée par les corruptions du passé et les réflexes qui ont la vie dure, de misogynie en violence ... Un polar d'enquête prometteur, un auteur à suivre.
Pyromane, de Wojciech Chmielarz, traduit du polonais par Erik Veaux, Agullo éditions
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