14 septembre 2017

Ron Rash à la librairie Millepages : morceaux choisis

Ce soir, la librairie Millepages de Vincennes recevait Ron Rash. Il s'est prêté au jeu des questions et des réponses, et au dialogue avec le libraire Jérôme Dejean, en compagnie de son éditrice Marie-Caroline Aubert, également interprète d'un soir, autour de son dernier roman, Par le vent pleuré (Seuil - voir la chronique ci-dessous). Morceaux choisis.
"Par le vent pleuré, c'est une histoire qui n'est simple qu'en apparence. A cet égard, j'ai beaucoup pensé à L'Etranger de Camus, que j'ai lu justement en 1969. J'ai voulu travailler sur les strates, en profondeur, faire le portrait d'un écrivain, même si c'est un écrivain raté, et aussi évoquer la fiabilité de la mémoire (...)
J'ai choisi cette année, 1969, parce qu'elle correspond à une période cruciale pour l'histoire des Etats-Unis, et aussi parce qu'avec le recul, elle me permettait d'opérer une résonance avec le temps présent. Le crime a lieu précisément le jour de l'assassinat de Sharon Tate... J'ai voulu englober toutes les années soixante en un été : la lumière, l'optimisme, l'euphorie. De la lumière à l'ombre, pour ainsi dire (...)
Jérôme Dejean, Ron Rash et Marie-Caroline Aubert à la librairie Millepages
 Le personnage de Ligeia est un élément perturbateur, et aussi un symbole :l'héroïne d'Edgar Poe, la sirène. C'est elle qui va provoquer le conflit (...)


Dans les Appalaches, la libération des années 60, avec la musique, la fête, le sexe, les drogues, est arrivée plus tard, bien sûr, comme une vague très longue et très lente (...)
C'est vrai que l'eau domine l'ensemble de mon travail. C'est un élément qui à la fois dissimule et révèle. Dans Le chant de la Tamassee, l'eau représente cet espace entre la vie et la mort, c'est un vecteur (...)
En ce moment, je relis beaucoup ce que je lisais quand j'avais 20 ans. Je viens de relire Proust, par exemple, et Deux cavaliers de l'orage, de Giono, pour la troisième fois. Giono est mon auteur français préféré. Parmi mes contemporains, j'aime certains auteurs australiens, et bien sûr Daniel Woodrell et Cormac McCarthy (...)
Dans Par le vent pleuré, j'ai voulu parler de la mort de l'idéalisme.. Ce livre, je l'ai écrit parce qu'il y a 20 ans, près de chez moi, on a retrouvé le cadavre d'une jeune fille qui était sortie la veille au soir avec deux garçons. On n'a jamais pu prouver ce qui s'était vraiment passé. J'ai commencé à faire des cauchemars sur cette histoire, où je me voyais en assassin, c'était terrible. En écrivant ce livre, j'ai mis fin à ces rêves et j'ai aussi voulu évoquer la zeitgeist - l'air du temps - de cette époque qui a joué un rôle décisif dans l'histoire de mon pays. Time is a geography..."

3 commentaires:

  1. Ce qui serait bien, c'est un lien vidéo... s'il existe un enregistrement (?)

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  2. Certes, il faudrait voir avec la librairie Millepages, mais je n'ai pas l'impression que la rencontre ait été filmée.

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  3. Je viens de le finir et c'est très intéressant de lire ton billet après la lecture.

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