3 juin 2018

Russel D. McLean, "Ed est mort" : les aventures stupéfiantes d'une libraire écossaise

Russel D. McLean n'est pas tout à fait un inconnu pour moi : dès 2011, je vous parlais de son premier roman, The Good Son (voir chronique ici) en espérant pour bientôt une traduction en français de cet auteur écossais qui est aussi libraire à Glasgow, chroniqueur et animateur de tables rondes (dans le cadre du mouvement Noir at the Bar) autour du polar. Eh bien voilà, c'est chose faite grâce à Calmann-Lévy qui publie aujourd'hui, dans la collection "Robert Pépin présente..." le dernier roman de Russel D. McLean, Ed est mort.

A noter : Russel D. McLean sera présent au festival de Frontignan.

Jen, la trentaine bien tassée, héroïne de cette histoire aussi rocambolesque que cocasse, est... libraire à Glasgow. Eh oui, le hasard fait bien les choses. C'est dire qu'il ne faudra pas compter sur McLean pour dire n'importe quoi sur le métier de libraire : "Les clients attendent de vous que vous sachiez tout, même s'ils sont incapables de vous donner des précisions sur l’œuvre qu'ils recherchent (...) Par-dessus tout, la dimension physique du métier constitue la partie à laquelle presque personne ne pense." Voilà pour le réalisme. A cet égard, on s'en tiendra là car les pages qui suivent nous entraînent dans une histoire absolument invraisemblable, où la violence relève du Grand Guignol, et où l'enchaînement des événements ferait dresser les cheveux sur la tête de ... Donald Westlake. 
Jen, en plus de travailler dans une librairie, traîne derrière elle - oh, pas pour longtemps - un petit ami, un boulet prénommé Ed. Odieux, feignant, Ed gagne sa vie on ne sait trop comment. Deals de toute sorte, coups fourrés, magouilles qu'il partage avec son colocataire, un geek obèse prénommé Dave. Jen en a ras le bol : ce soir, c'est décidé, elle jette Ed. On ne peut pas dire que ça le traumatise vraiment. Simplement, il a oublié quelque chose chez Jen. Quelque chose d'important, quelque chose de compromettant, quelque chose de précieux. Alors bien sûr, comme il a gardé les clés de l'appartement de Jen, il vient chercher ses petites affaires. Simplement, il oublie de prévenir Jen qui le prend pour un cambrioleur et lui plante un couteau dans le ventre. Bien joué, Ed est mort. C'est ce qu'on appelle le point de bascule.

A partir de là, c'est la débandade. Il faut commencer par se débarrasser du corps. Comment fait-on ça, quand on est libraire ? Puis il faut échapper aux malfrats auxquels Ed doit de l'argent et de la dope. Comment fait-on ça, quand on est libraire ? Très vite, on se dit que Jen n'en a plus pour longtemps. Et puis, finalement, non. De coups de bol insensés en coups de folie inimaginables, Jen poursuit son chemin vers un nouveau statut : celle de criminelle n°1 d'Ecosse. Toutes les polices du coin sont à ses trousses, tous les gangsters aussi, y compris le plus gros caïd de Glasgow. Jen fuit, se réfugie chez les personnes chez qui, immanquablement, on va la chercher. Et s'en sort les doigts dans le nez. Flics pourris, malfrats pervers, ils s'y mettent tous... Et Jen s'en sort, laissant derrière elle pas moins de quatre cadavres. L'ennemi public n°1, vous dis-je. 

Russel D. McLean s'est à l'évidence bien amusé en écrivant son Ed est mort. Et c'est encore le meilleur moyen pour que le lecteur s'amuse aussi, ce qui est le cas. Plein d'humour, riche en clins d’œil à la grande fraternité des auteurs de polars écossais - un des personnages ressemble à ... Ian Rankin - bourré de personnages incroyables, le roman file à toute vitesse vers  une conclusion qui, si elle ne nous surprend pas vraiment, nous offre quand même une belle bouffée d'air frais et d'immoralité. Amis libraires, attention, l'aventure est au coin de la rue...

Russel D. McLean, Ed est mort, traduit par Philippe Loubat-Delranc, Calmann-Lévy

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