Je suis un peu énervée. Cela faisait un moment que je tournais autour de ce livre, bonnes critiques, prix Cognac, prix des lecteurs de "Elle", bonne tête, propos intéressants entendus lors d'une table ronde sur le livre numérique, bref j'étais à peu près sûre de mon coup en ouvrant ce roman, et je jubilais bêtement à l'idée que j'allais enfin "tomber" pour un auteur français, Monsieur ! Vous l'avez compris, 270 pages plus tard, je suis déçue. Les critiques s'entendent à penser que l'histoire est bien tordue et la construction des plus habiles. Alors peut-être est-ce moi qui ai mal lu, mais au bout de 30 pages j'avais l'impression de connaître la fin, ce qui est embêtant pour les 240 pages suivantes. De quoi ça parle ? D'une jeune femme bien sous tous rapports à qui il arrive tellement de malheurs qu'on en croirait presque qu'elle a pété les plombs et est devenue une serial killeuse. Pourquoi pas ? Le problème, c'est qu'à aucun moment je ne suis parvenue à m'intéresser à cette Sophie-là. Elle a beau multiplier les horreurs (Lemaître n'hésite pas à la mettre en scène en tueuse d'enfant innocent), je ne la sens pas, cette fille. Sa vie d'avant le pétage de plombs n'a rien de passionnant, celle d'après non plus. Elle est en cavale et normalement, j'aurais dû me mordre les ongles jusqu'au sang pour savoir si elle allait en réchapper et faire enfin éclater l'ignoble vérité. Eh bien non, pas l'ombre d'une inquiétude, et pourtant je suis une personne sensible ! Alors je suis déçue, agacée et je me jure une fois de plus que plus jamais je ne me fierai aux critiques et aux récompenses (j'exagère un peu, c'est vrai, mais à peine). En revanche, mon ami Fred a glissé dans mon sac la Trilogie berlinoise de Philip Kerr, et dès les premières lignes, j'ai oublié l'ami Lemaitre. J'en reparlerai quand j'aurai fini, mais en plus l'autobiographie de Keith Richards me tire par la manche, elle fait presque 700 pages et j'ai du mal à résister.
Pierre Lemaitre - Robe de marié - Calmann Lévy
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