24 avril 2011

"Vendetta", une ambiguïté exprimée à la puissance 100 !

Voilà un coup de foudre qui dure... A la rentrée, je vous avais parlé en termes passionnés de Seul le silence, premier roman de Ellory publié en français. Me méfiant de moi-même, j'ai attendu quelques semaines pour lire le deuxième, Vendetta, craignant à la fois la déception et la prise de conscience du fait que peut-être je m'étais emballée un peu vite... C'est que cela m'est arrivé, et à vous aussi, j'en suis sûre. Aujourd'hui, je suis d'une humeur extatique, et pourtant Vendetta ne porte pas à la rigolade, c'est le moins qu'on puisse dire. Plus dur encore que Seul le silence, ce roman ne m'a pas quittée d'une semelle tant que la lecture a duré, et il reste avec moi des jours après l'avoir terminé. C'est dire s'il est puissant, envahissant, obsédant.
Vendetta se déroule là encore aux Etats-Unis, avec quelques incursions d'importance à Cuba. La Nouvelle Orléans, New York, Los Angeles, Chicago... le personnage principal du livre est un tueur de la Mafia. Mais pas n'importe quel tueur, puisqu'il a commencé très tôt, tout gamin, en expédiant ad patres un représentant en encyclopédies qui voulait lui fourguer à prix d'or un savoir que l'enfant convoitait. Si je devais choisir un mot pour évoquer ce livre, le terme d'ambiguïté me viendrait tout de suite à l'esprit. Mais une ambiguïté exprimée à la puissance cent par Perez, tueur de son état, attention, pas le tueur habituel que nous ont évoqué tant de romans plus ou moins passionnants. Un homme tour à tour bourreau et victime qu'on suivra depuis l'après-guerre jusqu'à nos jours, et qui servira aussi de témoin hors normes aux métamorphoses de la société américaine. Car ce tueur singulier, s'il exécute ceux qu'on lui demande d'exécuter, ne recule pas devant les missions prétendument impossibles... A votre avis, qui a éliminé le célèbre syndicaliste Jimmy Hoffa ? Perez, bien sûr... Et encore, on ne sait pas tout. Car la longue et hallucinante confession qui sert de fil conducteur au roman nous laisse dans le doute, notamment sur les affaires Kennedy. Celui qui reçoit cette sanglante confession n'est pas un prêtre, mais un flic, un flic new-yorkais au bord de la crise de nerfs, rongé par ses difficultés conjugales, par l'alcool, par un boulot qui le détruit à petit feu. Dévoré aussi par un lourd passé, une enfance endeuillée à la Nouvelle Orléans - quelle coïncidence, c'est justement là que le convoque Perez pour qu'il entende son récit, condition sine qua non pour que soit libérée la fille du gouverneur qu'il a kidnappée. Le récit foisonnant, haletant, âpre, ne vous lâche pas une seconde. Les personnages sont là, près de vous, derrière vos paupières quand vous vous endormez, et encore présents à votre réveil. Une vraie tragédie grecque, sur fond de vengeance, de sentiment d'abandon, de mort et de douleur. Pas question de sauter une page ou un paragraphe, pas question d'interrompre la lecture par celle d'un autre roman, plus "reposant". Vous n'aurez de cesse de retrouver Perez et Hartmann, vous n'aurez de cesse de connaître tous les secrets de cet étrange tandem, vous n'aurez de cesse de savoir ce qu'il va advenir de la kidnappée. Et vous aurez beau jouer les durs, la fin vous cueillera comme un enfant de choeur !

R.J. Ellory - Vendetta - éditions Sonatine, traduit de l'anglais par Fabrice Pointeau

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