L'histoire ne se passe ni en Islande, ni dans les bas-fonds de New York, ni sur les hauteurs de Los Angeles. Non, c'est à Giverny, à une centaine de kilomètres de Paris, que Michel Bussi a choisi de situer son roman. Giverny, ça vous dit quelque chose? Oui, la maison de Monet et le Musée des impressionnismes. Mais Giverny, c'est aussi un village avec ses habitants, son histoire, ses secrets. Bien sûr, Monet est omniprésent dans ce livre. Il tient une place toute particulière pour les trois héroïnes que Michel Bussi a choisir de mettre en scène. Une fillette de 11 ans, petit génie de la peinture, une jolie institutrice trentenaire et une octogénaire presque veuve.
Comme tout bon roman policier qui se respecte, l'affaire commence par un crime : le chirurgien ophtalmologue du village, Jérome Morval, qui a son cabinet dans les beaux quartiers de Paris, est retrouvé dans la rivière qui traverse Giverny, le crâne défoncé. L'accident est peu probable... C'est l'inspecteur Laurenç Sérénac qui est chargé de l'affaire. Il investit donc les lieux, chevauchant sa moto, et pas n'importe quelle moto : une Triumph Tiger. Un homme de goût, quoi... La victime n'est pas particulièrement sympathique: plutôt vilain, c'est néanmoins un véritable tombeur, et sa malheureuse épouse a bien été obligée de s'en accommoder. L'homme était aussi un collectionneur d'art avisé dont le but dans la vie était de s'offrir un authentique Monet. Est-ce bien raisonnable? Plusieurs pistes donc, toutes plus floues les unes que les autres. Le mari jaloux? Un crime lié au milieu de l'art? Ou encore une réminiscence d'un passé trouble? Sérénac va avoir fort à faire, d'autant qu'il lui prend l'idée saugrenue de tomber amoureux de la jolie institutrice, qu'on soupçonne d'avoir eu des relations plus qu'amicales avec la victime. Les hypothèses se démentent les unes après les autres, mais heureusement Sérénac a un adjoint extrêmement rigoureux, Sylvio Benavides, qui va l'aider à mettre un peu d'ordre dans ce fatal foutoir.
Nymphéas noirs se lit avec un réel plaisir, surtout quand on a passé plusieurs mois à naviguer de serial killer en psychopathe sournois : une narration à plusieurs voix, de beaux personnages féminins, une intrigue habile et un vrai coup de théâtre qui vous fera réfléchir a posteriori sur le savoir faire avec lequel l'auteur a écrit son histoire. Situé dans un contexte géographique, historique et artistique réellement séduisant, avec une écriture soignée et un goût avoué pour la littérature et la poésie, Nymphéas noirs est une vraie bonne surprise. Pour un peu, on s'offrirait une ballade à Giverny, en Triumph Tiger de préférence!
Michel Bussi - Nymphéas noirs - Presses de la cité, collection "Terres de France", 2010
Voir aussi notre interview.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire