Il présentait cette semaine à la librairie Longtemps Cinacitta, un étrange roman impossible à classer : il y a du roman noir dans Cinacitta, mais aussi de la science-fiction et du conte moral. J'aurai tendance à dire "Tant mieux" ! Romain, Tommaso Pincio n'en est pas à son coup d'essai, puisqu'il est déjà l'auteur de Un amour d'outre-monde, paru chez Denoël et hommage à Kurt Cobain et de Le silence de l'espace, biographie hallucinée de Jack Kerouac disponible en Folio SF. Il collabore également régulièrement à l'édition italienne de Rolling Stone ainsi qu'à La Reppublica et au Manifesto.
Tommaso Pincio, sa traductrice Sarah Guilmault et Sébastien Wespiser, de la librairie Longtemps (désolée, Grégoire était très occupé au bar...)
Nous reviendrons plus longuement sur ce roman. Juste pour planter le décor, Pincio a imaginé que Rome, désertée par les Italiens partis vivre dans le nord du pays suite à une canicule insupportable, était envahie par les Chinois. Le héros du roman est le seul Italien resté dans la Ville éternelle, un rescapé au sombre destin, puisqu'il a été accusé de meurtre et emprisonné.
LBdP : Dans vos deux premiers romans parus en France, votre inspiration se trouvait plutôt côté des mythes américains, avec Kurt Cobain et Jack Kerouac. Pourquoi ce retour à Rome ?
TP:En fait depuis le début je veux écrire sur ma ville. Mais jusqu'à présent, il me manquait de l'expérience, je ne me sentais pas prêt. En fait, contrairement à ce qu'on croit, c'est une expérience difficile que d'écrire sur sa propre ville.
LBdP : Et pourquoi cette invasion par les Chinois ?
TP: A Rome, je vis dans le quartier chinois d'Esquilino! En fait, c'est un quartier très ancien qui a une histoire plutôt lugubre, puisque c'est là qu'il y a bien longtemps, on se débarrassait des dépouilles des esclaves et des animaux. Ce quartier a toujours été fréquenté et habité par une population très cosmopolite, et il a la réputation d'abriter les esprits de ceux qui y sont morts autrefois... De plus, j'ai des liens avec l'Extrême Orient, où vit une partie de ma famille, et j'aime beaucoup l'Asie.
LBdP : Si vous deviez citer spontanément un auteur qui vous inspire, à qui penseriez-vous ?
TP : A Georges Simenon, sans aucune hésitation. Je sais que cela peut paraître bizarre, car en apparence rien n'est plus éloigné de ce que j'écris. Et pourtant, si on y regarde de plus près, chez Simenon, il est toujours question d'un échec. Une personne normale, qui mène une vie tranquille, voit son existence complètement bouleversée par un événement, un grain de sable dans le mécanisme. Et c'est là que le destin frappe ! C'est exactement ce qui passe dans Cinacitta. Parmi les romans qui m'ont marqué, je pourrais également citer Un Américain bien tranquille de Graham Greene, un peu pour les mêmes raisons. En plus, Graham Greene avait la particularité de s'être converti au catholicisme. Et Cinacitta, en fait, n'est rien d'autre qu'une confession! Même si le héros n'avoue pas le principal...
LBdP : En plus de vos activités d'auteur, vous pratiquez le dessin et la peinture avec talent...
TP : Oui, d'ailleurs c'est une de mes peintures qui sert d'illustration à la couverture de l'édition française. En ce moment, je travaille à des portraits d'écrivains (Kafka, Orwell, Kerouac, McLuhan). J'aimerais bien faire une exposition un jour.
LBdP : Sur quels projets travaillez-vous en ce moment ?
TP : En fait, j'ai deux projets de romans dont les deux histoires se déroulent au XVIIe siècle. Le premier est une sorte de "presequel" de Cinacitta, le second traite d'une sombre histoire de trafic de porno entre Amsterdam et Londres !
Vous trouverez également une nouvelle de Tommaso Pincio dans l'anthologie publiée par Asphalte sous la direction de Maxim Jakubowski, Rome noir, qui vient de paraître dans une superbe collection de littératures urbaines. Déjà disponibles dans la série : Londres, Paris, Brooklyn, Los Angeles - En savoir plus
Lire la chronique de Cinacitta et la suite de l'interview
Cinacitta, de Tommaso Pincio - traduit de l'italien par Sarah Guilmault - Asphalte éditions
Rome noir, recueil de nouvelles sous la direction de Maxim Jakubowski, avec des textes de Boosta, Gianrico Carofiglio, Marcello Fois, Cristiana Danila Formetta, Enrico Franceschini, Giuseppe Genna, Maxim Jakubowski, Nicola Lagioia, Carlo Lucarelli, Francesca Mazzucatto, Antonio Pascale, Tommaso Pincio, Evelina Santangelo, Antonio Scurati, Diego de Silva et Nicoletta Vallorani traduits de l’italien par Sarah Guilmaut - Asphalte éditions
Un grand merci en passant à la librairie Longtemps (22 avenue Mathurin Moreau - 75019 Paris) pour une belle saison de rencontres !
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