19 août 2011

Ian Rankin, la totale... la fin en forme de feu d'artifice ! Jusqu'au prochain...

Une dernière chance pour Rebus (Resurrection Men, 2002) - traduit par Freddy Michalski, Le Masque, 2006
Malgré ce que le titre pourrait laisser croire, il ne s'agit pas de la dernière enquête de Rebus. On peut dire que dans ce roman, Rankin pose clairement le problème de la conscience du flic. Peut-on vraiment rester "clean" quand on passe sa vie à côtoyer des malfrats et des assassins ? Rebus est rudement mis à l'épreuve pendant cette double enquête : il s'est montré plus qu'irrespectueux envers sa supérieure, et pour lui apprendre à vivre, on le renvoie à l'Académie de police pour lui faire passer le goût de la rébellion. Là, il côtoie les plus fortes têtes du métier... Pendant qu'il travaille sur le meurtre d'un petit loubard de Glasgow, sa fidèle Siobhan, elle, enquête sur l'assassinat d'un galeriste d'Edimbourg. Et au milieu, comme d'habitude, la figure maléfique de Ger Cafferty...Au bout d'un moment, ça sent un peu trop la corruption...

Cicatrices (A Question of Blood, 2003) - traduit par Daniel Lemoine, Le Masque, 2007

Ca part très mal : Rebus vient de s'ébouillanter les mains dans des circonstances un peu floues, et un malfrat meurt dans l'incendie de sa maison le lendemain du soir où il a été vu en compagnie de John Rebus. Pour couronner le tout, un neveu de John meurt sous les balles d'un forcené, ancien SAS,  qui se suicide après avoir fait un carnage dans une école de South Queensferry, une petite ville côtière au nord d'Edimbourg. Heureusement, Siobhan est là pour lui servir de nounou, car pour Rebus, là, c'est sans les mains au sens propre du terme. Laquelle Siobhan est la proie d'un harceleur qui la poursuit jusqu'après sa mort... Pour Rebus, c'est pire que le purgatoire, mais l'enfer n'est jamais sûr... Peu encouragé par ses collègues, John n'en résout pas moins son enquête, mais dans des conditions disons... pour le moins ambiguës.

Fleshmarket Close (Fleshmarket Alley, 2004) - traduit par Daniel Lemoine, Le masque, 2008
Pour certains, le meilleur Rebus. Personnellement, j'hésite... Mais celui-là est un grand cru, c'est sûr. Sous une dalle de béton de Fleshmarket Close, un quartier d'Edimbourg où le branché côtoie le sordide, on retrouve les ossements d'une femme et d'un enfant. Et sur qui ça tombe, cette histoire ? sur Rebus, bien sûr. Qui sont ces cadavres ? La mère et l'enfant ? Où est le piège ? A côté de ça, un immigrant clandestin est assassiné dans un lotissement en construction. Crime raciste ? Règlement de compte ? Quant à Siobhan, son enquête la conduit un peu trop près d'un violeur déjà condamné et franchement effrayant. Dans ce roman, c'est un véritable constat social franchement pessimiste que dresse Rankin, qui nous emmène à sa suite dans les bas-fonds de la ville, mais aussi dans des milieux où l'argent excuse tous les crimes, même les plus horribles. Rankin nous a concocté là une intrigue particulièrement bien tricotée, explosive et très noire...

>> Dans cette vidéo, Ian Rankin raconte comment lui est venue l'idée de ce roman. Le nom de la rue, Fleshmarket Close... L'ancien des quartiers des bouchers dans l'Edimbourg du XVIIIe siècle. Le marché de la viande... le marché humain. Et voilà, l'idée était trouvée. Dans ce roman, il est question d'immigration, de racisme et de xénophobie, mais aussi de trafic d'êtres humains. En plus, il nous emmène en ballade avec lui et franchement, c'est sympa.

L'appel des morts (The naming of the dead, 2006) - traduit par Daniel Lemoine, Le Masque, 2009
Le roman commence avec un enterrement, celui de Mickey, le frère de John Rebus. Mais ce dernier n'a pas le temps de faire son deuil. On est en plein dans l'actualité : l'action de cet épisode se déroule pendant la réunion du G8 de 2005 à Edimbourg. Toute la police est sur les dents, ce qui n'empêche pas un député de tomber du haut des remparts... Il faut étouffer l'affaire, ça ne fait pas propre. Demander à Rebus d'étouffer une affaire, quelle idée ! Surtout que dans le même temps, trois violeurs sortis de prison sont assassinés. Avec Siobhan, Rebus va narguer l'ennemi - la Special Branch - et remuer ciel et terre pour trouver les coupables et élucider l'affaire. Ger Cafferty est plus présent que jamais, et on se demandera longtemps ce qui le pousse à aider Rebus à réussir... Structuré comme un album - les parties du livre s'appellent des "Faces", ce roman, sur fond de mondialisation galopante, est complexe et passionnant. Il est aussi une belle réflexion sur les politiques et leurs comportements.

Exit Music (Exit Music, 2007) - traduit par Daniel Lemoine, Le Masque, 2010

Le der des der, et pas le moindre. On s'en doutait, pour sa dernière enquête de Rebus, Ian Rankin ne pouvait pas rater son coup. Exit Music se lit avec nostalgie, car on sait que c'est le dernier, et Rebus aussi. Le temps qui passe est particulièrement sensible dans Exit Music... Un poète russe dissident est assassiné. A première vue, il y a erreur sur la personne. A première vue seulement. Edimbourg accueille une délégation d'hommes d'affaires russes, et bien sûr cette histoire fait un peu tache. Si on pouvait l'escamoter, ce serait parfait. C'est mal connaître John Rebus, qui, en fin de carrière, n'a plus rien à perdre. Dans cette histoire, on découvrira progressivement que les "businessmen" sont plutôt des mafieux, que certains notables locaux sont impliqués dans les magouilles, et que Ger Cafferty n'est pas loin. Rebus est mis à pied, à la veille de sa retraite, mais même cela ne l'empêche pas de continuer son enquête, têtu, déterminé, rageur. En fait, on a bien du mal à croire que c'est fini...

>> Dans cette vidéo en forme de teaser, Ian Rankin, taquin, en dit un peu - très peu - sur ce dernier opus. Et même il vous montre sur son écran d'ordinateur les différentes fins possibles. Drôle !

L'après-Rebus

Portes ouvertes
(Doors Open, 2008) - traduit par Stéphane Carn, Le Masque, 2011 (voir la chronique)


A Cool Head (2009), non traduit

Ce petit livre est dédié à Richard Havers, qui emmena Ian Rankin voir un concert des Beach Boys où le groupe chantait une chanson où il était question "de garder la tête froide et le coeur chaud". Avec l'esprit de contradiction qui le caractérise, Ian Rankin s'est demandé ce que ça donnerait s'il faisait exactement l'inverse ! Résultat : A Cool Head, écrit spécialement pour une opération organisée en Angleterre, "Quick Reads", qui a pour but de redonner le goût de la lecture à ceux qui l'ont perdu. L'histoire : Gravy, trente ans, un peu simplet, travaille dans un cimetière. Un jour qu'il est en plein labeur, il voit arriver son copain Benjy dans une voiture qu'il ne connaît pas. Benjy a une balle dans le ventre, et il confie à Gravy un flingue pour qu'il le cache... C'est le début d'une histoire infernale et cocasse.

The Complaints (Orion Books, 2010), non traduit
Un nouveau héros pour Ian Rankin, flic lui aussi mais aussi éloigné de Rebus qu'on peut l'imaginer. Son nom : Malcolm Fox. Malcolm ne boit pas, ne fume pas, et en plus il travaille pour l'équivalent de l'IGS, c'est dire si on l'aime, chez les flics de base... Mais il est confronté à la corruption, au banditisme et ce n'est pas tous les jours dimanche pour lui. Dans la première partie du livre, Fox parvient à confondre un "ripou" qui fait des siennes depuis longtemps. Belle victoire. Mais ça n'est pas fini : il lui faut maintenant coincer un flic qu'on soupçonne d'être proche d'un réseau pédophile. C'est une autre paire de manches... L'action se passe toujours à Edimbourg, mais on sent que la crise est passée par là... C'en est fini des affaires vite montées et des fortunes vite faites. La conjoncture est noire, l'histoire aussi !

Les petits plus

Rebus's Scotland - A Personal Journey, avec des photos de Tricia Malley et Ross Gillespie (Orion éditeur)
Un livre pour fans, mais pas que ! Dans ce livre, Ian Rankin revisite les hauts lieux des enquêtes de Rebus, et probablement, ces lieux sont aussi les siens. La promenade commence à Cardenden, lieu de naissance de Rankin, où l'on vient d'inaugurer une Ian Rankin Court au sein d'un nouveau lotissement pour gens aisés... Dans le texte, Ian Rankin retrace avec sensibilité et acuité la progression de son personnage mais aussi l'évolution d'une ville. Ce livre est en fait une autobiographie à peine dissimulée, et les amateurs de Rankin y trouveront bien des réponses. Les photos en noir et blanc, très belles, illustrent plus ou moins littéralement des citations extraites des romans. Bref, un indispensable pour les amateurs.

La série télé

Malheureusement, seuls quelques épisodes de la série Inspecteur Rebus ont été diffusés de façon très sporadique sur une chaîne câblée il y a quelques années. Espérons qu'un jour quelqu'un se décidera à proposer, dans l'ordre, les 14 épisodes de cette excellente série. Une bizarrerie pour les deux premiers épisodes : Rebus était incarné par John Hannah qui, s'il est un excellent comédien, n'en est pas moins un choix étrange... Pour les autres épisodes, c'est Ken Stott qui prend le relais, et il est tellement crédible qu'au bout d'un moment, on ne peut plus imaginer Rebus autrement. En Angleterre, la série a été diffusée entre 2000 et 2007. Il semblerait qu'il y ait un espoir pour qu'une autre saison voie le jour, mais pas avec Ken Stott. A suivre...

>> La bande annonce d'un des épisodes avec Ken Stott

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