Il y a des auteurs qui privilégient l'action au détriment du psychologique. D'autres au contraire s'aventurent dans les méandres de l'esprit en oubliant qu'un polar est aussi un livre dans lequel l'action tient une place de choix. Fred Vargas, joue sur les deux tableaux avec à chaque fois un petit plus sous la forme d'une idée originale qui la démarque de ses confrères et consœurs du Club du mardi. Dans les bois éternels ne déroge pas à cette règle avec une intrigue en triptyque. D'abord il y a une affaire de meurtres conventionnelle qu'Adamsberg tente d'élucider avec les moyens de police mis à sa disposition. En parallèle il cherche une infirmière tueuse de vieux qui n'est peut-être pas étrangère à la première affaire. Et pour couronner le tout le voilà rejoint par son passé avec la venue d'un nouveau flic dans son service qui a la particularité de s'exprimer en vers à la manière de Racine. Ce dernier aurait connu Adamsberg alors qu'il faisait partie d'une bande de sales gosses qui terrorisaient son Béarn natal. Ajoutez à ces trois éléments une galerie de portraits tous plus insolites les uns que les autres tel un curé de campagne qui cache ses doutes derrière une dépression simulée et possède un livre du XVIe siècle qui donne la recette de l'immortalité, une bande de piliers de bar normands qui s'inquiètent en levant volontiers le coude de l'assassinat inexpliqué de cerfs et enfin une revenante qui hanterait la nouvelle maison qu'occupe Adamsberg. On retrouvera avec bonheur dans ce livre l'imposante Retancourt qui va avoir maille à partir avec une tueuse à la seringue et un gros chat poussif qui jouera pourtant un rôle capital dans les dernières pages du roman, sauvant miraculeusement un des personnages clefs de la mort. Dans les bois éternels est un livre qui devrait satisfaire tous les publics amateurs de polars car il rassemble en 450 pages tous les ingrédients du genre: suspens, enquête de routine, aventures musclées et drame passionnel. Il y en a pour tous les goûts et en plus c'est écrit avec le talent que l'on connaît à Fred Vargas qui sait nous mener par le bout du nez en nous trimbalant de faux en vrais indices jusqu'au dénouement final qui ne manque pas d'idées. Profitant de cette histoire pour nous faire partager un peu de cette culture bon enfant qui ne fait pas de mal et donne l'impression de ne pas lire idiot. Ce roman est en quelque sorte la suite de Sous les vents de Neptune adapté pour la télévision avec Jean-Hugues Anglade dans le rôle d'Adamsberg. Du coup pendant tout le livre on a l'impression de voir la silhouette de cet acteur au talent mis en valeur par Josée Dayan arpenter la lande normande en compagnie de son inséparable Danglard qui aurait les traits de Jacques Spiesser.
Fred Vargas, Dans les bois éternels, Viviane Hamy
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