8 août 2011

"Killing Angel", un thriller hallucinant

Toujours dans la série des DVD improbables, je suis tombée sur une étrange chose intitulée Killing Angel, un thriller signé Paul Sarossy (le directeur de la photographie attitré d'Atom Egoyan) et sorti en 2001, qui avait obtenu le prix de la première œuvre au Festival de Cognac. L'histoire ? Celle d'un tueur à gages, mais pas le genre à sortir son flingue bêtement. Non, un tueur raffiné et pervers, sanglant et cruel, et surtout au regard totalement vide, indifférent, absolument terrifiant. Jon, c'est son nom, n'est donc pas un tueur à gages comme les autres : il travaille exclusivement pour l'Homme tatoué, un être glaçant lui aussi, un homme plutôt âgé, baraqué (pour être gentil), au torse recouvert de tatouages représentant des visages... On ne saura pas quelle est l'activité réelle de ce Tatoué, juste qu'il habite une sorte de local industriel et souterrain, qu'il a un goût prononcé pour les paradis artificiels et la torture, et dispose d'une véritable garde rapprochée d'hommes très dévoués. Jon est jeune, la trentaine, on pourrait presque dire qu'il est beau, sauf qu'on a l'impression que son visage est un masque de cire, et ça, ça gâche un peu la séduction. Il est grassement payé pour ses horribles missions, a un penchant certain lui aussi pour les drogues et l'alcool, et habite un appartement ultramoderne et ultravide à Londres. Un jour, il tombe sur un de ses anciens copains de collège, qui n'a pas eu la chance (?) comme lui de rencontrer un riche commanditaire et qui, au chômage chronique, végète dans un HLM avec sa femme et sa fille. C'est là que tout se gâte. Car soudain, Jon le froid prend un coup de chaud sous la forme d'un coup de cœur pour la femme de son copain. Mais voilà : ça n'était pas prévu par l'Homme Tatoué, qui n'apprécie pas du tout, mais alors pas du tout.

Une curiosité que ce film à l'ambiance très très glauque, aux décors sophistiqués, à la musique obsédante (tiens, on entend les Murder Ballads de Nick Cave, dont je vous parlais il y a quelques jours), à la mise en scène soignée et aux images choc. Le comédien qui joue le rôle de Jon, Andrew Howard, a une physionomie qu'on n'oublie pas. Il tient là un rôle vraiment difficile et s'en sort plutôt bien en évitant le risque du "surjeu" qui caractérise ce genre de personnage. Vous le connaissez peut-être d'ailleurs : c'est lui qui jouait le rôle de Jerry dans Le rêve de Cassandre de Woody Allen. Ce film est un thriller vraiment très noir, à ne pas mettre en toutes les mains ; seule réserve : on aurait aimé qu'on nous donne une piste pour comprendre le pourquoi du comment. Comment Jon en est-il arrivé là ? Quelle est la vraie nature de son lien avec l'Homme Tatoué ? Bref, qu'on approfondisse un peu ce personnage et, sans tout nous dire, qu'on nous donne un peu de "grain à fantasme". Cela aurait conféré davantage de profondeur à ce film qui, tel quel, est impressionnant sur le coup, mais s'oublie un peu vite...

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