Après avoir lu London Boulevard, de Ken Bruen (voir la chronique), je n'ai pas pu résister à la tentation de voir le film qui en a été tiré. Sorti en 2010, ce film réalisé par William Monahan, le scénariste des Infiltrés de Scorsese, met en scène Colin Farrell dans le rôle de Mitchell, le fabuleux David Thewlis dans le rôle de Jordan l'étrange majordome, et Keira Knightley dans celui de Charlotte la star. J'aurais préféré ne pas avoir lu le roman avant, je me serais posé moins de questions !
Chez Ken Bruen, Mitchell est un type d'un certain âge, la crinière blanche et le regard noir. Tout à fait Colin Farrell quoi ! Quant à la star, c'est une vieille dame qui ressemble à Gena Rowlands. Tout à fait Keira Knightley ! Bon, le marketing est passé par là : les jeunes loups doivent se vendre mieux que les vieux crabes ! Problème : ça change toute l'histoire... Donc on va essayer de faire comme si, mais ça n'est pas facile. Car si le roman, en plus d'être superbement écrit, fonctionnait sur une intrigue plutôt élaborée, sur la dualité des personnages et sur une noirceur qui écartait toute facilité, le film, en jetant aux orties la partie qui concernait la relation complexe entre la vieille star et le gangster, perd en profondeur et en ironie. J'aime beaucoup Colin Farrell et franchement, il est plutôt bien dans son rôle. Keira Knightley, de plus en plus squelettique, campe une star tellement immatérielle qu'on a du mal à comprendre le culte qu'elle inspire. Et David Thewlis est, comme d'habitude, absolument parfait dans son rôle de majordome déjanté et plein de ressources... Les personnages secondaires sont plutôt réussis, en particulier Ben Chaplin dans le rôle de Billy Norton, le copain de Mitchell. La mise en scène est un peu lente, même si la fin nous offre quelques scènes de violence particulièrement bien filmées. En prime, une bande originale vraiment réussie, jugez-en : Yardbirds, Stones, Pretty Things, Box Tops, Bob Dylan, Yardbirds, Kasabian... Bref, un film agréable, auquel il manque le rythme, l'humour et l'originalité. Dommage, le roman de Bruen avait beaucoup à donner...
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