2 janvier 2012

Auteur de polars français aux Etats-Unis : tais-toi et rame !

C'est, brutalement, ce qu'on peut conclure après avoir lu l'article signé Lucinda Karter dans la lettre d'info du BIEF (Bureau international de l'édition française). L'automne dernier se tenait à la Maison française de l'Université de New York un colloque baptisé "French Noir : Whodunit and Who's next". Ce colloque rassemblait des auteurs, des éditeurs français et américains et un traducteur.De gros progrès à faire pour imposer le "French Noir" aux Etats-Unis, visiblement.
Pour commencer, Aurélie Laure, directrice des droits étrangers pour Univers Poche, a souligné l'absolue nécessité de pouvoir proposer de longs extraits de manuscrits traduits en anglais. Ce qui paraît évident, mais ne l'est visiblement pas... Une stratégie qui lui a réussi puisqu'elle a enfin réussi à vendre aux Etats-Unis deux titres de Franck Thilliez. Aurélien Masson (Gallimard) souligne les différences qui séparent l'approche française, qui met l'accent sur l'ambiance, le lieu, etc. de l'approche américaine qui d'une part présente ses romans quasiment comme des productions industrielles, mais en plus insiste sur le portrait des héros. Bilan pessimiste : lorsqu'on demande à un Américain de citer 5 écrivains français du genre, il nomme à chaque fois Georges Simenon. Qui est belge... En fait, parmi les auteurs français, seuls Manchette et Jonquet ont été traduits, et encore, tout récemment. En Angleterre, on trouve quand même les romans de Caryl Férey et de Fred Vargas. Car il ne faut pas oublier qu'être traduit en anglais, ça n'est pas la même chose qu'être traduit en américain. Même les auteurs anglophones qui sont publiés aux Etats-Unis voient souvent leurs textes revus et corrigés pour s'adapter au public américain. Encore une fois, Donald Nicholson-Smith, traducteur et modérateur de la rencontre, fait la preuve que les traducteurs ont un rôle important à jouer quand il s'agit de répandre la bonne parole : il lui a fallu cinq ans d'efforts avant qu'un éditeur américain s'intéresse enfin à Manchette... Autre constat auquel on pouvait s'attendre : dans la liste des best-sellers du genre aux Etats-Unis, on ne trouve pratiquement aucun auteur non Américain. Nous ne sommes donc pas les seuls à être négligés. Maigre consolation...

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