4 janvier 2012

James Patterson, nabab de l'industrie du livre

Et je pèse mes mots... Patterson est le plus gros vendeur du monde : 84 millions de dollars gagnés entre mai 2010 et avril 2011, d'après le magazine Forbes. J'en ai la tête qui tourne... Et j'imagine que les autres auteurs de polars, même ceux qui se vendent bien, doivent l'avoir un peu mauvaise. James Patterson a une méthode : il s'entoure de co-auteurs qui apparaissent sur la couverture de ses romans. Ce qui lui permet de publier... plus de 15 romans en deux ans. En gros, il lance l'histoire, et les scribes écrivent! Sous son contrôle, bien sûr. Pour lui, l'écriture est une industrie comme une autre, et puisque les téléspectateurs sont capables de se passionner pour une série hebdomadaire, il considère qu'ils doivent aussi être capables d'éprouver le même type d'addiction pour ses livres. Roi du marketing, il garde l’œil grand ouvert, y compris sur l'étranger, ce qui n'est pas si courant. Au point qu'il s'adjoint des co-auteurs originaires de certaines régions du monde (la Scandinavie, comme par hasard, mais aussi les Pays-Bas, et même la France puisqu'il travaille en ce moment avec Noël Simsolo à un roman ciblé, Private Paris !). L'hebdomadaire L'Express, apparemment fasciné, lui a consacré pas moins de deux papiers l'an passé, si vous voulez en savoir plus... C'est édifiant et effrayant à la fois. D'autant que dans ces papiers, il n'est pas question des romans !
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J'ai donc poussé l'abnégation... et la curiosité jusqu'à lire un roman tout frais de James Patterson (et Howard Roughan), Œil pour œil, paru à l'Archipel et traduit par Sébastian Danchin. Aucun doute, l'homme sait y faire pour qui aime le genre. Alors voilà : Nick Daniels, grand reporter au prestigieux Citizen de new York, rentre juste d'une mission périlleuse au Darfour, quand il est convoqué pour l'interview exclusive d'un ex-champion de base-ball disparu des lignes depuis plus de dix ans après avoir provoqué un scandale à la fin de sa carrière. Impossible de refuser, l'occasion est trop belle. Notre ami Nick se rend donc au Lombardo's, le restaurant chic du moment, pour y retrouver sa "victime". C'est là que l'affaire s'emballe. Car son voisin de table est sauvagement énucléé (oui !) et assassiné à coup de scalpel par un individu qui s'en va bien tranquillement. On s'en doute, Nick Daniels est LE témoin gênant, mais il ne le sait pas encore. Avant de tomber sous les coups de son assassin, la victime a échangé quelques mots avec lui. Et ces mots-là, Nick les a enregistrés sans s'en rendre compte sur son magnétophone numérique. A partir de ce moment-là, il n'aura plus une seconde de répit, car on veut sa peau. Qui ? Mystère et conjectures, fausses pistes et traquenards, courses poursuites échevelés, y compris sur le toit d'un train. Ne manquent que l'histoire d'amour, la petite nièce aveugle mise en danger par l'imprudence de fou de son oncle : vous l'avez compris, même cela ne manque pas.
Inutile de faire l'exégèse du style de James Patterson, la question n'est pas là. C'est écrit simplement, les chapitres sont ultra-courts et obéissent presque systématiquement à la bonne vieille règle du "un rebondissement par chapitre". On a droit à quelques traits d'humour qui laissent perplexes, et pourtant vous savez à quel point j'aime les traits d'humour... Les personnages sont vite brossés sur le plan psychologique, les méchants sont vraiment méchants, les gentils... pas toujours aussi gentils qu'ils le paraissent, parce que quand même, il faut du suspense. Le héros est un vrai héros, même s'il a ses faiblesses - il est amoureux de sa patronne fiancée à un milliardaire, on n'a pas idée... Qu'on se rassure, ça se terminera bien ! Le diable étant dans les détails, Patterson lui met dans les mains un Iphone, sa fiancée porte du Chanel, ses ennemis des costumes italiens, il connaît le groupe Kiss, et même le nom de leur bassiste. Bref, ça ressemble à du Harlequin survitaminé, ça se lit tout aussi vite... mais ça n'en est pas : il y a des morts, de la violence, beaucoup d'action, du rythme. Bref, ça fonctionne. Et  à peine a-t-on fermé le livre qu'on l'a oublié. Ce dont James Patterson se fiche éperdument puisqu'il en a déjà écrit cinq autres depuis...
Alors, oui ou non, faut-il lire James Patterson ? Eh bien, ça dépend. Si vous avez un long trajet en avion et le besoin de vous vider la tête sans vous la prendre, eh bien oui, cent fois oui. Sinon, à vrai dire…

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