7 janvier 2012

Et si on éteignait la télé pour bien commencer l'année

Je suis furax contre Télérama qui vantait les mérites de l'adaptation du roman de Gilda Piersanti passée hier soir à 20h30. Comment peut-on trouver des qualités à ce téléfilm banal qui de plus a complètement dénaturé le contenu du roman. Tous les poncifs ou presque y sont passés (flic grognon, seconds débiles, fliquette sexy...). Nos scénaristes n'auraient-ils plus assez d'imagination pour créer quelque chose de nouveau sans avoir besoin de triturer ce qui est déjà sur le papier?
Quel dommage de ne pas avoir suivi le texte en nous faisant découvrir une Italie encore sous le choc des années de plomb et si comme il paraît l'auteur n'a pas renié cette adaptation je suppute que le montant des droits d'auteur doit y être pour quelque chose. Le roman était un hymne à une ville grouillante et colorée, peuplée de personnages hauts en couleur, encore sous le choc des années de plomb. Alors que le téléfilm est situé dans un Paris bien ordinaire à peine esquissé. Côté dialogue c'est encore pire. On dirait un devoir de première année à l'école du cinéma. Le personnage de la paraplégique interprété par une Birkin muette qui pour une fois ne nous a pas rebattu les oreilles avec son accent forcé tient a peu près la route mais Chesnais ferait bien de quitter la scène tant qu'il est encore temps car il ne sait plus qu'interpréter des ronchons un poil snobs qui finissent par lasser même les fans. Décidément cet Hiver rouge était franchement gris... et en plus il est possible qu'il y ait bientôt une suite à l'adaptation de la tétralogie de Gilda Piersanti*. Souhaitons que Gilda reprenne la main sur cette affaire et que les futurs scénarios soit plus proches des romans qu'il faut absolument lire si vous n'en avez pas encore eu l'occasion.

*Découvrez l'interview et la chronique que le Blog du polar lui a consacrés en 2011

Je profite de cette chronique pour évoquer le principe des adaptations de tout poil qui sont bien loin de valoir un triple A bien à la mode ces derniers temps. Parmi les réalisateurs au savoir immense qui font mon admiration, Tavernier est en tête de liste et c'est en regardant le DVD de Dans la Brume électrique d'après James Lee Burke que j'ai eu l'impression de comprendre ce que mettre en scène veut dire. On y découvre un réalisateur original et extrêmement savant qui suit pourtant fidèlement le texte en épurant bien sûr, pour des questions de timing. Le résultat est formidable. Rien à jeter, le film est dense et réussit à transmettre au spectateur l'ambiance si particulière des romans de Burke. A côté de cela on assiste même de l'autre côté de l'Atlantique à des adaptations bâclées, racoleuses et sans aucun intérêt. Je pense par exemple au film Les trois procnains jours avec Russell Crowe, remake à l'américaine de Pour Elle avec Vincent Lindon, qui fut pourtant une réussite à laquelle il n'y avait rien à ajouter. Imaginez si quelque professionnel de la profession se mettait à refaire tous les Hitchcock. Il y a eu effectivement quelques vélléités malfaisantes qui se sont soldées par des échecs cuisants. C'est à nous, spectateurs attentifs, et aux critiques professionnels passionnés, de mettre nos grains de sable dans la machine et d'enrayer le processus. Alors commençons donc cette année en boudant les opérations purement commerciales, en zappant les téléfilms racoleurs et peut-être que le cinéma noir retrouvera une créativité, car les grands auteurs vieillissent, eux aussi...

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