
C'est évidemment le chef d’œuvre de Chabrol qui a retenu notre attention. Un film puissant et efficace, portrait d'une avorteuse, maquerelle à ses heures qui a eu la malchance de vivre pendant l'occupation allemande, à une époque où les valeurs morales populistes la plaçaient au rang d'honneur de l'incarnation du mal. Basé sur la vie de Marie-Louise Giraud, ce film est construit en deux parties distinctes et inégales. Autant la description psychologique et l'évolution du personnage incarné par Huppert sont traitées avec une minutie de détails qui frise à la perfection, autant la partie liée à l'emprisonnement et au procès est plutôt esquissée. N'ayant pas vu ce film à l'époque de sa sortie j'aurais espéré une plus grande charge contre la France de Pétain et son fameux travail-famille-patrie qui repointe périodiquement le bout de son nez même si les mots ne sont pas exactement les mêmes. D'ailleurs cet épisode tragique de la triste vie de l'héroïne du film est plus courte que la mise en place des évènements qui la conduiront à l'échafaud sur la dénonciation d'un mari outragé, brisé, martyrisé et finalement pétainisé, joué par François Cluzet qui n'avait pas encore trouvé son public mais chez qui on sentait pointer un acteur de grand talent. A noter aussi la présence de la regrettée Marie Trintigant en prostituée plus vraie que nature dans une France nageant en eaux troubles entre les uniformes vert-de-gris et les costards noirs à rayures. Marie Bunel, en douce voisine désireuse de faire passer un moment d'égarement et Dominique Blanc en mère de famille éplorée qui perd la vie en voulant avorter. Chabrol signe avec ce film un chef d’œuvre à la gloire d'Isabelle Huppert déjà à l'honneur sous la baguette du maître en 78 avec Violette Nozière. Elle trouve ici un nouveau rôle à la mesure de son talent. Et comme le faisait remarquer Taddeï dans sa mini interview à la fin du film, en incarnant un personnage repoussant avec un visage d'ange d'une rare beauté.
Fred
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