Dave Robicheaux est devenu avec les années un personnage incontournable des amateurs de polars. Un authentique dur à cuire sorti tout droit des marais de Louisiane, flic local mal dégrossi, traumatisé par le Vietnam et alcoolique repenti. Héros biblique, victime de tous les maux de la terre, perdant ainsi ses deux femmes, faisant souvent lui-même les frais de la justice et ne manquant pas de recevoir une bonne raclée au moins une fois par épisode.
Et pourtant malgré cette description peu accorte qui serait plutôt l'apanage des romans de gare on ne peut manquer de s'attacher à ce personnage, gros cœur et poigne d'acier, qui plait à un public anglo-saxon qui continue de lorgner du côté des westerns et de ses héros manichéens. Alors comment se fait-il que les lecteurs du vieux continent ne sont pas insensibles à ces polars pour souleveurs de fonte? La réponse s'impose comme une évidence dès la lecture des premières pages d'un de ses romans: c'est entièrement dû au talent de son auteur car James Lee Burke est avant tout un grand bonhomme de la littérature policière, faisant preuve dans ses textes d'une culture avérée et de qualités littéraires indéniables. Mêlant une vision romantique du sud des États-Unis décrite avec moults détails de la faune et de la flore avec un réalisme politique et social qui frise l'étude ethnographique et donne envie d'en savoir plus sur cet état qui a autrefois connu la culture française et qui est aujourd'hui la proie de rapaces qui pillent sans vergogne ses ressources. Burke est un technicien textuel. Il manie avec dextérité un récit noir stéréotypé qu'il détourne pour titiller les neurones de ses lecteurs qui du coup ont envie d'en savoir plus. Pourtant les choses n'ont pas beaucoup évolué depuis le temps que James Lee Burke appuie là où cela fait mal. Le romancier d'une famille d'origine irlandaise, croyant et pratiquant comme beaucoup de ses concitoyens, ne manque jamais l'occasion de s'impliquer activement dans la vie chaotique de son pays et de soulager les malheurs de ses habitants surtout depuis le passage de Katrina qui a achevé le travail de destruction déjà bien avancé par les compagnies pétrolières. A ce sujet Bertrand Tavernier racontait dans une interview pour La Croix en 2009 que Burke aurait même changé de paroisse parce que le prêtre de son église avait justifié la guerre en Irak, ce qui en dit long sur ses convictions. Aujourd'hui il partage sa vie entre la Louisiane et le Montana où il passe dorénavant la plupart de son temps. Espérons qu'il garde un pied en Louisiane dont il s'est fait l'un des grands avocats depuis des années.
Bonsoir,
RépondreSupprimerJe trouve votre description de Dave Robicheaux totalement à côté de la plaque... Il n'est certainement pas "mal dégrossi" -bien au contraire-, et les romans de J. Lee Burke ne sont en aucun cas des "polars pour souleveurs de fonte" ; si tant est que les souleveurs de fonte lisent des polars. Le style de J. Lee Burke est régulièrement comparé à celui de Faulkner. Sa renommée vient essentielement de là : un style qui dépasse les frontières et les habitudes du genre. En rien "stéréotypé"...
Bien à vous,
nc