27 février 2012

Lee Child, "Elle savait". Mon week-end avec Jack Reacher

Je vais vous avouer une chose : de temps en temps, ça fait du bien de se retrouver en terrain connu. Avec Lee Child et son Jack Reacher, on est à peu près certain de s'offrir quelques heures d'enquête haletante et d'action superbement orchestrée en compagnie d'un drôle de type, un géant vagabond, solitaire et pas bavard, mais sacrément attachant. Il lui en arrive de belles, à Jack. Il est là, tranquille, dans le métro new yorkais. Quand son attention est attirée par une passagère qui, en plein été, porte une doudoune noire. Tout de suite, Reacher fait jouer ses réflexes d'ex-major de l'armée américaine : cette femme présente à peu près les onze caractéristiques de la terroriste sur le point d'agir telles qu'elles ont été définies par le Mossad.
Un habillement inapproprié, une démarche de type robot, irritabilité, transpiration, comportement nerveux, respiration haletante, regard fixe droit devant, prières marmonnées, grand sac, les mains dans le sac... Reacher obéit immédiatement au bon vieux précepte : "Si tu vois quoi que ce soit de suspect, dis quelque chose." Et là, la femme est plus que suspecte. Mais dans une rame de métro, en pleine nuit, à qui parler ? Eh bien le choix est vite fait : Reacher s'approche de la femme, lui parle, la questionne... et la suspecte se tire derechef une balle dans la tête... Reacher, choqué, commence par culpabiliser, puis réfléchit. Et quand il réfléchit, ça va très vite. Il va remonter la piste jusqu'à un homme politique en vue qui a sans doute quelque chose à cacher. Quelque chose de gênant, si l'on en croit la horde de gros bras qui va bientôt se lancer aux trousses de Reacher. Et pour tout arranger, cherchez la femme : la suicidée du métro, une policière, le jour de sa mort, venait voir une de ses amies à New York, une très belle Ukrainienne qu'elle aidait à retrouver un homme issu du passé de sa mère. Très romantique... Trop romantique, à vrai dire ! Lisez, vous verrez bien : Lee Child n'est pas devenu sentimental.

On le voit, ça part fort... Et le talent de Lee Child est intact : dès les premières lignes, on est accroché comme un poisson à l'hameçon, et pas prêt de lâcher l'appât. Child a un style et un savoir faire incroyables. Chez d'autres, les descriptions sont fastidieuses (comme dirait Elmore Leonard). Avec Lee Child, on est tout de suite au cinéma, mieux encore, littéralement immergé dans l'action, et pas besoin de 3D : le style de Lee Child et notre imagination dament le pion aux plus belles technologies ! Comment fait-il ? Cela faisait longtemps que je n'avais pas cédé avec délices à ce plaisir incomparable : entrer dans le jeu tout de suite, sans se poser de questions, se laisser entraîner, découvrir avec effroi les sombres complots qui ne manquent pas de s'accumuler, se faire retourner par le brio d'un auteur styliste servi par une traduction aux petits oignons, bref, passer un long week-end avec Jack Reacher. Et ce n'est pas de tout repos...

Lee Child, Elle savait, collection "Robert Pépin présente", Calmann-Lévy, traduit de l'anglais par William Olivier Desmond

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