Vendredi soir, temps gris, pas de sortie. Pas non plus de pioche aléatoire dans la vidéothèque, car l'après-midi même j'ai enfin réussi à trouver un film que je cherchais depuis longtemps, Seule dans la nuit avec Audrey Hepburn. Entre film noir et thriller d'épouvante, cette adaptation d'une pièce de théâtre commence gentiment et se termine en apocalypse sanguinolente. Audrey est remarquable et totalement craquante en aveugle à la fois vulnérable et forte dans les moments clés. Trois truands essaient de retrouver une poupée remplie de drogue qui a échoué par hasard chez un photographe dont la femme n'est autre qu'Audrey Hepburn. Profitant de l'absence du mari, ils montent une manipulation complexe et machiavélique pour amener l'héroïne à leur rendre leur bien mal acquis.
Mais l'objet en question a disparu. Peut-être subtilisé par une gamine turbulente qui habite l'appartement au-dessus. Le metteur en scène, respectant le principe des pièces de théâtre, reste dans la fameuse règle de l'unité de lieu et de temps, avec une lente montée de puissance du suspense. Tout est dans les mouvements et les dialogues, avec une réalisation classique mais particulièrement soignée et efficace. J'imagine la réaction des spectateurs dans les années 60, habitués au thriller hitchcockien, et qui pourtant avec un propos du même ordre, se retrouvaient confrontés à un film intimiste où toute l'action est située dans un appartement en sous-sol d'un immeuble typiquement new-yorkais. En localisant l'action dans un espace clos parfaitement maîtrisé par le personnage de l'aveugle, Terence Young égalise les chances, alors qu'en général chez Hitchcock le héros part perdant et s'en sort avec une bonne part de chance. Audrey Hepburn, elle, ne devra son salut qu'à sa force de caractère et son sang-froid. Son handicap devenant un atout lorsque l'obscurité se fait dans l'appartement dévasté. D'ailleurs, il est amusant de remarquer que le metteur en scène n'a pas hésité à faire jouer des scènes dans une obscurité totale, le spectateur accroché à son fauteuil devant un écran noir total avec juste des cris et un dialogue angoissant pour alimenter son imagination. Curieux que ce film pourtant formidable ne soit jamais diffusé à la télévision depuis des années, malgré la multitude de chaînes thématiques.
Seule dans la nuit, Réalisateur: Terence Young 1967, d'après une pièce de Frederick Knott
avec Audrey Hepburn, Alan Arkin, Richard Crenna, Efrem Zimbalist
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