17 avril 2012

Ken Bruen, Toxic Blues : deuxième épisode de la série Jack Taylor

Je vous avais promis un feuilleton, et, je le concède, j'ai un peu tardé avant de vous livrer ce numéro 2. Si vous ne vous rappelez plus le début, vous pouvez allez voir la chronique de Delirium Tremens, le bien nommé... A la fin de ce roman, Jack Taylor, ex-flic de la garda irlandaise et détective privé improvisé, se retrouve avec un petit capital et un billet pour Londres, où il rêve de s'installer dans un appartement du quartier de Bayswater. Au début de Toxic Blues, il est de retour à Galway, après une période londonienne passée dans un gourbi de Ladbroke Grove, et un mariage avec Kiki la métaphysicienne. Le retour ne se fait pas en fanfare, Kiki est restée à Londres, et il ne reste plus grand-chose du petit capital. Mais comme Jack a du bol, si on peut dire, à peine arrivé au bercail, on lui propose un job et une maison par la même occasion.
Qui est donc ce bon génie ? Eh bien il s'appelle Sweeper, et il appartient à la communauté des tinkers, ce groupe de nomades, ni rom, ni gitans, qui sillonnent l'Irlande et que le bon peuple sédentaire a bien du mal à accepter. Les tinkers de Galway ont un gros problème : quelqu'un s'amuse à les éliminer un par un de façon particulièrement violente. Sweeper a besoin d'aide, et c'est Jack Taylor qu'il va charger de mener l'enquête. Quelle idée... Taylor n'a pas changé, il est accro à la coke, apprécie une bonne pinte, voire dix, et encore plus le poitin, cet alcool dévorant qui donne des cauchemars inoubliables. Il n'a pas mauvais fond, remarquez, mais il a son caractère. Et aussi une fâcheuse propension à se faire casser la figure, dents comprises. L'enquête de Jack avance, et s'arrête net sur un sale type, un Anglais censé faire dans le social et aider les désintégrés à s'intégrer. Jack en est sûr, c'est lui l'ordure qui élimine les tinkers un par un... Et c'est vrai que l'Anglais est franchement antipathique, voire effrayant... Jack veut sa peau, et il fait tout ce qu'il faut pour réussir.
En parallèle, on aura droit à une visite éclair de Kiki, à peine arrivée déjà repartie. A l'accouchement de Cathy, la femme de Jeff, l'ami de toujours. Et à la résolution express d'une sombre affaire de cygnes décapités. Bref, on n'a pas une minute à soi quand on lit du Ken Bruen,surtout que son écriture est totalement addictive, aussi addictive que les substances dont Taylor se bourre à longueur de romans. Ce qui se passe avec les romans de Bruen, ce n'est pas qu'on lit, haletant, tournant les pages jusqu'à la résolution. Non, c'est plutôt qu'on passe son temps à regarder combien de pages il reste, tiraillé entre l'exultation incroyable de la lecture et la tristesse de constater que, bientôt, le livre sera fini. Dans Toxic Blues, le lecteur habitué à ce que la vérité triomphe, même si elle est horrible, pourra se trouver un brin désorienté. Car Taylor n'est pas un détective comme les autres, décidément. Il est même un brin... maladroit, et c'est un euphémisme. Comme dans ses autres romans,  Bruen est fidèle à sa légendaire générosité, puisqu'il partage avec nous ses voyages littéraires, de Pelecanos à  McBain en passant par Chester Himes, Lawrence Block, Paul Smith et Dylan Thomas. Allez, je vous offre un des exergues qui émaillent le roman :
"Agir, c'est être" - Platon. "Etre, c'est agir" - Socrate. "I did it my way..." Sinatra.
Ken Bruen, je vous aime.
Ken Bruen - Toxic Blues - traduit par Catherine Cheval et Marie Ploux, Folio policier

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