Pendant 167 minutes, on reste collé sur son siège en se demandant pourquoi Martin Scorsese a mis tant d'énergie dans cette fresque qui a failli lui coûter toutes ses économies ! Cette place où se côtoient "natifs" et émigrés, notamment irlandais, est en soi un personnage clé du film dont les décors auraient largement mérité Oscars et tutti quanti. Personnellement, je regrette que les personnages clés soient exclusivement représentés à travers leur caractère emblématique, en faisant abstraction de la psychologie pure qui est représentée uniquement par leurs actions. D'ailleurs, les dialogues ne sont pas très présents et on peut regretter que les causes profondes des événements ne soient traitées qu'à travers la violence de l'action. Il manque par exemple une analyse plus profonde de la psychologie des émigrants, qui dès leur débarquement du bateau, sont confrontés à un choix très simple : crever de faim dans une Amérique torturée par la guerre de Sécession, ou une conscription volontaire dans les armées de Lincoln, qui les conduit inéluctablement vers une fin tragique représentée par des alignements de cercueils sur les quais de New York. Curieusement, ce film n'a fait penser par sa thématique à Far and away (Horizons lointains) de Ron Howard, totalement différent par la forme et évoquant pourtant avec autant de conviction la misère des émigrés irlandais posant le pied sur le sol américain. Dix ans plus tôt, Tom Cruise et Nicole Kidman connaissaient comme Leonardo di Caprio et Cameron Diaz deux destins tragiques pour qui le rêve américain aura tout du cauchemar. En général, un film en entraînant un autre et ainsi de suite, j'ai très envie de revoir There will be blood, où là aussi Daniel Day Lewis fait preuve d'un talent d'acteur remarquable dans le rôle d'un personnage tout aussi halluciné et fascinant.
Humfred
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