18 mai 2012

Dans son dernier polar, Volte-Face, Michael Connelly dissèque le fonctionnement d'un procès pour meurtre

Après 12 heures d'une écoute assidue, les derniers mots du récent polar de Connelly ont enfin résonné dans le casque de mon lecteur Mp3. Rien à dire pour la réalisation de ce livre audio qui est réussie : ton et voix du conteur plutôt neutres et parfaitement adaptés au texte, petites musiques de transition entre les différentes parties, rythme de la diction séquencé en corrélation avec le style d'écriture à l'américaine, en phrases courtes.
En revanche du côté du texte on peut se demander pourquoi cet auteur habitué à des récits haletants s'est soudainement lancé dans un long roman technique de type "procedural". Il y a un petit côté Perry Mason dans ce polar de prétoire à effet de manches. En plus, pour corser le tout, il met en scène en même temps ses trois personnages récurrents : Mickey Haller l'avocat, Harry Bosch le flic taciturne et l'agent spéciale Rachel Walling, profileuse du FBI. Depuis les récentes affaires qui ont marqué l'actualité aux USA on en savait déjà un peu plus sur le fonctionnement de la justice mais là c'est à un cours magistral que nous avons droit avec les points de vue de l'accusation, de la défense, des témoins et bien sûr de l'accusé. Ajoutez les chapitres sur le déroulement de l'enquête et vous avez la totale. Le suspens est malgré tout au rendez-vous même si l'auteur fait appel à des rebondissement téléphonés qui sentent l'adaptation cinématographique. En tout cas cet épisode témoigne du savoir faire de Connelly qui a visiblement su mettre à profit une documentation très complète digne du journaliste d'investigation qu'il sait être à l'occasion. Depuis quelques romans on sent poindre une désillusion grandissante chez ce spécialiste du bestseller. Connelly aurait-il de moins en moins confiance dans les institutions de son pays ? En tout cas, contrairement à d'autres écrivains prolixes qui comme lui pondent leur bouquin année après année avec le même succès, il ne cherche pas forcement la bonne idée ou l'originalité du sujet au profit d'une analyse en profondeur des caractères. Un peu à la manière d'un Balzac avec sa Comédie humaine, il prend une catégorie sociale qu'il met en scène pour le meilleur mais surtout pour le pire, développant tous les aspects d'un pan d'une société américaine qui part en quenouille. Avec Volte-Face on est bien loin du rêve américain qui dans la bouche de Michael Connelly a tout du cauchemars et se termine dans la plus pure tradition des polars anglo-saxons avec un fin abrupte qui ouvre la porte à l'imagination du lecteur.
Fred
Volte-face, de Michael Connelly, traduit de l'américain par Robert Pépin, version papier chez Calmann-Lévy - Version audio disponible chez Audiolib

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