19 mai 2012

Un nouvel écrin audio pour La Maison de soie, d'Anthony Horowitz

Le roman sorti l'année dernière et aujourd'hui disponible au format audio chez Audiolib est un excellent bouquin d'aventures pour les transports en commun et les embouteillages. D'autant que l'interprétation que nous propose François Montagut est magique. Les spécialistes du polar ne sont pas sans savoir qu'Horowitz sévit depuis déjà des années dans l'écriture de scénarios de séries, et cela se sent dans son texte qui, du coup, est écrit pour être parlé.
Pourtant La maison de soie, de Anthony Horowitz, est à Sherlock Holmes ce que La petite maison dans la prairie est au western. Certes, l'enrobage est typiquement dans l'esprit des romans de Conan Doyle, mais le style et l'histoire sont à des années lumières de ce que les vrais Holmésiens considèrent comme le sommet de la littérature de détective du XIXe siècle. J'ai trouvé une solution pour remédier au problème. Munissez-vous d'un bon scanner et d'un logiciel de reconnaissance de caractères. Scannez toutes les pages du bouquin et, à l'aide de la fonction "Remplacer", virez systématiquement les mots "Sherlock Holmes", "Watson", "Lestrade" "Mycroft" et remplacez-les par qui vous voulez.
Ouf, enfin voilà, vous avez en mains un bon bouquin d'Anthony Horowitz, car il est indéniable que cet auteur est un as de la plume, mais que ce fut tout de même une drôle d'idée de lui confier l'héritage du détective à la loupe et à la drôle de casquette, même si les dialogues sont d'une fluidité inégalée en comparaison par exemple avec le Michael Connelly que je viens d'écouter et qui lui, s'avérait plutôt laborieux à cet égard. La maison de soie est une véritable pièce radiophonique, avec pile poil ce qu'il faut de descriptions pour mettre en scène les échanges entre les personnages, qui sont la clé du roman. Si on fait abstraction du fait que l'auteur utilise les noms de personnages qui font partie du patrimoine littéraire, et qui à mon goût ne sont pas forcément adaptés à l'histoire, on est en présence d'une excellente aventure complexe, avec de nombreuses ramifications qui font plus penser à Rudyard Kipling qu'à Conan Doyle. Les puristes du classicisme anglo-saxon du XIXe y retrouveront une formulation et des phrases longues et explicatives typiques d'une époque où, le cinéma et la télévision n'existant pas encore, tout était dans la description ultra-réaliste, voire parfois redondante lorsqu'Horowitz revient plusieurs fois sur certains faits ou lieux, pour bien nous les faire entrer dans le crâne. Non seulement  il utilise pratiquement tous les personnages des précédents romans de Conan Doyle, mais aussi le récit à tiroirs, imbriquant plusieurs histoires les unes dans les autres, racontées par les différents protagonistes au fur et à mesure de leur entrée dans l'histoire, procédé typique de Conan Doyle. Même chose avec la mise en danger du personnage du détective racontée par un Watson lyrique voire pleurnichard.
Au fait, j'ai oublié de vous dire : eh oui, le grand homme est mort pour de bon, et c'est même carrément explicité dès la préface. Watson, survivant du couple, nous livre la dernière et, aux dires du narrateur, plus terrible enquête du détective puisqu'elle implique des crimes perpétrés sur des enfants! Difficile tout de même d'entrer dans ce liminaire sans réserve, surtout depuis qu'une série télé mettant en scène un Sherlock Holmes contemporain incarné par Benedikt Cumberbatch nous a plongés dans un univers vraiment noir, peuplé de crimes odieux et de pervers abominables. On regrettera aussi la longueur du texte, alors que justement, ce qui fait le charme de Sherlock Holmes, ce sont ses histoires courtes, précises, chirurgicales. Sincèrement, je ne regrette pas de ne pas avoir lu le livre car je suis persuadé que je n'en aurais pas retiré autant de plaisir que celui que m'a donné cette version proposée par Audiolib, un régal pour les oreilles. Voilà peut-être même une idée à développer pour les éditeurs spécialisés : pourquoi ne pas faire écrire des textes spécifiquement pour être écoutés et les proposer ensuite en version papier ? Corny gag, isnt'it?
Fred
La maison de soie, de Anthony Horowitz, lu par François Montagut - version audio disponible chez Audiolib - version papier Calmann-Lévy - traduit de l'anglais par Michel Laporte

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