30 août 2012

Le léopard, de Jo Nesbo, Harry Hole en super-héros

Par quelle interjection commencer cette chronique ? Waouh !? Non, sûrement pas !? Brrrr ? Non, trop mou.. Shazzam... ? Oui, ça ça me plaît. Ça fait super-héros. Et justement, Harry Hole est un super-héros. Neurasthénique, certes, mais super-héros quand même. Dans Le léopard, notre Harry chéri échappe à la mort bon nombre de fois, et avec quel brio ! On pardonne à Jo Nesbo son côté "papa de Superman", car son Léopard est assez épastrouillant, ma foi. Alors voilà, l'inspecteur Harry Hole, d'Oslo, vous connaissez, bien sûr. Mais si, la quarantaine passée, le crâne chauve, la carrure impressionnante et la taille qui va avec, c'est à Hong Kong qu'il a choisi d'aller faire oublier sa carcasse après être venu à bout - mais à quel prix - du Bonhomme de neige, le serial killer qui a bien failli lui faire la peau dans le volume précédent, et qui en plus s'en est pris à Rakel, sa bien-aimée, et à Oleg, le fils de Rakel. A Hong Kong, Hole ne mène pas la grande vie. Came et jeu ont eu raison de ses économies, et puis de toute façon, le confort ça n'est pas son truc. Pire encore, il s'est mis à dos la pègre locale pour cause de dettes de jeu. Du coup, il est obligé de se planquer dans un lieu improbable et sordide. Pendant ce temps-là, à Oslo, la mort rôde. Et la police de la ville a dépêché la très belle et très sauvage inspectrice Kaja Solness jusqu'à Hong Kong, avec pour mission de ramener illico presto l'inspecteur Harry, le seul qui soit capable d'arrêter l'hécatombe. Kaja devra faire appel aux arguments les plus puissants pour convaincre Harry Hole de regagner son pays natal...
Home, sweet home ? Pas vraiment. A Oslo, les morts mystérieuses s'accumulent, et les méthodes choisies pour assassiner des personnes apparemment sans lien les unes avec les autres sont particulièrement mystérieuses... et gratinées. Les premières victimes meurent noyées, étouffées par leur propre sang après avoir fait l'objet d'un traitement soigné. Ajoutez à cela le fait qu'on met la Kripos, sorte de super-police, dans les pattes de la Brigade criminelle à laquelle appartient Hole, et finalement on le verrait bien retourner à son refuge asiatique... Trop tard, il a mordu à l'hameçon, il va même se battre bec et ongles pour s'approprier l'affaire et faire passer la Kripos pour une bande de joyeux amateurs.
Assez classique dans le genre "serial killer", Le léopard se distingue par une imagination débridée dans le modus operandi du criminel et ses motivations, des personnages particulièrement bien torchés, un Harry Hole plus désespéré que jamais et pourtant attaché plus qu'il ne croît à son métier de flic, confronté à la mort prochaine de son père, de plus en plus seul. Une Kaja Solness à la fois séduisante et inattendue, capable de comprendre Hole mieux qu'il ne le voudrait. Et un sens de l'action et du rythme absolument époustouflant. Retournements, coups bas, trahisons, filatures, bagarres, situations extrêmes où Nesbo exploite à merveille l'élément qui est le sien, la neige, sa blancheur et ses avalanches, inventivité délirante quand il s'agit de tirer ses héros des situations les plus désespérées tout en leur infligeant des blessures effrayantes... L'auteur ne laisse pas son lecteur respirer, et les 850 pages du Léopard filent aussi vite que l'animal du titre. A peine a-t-on le temps de trouver que quand même, il est presque trop fort ce Harry Hole! Et de lui souhaiter de retrouver un peu de paix auprès de Rakel et d'Oleg.

Jo Nesbo, Le léopard, traduit du norvégien par Alex Fouillet, Gallimard - Egalement disponible en Folio policier

1 commentaire:

  1. Je le classe dans les anti-héros, ce Hole, mais en effet, c'est un super anti-héro, ou un anti super héro!! Une évidence, on ne s'ennuit pas à lire Le léopard, de loin le meilleur Nesbo de ceux que j'ai lu jusqu'à présent, mais il me reste encore Le bonhomme de neige, qui semble aussi très ébourriffant!

    RépondreSupprimer

Articles récents