23 janvier 2013

Peter Guttridge remet le couvert avec "Le dernier roi de Brighton"... et on aime ça

Eh bien M. Guttridge, vous faites fort. Je n'ai pas eu plus tôt tourné la dernière page de Promenade du crime que, faisant fi de ma très haute PAL, j'attaquais la suite, Le dernier roi de Brighton, parue en français il y a quelques jours. Le roman commence par un prologue, description détaillée de l'empalement d'un homme tout vif qui remue vraiment les tripes... D'autant plus surprenant que dans Promenade du crime, la violence, présente, était néanmoins relativement discrète. C'est que les Barbares sont aux portes de Brighton...Et tout à coup, sans crier gare, Guttridge nous téléporte dans les années 60.
Et nous met tout de suite dans l'ambiance avec la célèbre attaque du train postal Glasgow-Londres, le 8 août 1963. 2,6 millions de livres en billets non marqués, pas mal... Quelques jours plus tard, nous retrouvons Hathaway, celui-là même qui dans le roman précédent faisait figure de chef de la pègre à Brighton. Pour l'heure, John Hathaway sort tout juste de l'adolescence, et il joue de la guitare dans un groupe, les Avalons. Les Avalons se produisent un peu partout à Brighton. Non qu'ils soient particulièrement talentueux, mais le papa du guitariste est un homme disons... influent en ville ! Influent mais impitoyable, Hathaway senior passe des vacances bien méritées en Espagne en compagnie de son épouse. Il a laissé la luxueuse habitation de Brighton à son fiston, sous la haute surveillance de Reilly, un ancien militaire, un dur, un vrai. Ambiance sonore : Beatles, Stones, Animals. C'est la grande époque des affrontements entre mods et rockers à Brighton, qui seront immortalisés dans Quadrophenia, le film controversé tourné en 1979 par Franc Roddam et inspiré par l'opéra rock des Who, où l'on verra apparaître un Sting tout jeune dans un rôle de mod particulièrement agressif.
Revenons à Hathaway senior, qui a de l'éducation une vision bien particulière, et de l'orientation professionnelle une idée toute personnelle. Pour faire comprendre à son fils que la musique, c'est bien gentil, mais qu'il a un boulot qui l'attend, il ne trouve rien de mieux que de le priver des deux premières femmes de sa vie, usant pour ce faire de méthodes franchement déplaisantes. Le roman est en grande partie l'histoire de la vie de John Hathaway, ex-musicos et futur caïd, celle de son inexorable ascension, du sens moral bien spécial qui lui sert de guide, de l'effacement rapide et total des valeurs qui étaient les siennes, bref, de la transformation spectaculaire d'un ado musicien en un chef de gang brutal et cynique à qui il ne reste guère qu'un talon d'Achille secret... Toute cette partie qui couvre la période 1963-1970 est divisée en chapitres courts qui portent chacun le titre d'une chanson marquante de l'année où se déroule l'histoire : personne ne vous empêche de vous concocter une petite compilation, je vous ai mâché le travail en fin d'article...

Retour à la période actuelle : Hathaway règne toujours à Brighton, nous le savons depuis le roman précédent. Dans cette deuxième partie, nous retrouvons tous les protagonistes de Promenade du crime, un peu après l'affaire Milldean. La police est sur les dents, suite au meurtre abominable, celui auquel on a assisté dans les premières  pages du livre. Les Barbares sont là. Ces gens ne respectent aucune tradition, aucune règle, aucun code de l'honneur. Ils veulent le pouvoir, et ils le veulent maintenant. Ils sont prêts à tout, et bien au-delà, pour l'obtenir. Comment la pègre brightonienne va-t-elle se comporter face à l'inconnu venu de l'Est? Qu'est devenue cette ville, qu'est devenu le monde ? Et puis surtout, le pire est-il jamais sûr? Ne comptez pas sur Peter Guttridge pour vous donner toutes les réponses. Ce n'est pas son genre, et puis vous savez bien que c'est une trilogie! En revanche, comptez sur lui pour vous offrir une nuit blanche, un week-end sans bouger, de la musique plein la tête, une drôle de nostalgie dans l'air, à peine voilée d'un soupçon d'inquiétude...

Peter Guttridge, Le dernier roi de Brighton, éditions du Rouergue

La playlist de la première partie:
Johnny, Remember Me - John Leyton
Devil in Disguise - Elvis Presley
You Really Got Me - Kinks
Rebel Rouser - Duane Eddy
Get Off of My Cloud - Rolling Stones
Time is on My Side - Rolling Stones
Paint it Black - Rolling Stones
Season of the Witch - Donovan
I'm a Believer - Monkees
Happiness is a Warm Gun - Beatles
Albatross - Fleetwood Mac
The Man Who Sold the World - David Bowie

1 commentaire:

  1. Merci pour cet avis !
    J'avais lu à sa sortie et beaucoup aimé "Promenade du crime", et je vais enfin m'attaquer à la suite, que j'attendais avec impatience.
    Ton opinion ne fait que me donner plus envie encore de m'y plonger... d'ailleurs, j'y vais de ce pas !
    Cannibalement,
    Bookfalo Kill, des Cannibales Lecteurs

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