Carlo Lucarelli et Loriano Macchiavelli |
Carlo Lucarelli :"Nous sommes toujours très bien accueillis en France, car nous faisons partie, avec les Espagnols et les Français, de la littérature noire méditerranéenne. Cette proximité s'explique sans doute parce que nous avons tous une approche plutôt politique.Nous écrivons sur les dérives de la mafia, sur les scandales financiers. Nous essayons de dépeindre la société telle qu'elle est. J'écris sur Bologue, que je considère comme une espèce de symbole totalitaire. Beaucoup de mes romans sont aussi ancrés dans le passé, y compris le passé colonial de l'Italie."
Loriano Macchiavelli : "J'écris sur la même région, les Appenins, entre l'Emilie et la Toscane, mais mes histoires se passent dans des villages de montagne. J'écris sur le passage du temps, j'ai une approche plus historique, je retrace l'histoire des familles, de leurs secrets, je raconte comment elles évoluent, et j'évoque les conséquences du passé sur le présent."
Carlo Lucarelli : "Je suis un auteur urbain, de la ville de Bologne, qui contrairement à ce qu'on croit, n'est pas économiquement si évoluée. La Bologne que je raconte, c'est la Bologne souterraine, avec les ramifications politiques de cette métropole. Mes personnages sont imaginaires, mais les faits que je dénonce sont réels. Sous la Bologne touristique, il y a l'envers du décor, avec des personnages un peu déjantés, dangereux. Il y a aussi beaucoup de personnages normaux en apparence, mais beaucoup moins en profondeur."
Loriano Macchiavelli : "Nous sommes plus politiques que dans la littérature anglo-saxonne. Nous sommes très proches de quelqu'un comme Massimo Carlotto. Nous préférons écrire sur la politique, le pays, la ville et la société plutôt que sur des serial killers."
Carlo Lucarelli, né en 1960 à Parme, est romancier bien sûr, mais également journaliste, scénariste et animateur.Sur sa ville de Bologne, voici ce qu'il disait dans le documentaire "Polar et pasta": "Bologne est la ville par excellence du roman noir. Elle a à son actif une longue histoire criminelle, de l’attentat perpétré à la gare centrale qui fit 85 morts en 1980 à la bande de l’« Uno Bianco », ces policiers auteurs de hold-up qui agissaient en véritables gangsters." Plutôt spécialiste du thriller psychologique, il publiait néanmoins en 2010 La huitième vibration (Métailié). Un style plutôt atypique pour lui, puisqu'il s'agit d'un véritable roman d'aventures historique situé en Afrique, en Erythrée plus précisément. En 1896, un corps expéditionnaire italien débarque dans ce qui est encore une colonie italienne. La rencontre entre les soldats, de toutes origines géographiques et sociales, et la population locale, va provoquer des étincelles, mais aussi des rencontres extraordinaires, des amours et des convoitises. Lucarelli a également été un des premiers à donner vie à une enquêtrice féminine, Grazia Negro.
Quant à Loriano Macchiavelli, né à Vergato en 1934, il a commencé avec le théâtre, en tant qu'acteur mais aussi en tant qu'auteur. C'est en 1974 qu'il crée son premier personnage de roman policier, le sergent Sarti Antonio. Il nous offrait en 1998 Macaroni (Gallimard) un roman écrit à 4 mains avec Francesco Guccini, situé dans un petit village des Apennins. L'action se passe en 1938, et même les fascistes n'osent pas s'aventurer dans ce lieu isolé et sauvage. Un lieu bientôt perturbé par une série de meurtres, dont on ne va pas tarder à découvrir qu'ils sont la conséquence d'un événement qui a eu lieu en 1884. Le roman est pour les auteurs l'occasion d'évoquer la vie des "Macaroni", ces ritals qui subissaient alors en France le sort peu enviable des travailleurs immigrés méprisés de tous.
Nous reviendrons bientôt plus en détails sur ces deux romans.
Loriano Macchiavelli, et Francesco Guccini, Macaroni, Gallimard, traduit de l'italien par Arlette Lauterbach
Carlo Lucarelli, La huitième vibration, Métailié, traduit de l'italien par Serge Quadruppani
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