Dans ce roman, James Lee Burke mélange bizarrement beaucoup d'ingrédients criminels et moraux, ce qui pourra surprendre un lecteur habitué à son style plutôt direct. Il y est question de meurtre raciste, de traffic avec des courants islamistes lointains, de tueur obsessionnel, de viols et bien sûr de vengeance sur fond de mafioso repenti. Ce qui fait peut-être un peu trop pour une histoire qui du coup devient par moment instable, avec des rebondissements téléphonés qui n'apportent que peu d'intérêt au récit. Mais le plus surprenant, c'est cette fin sur les chapeaux de roues, et pour cause puisqu'elle se déroule dans une voiture, à peine une vingtaine de pages dans laquelle Robicheaux n'a même pas son "bon mot" à dire.
Le roman noir, encore plus que la littérature dite blanche, nécessite un découpage rigoureux de l'intrigue avec un équilibre entre les différentes parties qui mènent le lecteur jusqu'à l'extase du dénouement. Ici le petit suspens bâclé de la fin est d'autant plus surprenant qu'il sort du traitement de texte d'un vieux briscard comme Burke, pour qui le polar n'a probablement plus aucun secret. Soit il a mal calculé son découpage en accordant trop de pages à certaines scènes redondantes, soit il a accordé trop de place à des personnages annexes, soit son éditeur lui a annoncé à la dernière minute qu'il le privait d'une bonne cinquantaine de pages. Résultat: on a droit à un final à l'emporte-pièce qui n'est pas dans les habitudes de cet auteur que je considérais comme un poète du .45 et qui du coup a perdu un peu de son aura. Mais comme je ne lis ses polars que dans leur version poche, je ne sais pas encore jusqu'où il est allé dans cet égarement avec son roman suivant, que je me ferai tout de même un plaisir de lire dès sa sortie en format économique. Fred
James Lee Burke, La nuit la plus longue, traduit de l'américain par Christophe Mercier, Rivages/Noir
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