28 novembre 2023

Magdalena Parys, Le Prince : un roman qui explose les genres, du thriller au roman historique et politique

 

Déjà avec Le Magicien, paru en 2019 (voir chronique ici ) Magdalena Parys avait fait la preuve d'une rare capacité à évoquer une réalité politique et historique tout en construisant une intrigue digne des thrillers les plus efficaces. Avec Le Prince, elle confirme ce talent haut-la-main. L'autrice polonaise qui vit à Berlin a choisi, cette fois, de nous entraîner sur les traces du Prince, un leader nationaliste à l'identité bien cachée. Le roman nous met d'emblée dans l'ambiance. 

Nous sommes le 14 mai, dans la banlieue de Berlin. Un groupe d'une vingtaine d'hommes, camouflés sous un uniforme de la Bundeswehr, vient de mettre le feu à un lotissement où logent des immigrés. A la tête de l'opération, un homme prénommé Max. Félicité pour son succès par un vieillard en uniforme de général... 


Le lendemain, Berlin est inondée, un immeuble historique vient de s'effondrer, le chef des pompiers demande aux habitants de ne pas bouger de chez eux. Il pleut des cordes depuis plus de 24 heures. Le prédicateur Karas brave les inondations : il a besoin de prier. C'est à la cathédrale Berliner Dom qu'il a ses habitudes. C'est donc là qu'il se rend. Et c'est là qu'il est confronté à une scène d'horreur : un homme est là, crucifié, coiffé d'une couronne d'épines, le corps supplicié. C'est un prêtre. Et c'est le deuxième à mourir crucifié à Berlin en un mois. Tschapieski, président de la police de Berlin, s'apprêtait à prendre sa retraite : il va devoir attendre. C'est ce que lui fait comprendre Paul, celui qu'il appelle le Blondinet, l'homme des services de renseignements à qui on ne peut rien refuser. Paul, l'amant de l'intrépide journaliste Dagmara Bosch, celle qui était impliquée déjà dans l'enquête du Magicien, l'affaire Derbach. Tout comme le commissaire Kowalski, qui n'est pas bien loin et qu'on retrouve père d'une petite fille...

Berliner Dom - Photo Ansgar Koreng, CC0, via Wikimedia Commons

On peut compter sur Magdalena Parys pour mettre en place, brique après brique, l'édifice de tous les mystères. A commencer par une grande question : qui est le Prince ? Qui se cache derrière celui qui, année après année, fomente sa vengeance, camoufle soigneusement son identité, organise la violence, la haine et le retour des idéologies les plus noires ? Qui est-il pour exercer ce pouvoir, pour mettre en danger le régime, pour semer la terreur dans la population ? Avec lui, le pire n'est jamais sûr et les efforts de Dagmara et Kowalski vont se heurter à une défense aussi redoutable que démente. L'enquête est difficile, les obstacles aussi nombreux qu'inattendus : Magdalena Parys multiplie les personnages et les intrigues secondaires qui pourront, éventuellement, prendre la première place quand ce sera le moment. 

L'histoire se déroule sur trois jours, trois jours pour sauver ce qui peut l'être. Chaque personnage va jouer son rôle, chacun va prendre ses risques et mettre en danger sa propre vie et celle de ses proches. Trois jours de chaos, de retournements de situation, un suspense parfaitement construit pour une histoire inspirée par des faits historiques réels, qui nous rappellent - et ce n'est pas inutile par les temps qui courent - que les vieux démons de l'histoire n'en finissent pas de revenir nous hanter... 

Magdalena Parys, Le Prince, traduit par Caroline Raszka-Dewez, Agullo éditions


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