24 avril 2011

7h58 ce samedi-là, de Sidney Lumet


Sidney Lumet est un habitué des hold-ups (Un après-midi de chien par exemple). Là encore, il s'agit d'un hold-up qui tourne au drame : une petite bijouterie familiale de la banlieue new-yorkaise est attaquée un samedi par une paire de bras cassés. Résultat : deux victimes, la propriétaire du magasin, une vieille dame en colère qui avant de tomber elle-même, réussit à flinguer son agresseur cagoulé. Triste, mais bon... la routine, pensez-vous ! Détrompez-vous : car l'un des deux gangsters (celui qui survit) n'est autre que le fils cadet de la bijoutière. Eh oui, ça se corse. Même si on connaît l'identité du (ou plutôt des) coupable(s) dès le début, ce film de Lumet, monté tout en flash-backs habilement conçus, promène le spectateur de surprise en surprise, jusqu'à un dénouement en paroxysme psychologique absolument bouleversant. La construction, qui chez un metteur en scène plus maladroit, aurait pu donner le tournis, est d'une efficacité redoutable car elle dévoile petit à petit une vérité tragique où drame familial et pouvoir de l'argent se disputent la vedette.

Des acteurs remarquables (Ethan Hawke, Philip Seymour Hoffmann, le formidable Albert Finney et la belle Marisa Tomei) donnent à une histoire déjà puissante une force émotionnelle rare. Le film joue sur des relations familiales difficiles, les mensonges, les rancunes trop longtemps tues. Ethan Hawke, parfait en frère cadet complètement raté, fauché, lamentable ; Philip Seymour Hoffmann, hallucinant en frère aîné tellement enchaîné à sa belle situation sociale et à ses pulsions honteuses que pour les conserver, il en arrive à commettre le pire ; Albert Finney, un vieil acteur au sommet de son art en veuf désespéré et en père de famille qui n'a rien compris. Un grand film, qui n'a peut-être pas rencontré le public qu'il méritait.

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