24 avril 2011

The Ghost writer, de Roman Polanski

Un écrivain professionnel anglais (c'est-à-dire un "nègre"), décroche le jackpot, du moins c'est ce qu'il croît : réécrire la biographie de son ancien Premier ministre, commencée par un de ses confrères mort noyé, et qui promet d'être un monument d'ennui et de conformisme. La rémunération est plus qu'alléchante, seul "hic", il faut se déplacer sur une île américaine en Nouvelle Angleterre, là où réside l'ex-politicien avec sa femme et son équipe, car il n'est pas question que le précieux manuscrit quitte son coffre-fort. Notre écrivain, incarné par Ewan McGregor, ne résiste pas longtemps à la tentation et s'embarque le jour même pour cette mission sinon impossible (il n'a qu'un mois pour faire le travail), du moins difficile.
C'est au débarquement que commence l'angoisse... Car la résidence de l'ex Premier Ministre, M. Lang, s'apparente plus à Fort Knox qu'à un lieu de villégiature pour riche préretraité... La villa sur la plage ressemble à un rêve de Franck Lloyd Wright, bunker géométrique, couleurs froides, toiles contemporaines, immenses baies vitrées et probablement blindées donnant directement sur la dune et ses oyats. Pas de chance, en plus il fait un temps de chien. Il faut quelques jours à l'ami Ewan pour faire plus ou moins partie de la famille : il passe une nuit à l'hôtel, mais un scandale politique qui met en cause le héros de sa biographie l'oblige bientôt à s'installer dans la villa pour échapper aux hordes de journalistes qui assiègent l'île. A partir de ce moment, la mission devient un véritable cauchemar et le rythme s'accélère de façon spectaculaire. Ewan McGregor, bien qu'il s'en défende, se transforme bientôt en détective pour essayer d'élucider le mystère qui entoure de son prédécesseur, et le secret qu'il va découvrir bien malgré lui ne lui réussira guère.
Arrêtons là ce résumé, qui n'a pour but que de vous donner envie de filer au cinéma. Je crois bien avoir vu tous les films de Polanski, et après avoir laissé passer une nuit de réflexion, je persiste à dire qu'il est à la hauteur de Chinatown, qui fait partie de mon Panthéon cinématographique personnel. Tout est réussi dans Ghost Writer : la mise en scène dont le rythme très travaillé signe un savoir faire rare, les décors et les paysages (pour l'anecdote, toute la partie qui aurait dû se passer en Nouvelle Angleterre a en fait été tournée en Europe, et principalement en Allemagne), l'élégance de la direction d'acteurs, l'humour qui est loin d'être absent, la vision très noire de notre environnement politique, les acteurs eux-mêmes, à commencer par Ewan McGregor, absolument formidable, Pierce Brosnan, parfait en homme politique au sourire carnassier, Kim Cattral, la belle blonde qui joue l'assistante enamourée... et humiliée, Olivia Williams, l'épouse du politicien, tout en charme vénéneux et retenu...
The Ghost Writer, de Roman Polanski, d'après le roman de Robert Harris

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