Dominique Manotti est une auteure singulière dans le paysage du polar français. Historienne, militante, syndicaliste, ses livres ont toujours une connotation engagée.
Sombre sentier est pour elle, selon ses propres mots, le livre du "cette fois-ci ou jamais". Elle y évoque en effet une lutte à laquelle elle a participé en tant que syndicaliste, celle des sans-papiers du Sentier en 1980. Sombre histoire effectivement, que ce roman haletant où l’on trouvera, outre le milieu des sans-papiers qui lui sert de fil conducteur, du trafic de drogue, de la prostitution, de la pédophilie, de l’évasion fiscale et même du trafic d’armes et des "snuff movies". Le héros du livre, le commissaire Daquin, est un flic atypique, bisexuel, qui a pour indic et amant un Turc clandestin en lutte.
Entre le meurtre d’une jeune fille thaïlandaise victime d’un réseau de prostitution pédophile, celui d’une jeune femme trop intéressée par l’argent et qui se brûle les ailes en approchant de trop près l’innommable, le lecteur n’a vraiment pas le temps de s’ennuyer. Le style de Dominique Manotti, avec ses phrases sans verbe, comme essoufflées, contribue fortement à l’impression de rapidité, de brutalité dans l’enchaînement des événements. A tel point que j’avouerai m’être un peu lassée de cette écriture qui, à force de vouloir être déchaînée, donne parfois l’impression d’être un peu forcée. Un livre bien construit, un engagement qui attire la sympathie, mais au final, pas de coup de foudre. Avis tout personnel, évidemment !
Dominique Manotti, Sombre sentier, Points Seuil
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