24 avril 2011

Harlan Coben, "faute de preuves" ou faute de temps ?

La lecture du dernier Harlan Coben, Faute de preuves me donne l'occasion d'évoquer un phénomène particulier déjà entendu dans une émission de France Inter. Un écrivain américain dont je ne me souviens plus le nom argumentait que la littérature policière contemporaine n'était pas à son meilleur niveau. Le principal responsable de cette régression étant la virtuosité des scénaristes de séries télé (policières, sociales et autres). D'après lui nous vivions l'âge d'or du feuilleton au détriment du roman qui avait bien du mal à se hisser au même niveau de créativité. Ce nouveau roman me semble tout à fait dans cette logique. L'auteur, un technicien réputé pour son savoir faire en matière de polar, nous livre un scénario calibré façon série (Experts, Cold case et consorts) avec une structure caractéristique pour captiver le lecteur lambda. Formaté comme un "40 minutes" pour le petit écran, ce livre ne se permet aucune digression. Du coup, la psychologie des personnages est simplifiée au profit d'une histoire à rebondissements et personnages multiples qui bien que structurée autour d'une base solide n'en restera pas moins surfaite pour un amateur de roman policier de haut vol. Il y a un peu de déjà vu dans ce roman qui n'a pas la force d'un Ne le dis à personne, par exemple. En particulier une suite de fins plus invraisemblables les unes que les autres, lancées à la volée dans les trois derniers chapitres pour ne pas faire retomber le soufflé. Ce qui laisse à penser que l'auteur a probablement dû réduire le nombre de pages au dernier moment. Harlan serait-il devenu paresseux? Non, gageons qu'il s'agit plutôt d'un formatage éditorial imposé peut-être par le temps. C'est en tout cas ce que je préfère croire. Pour parler du sujet, ce roman intéressera tous ceux qui ne sont pas indifférents à Facebook, Twitter et aux fausses rumeurs et informations qui y circulent en toute liberté... voire même impunité. Une journaliste spécialisée dans la traque aux pédophiles sur internet, va-t-elle devoir réviser son jugement et ses méthodes de travail pour le moins hasardeuses? Voilà des questions auxquelles Harlan va répondre en nous lançant à la poursuite de deux cadavres introuvables: le criminel et sa victime. Bien sûr vous rencontrerez l'inévitable flic à deux doigts de la retraite qui ne veut pas partir sur un échec, les avocats plus retors que jamais et la famille de l'héroïne dans laquelle on notera la présence inhabituelle d'un beau-père biker qui ne manque pas de caractère et parle avec le langage de la rue. Au passage Harlan Coben règle quelques comptes avec les AA et fait la peau à la culpabilité ambiante qui inonde une Amérique en crise qu'il décrit sans mâcher ses mots. Faute de preuves est un livre basé comme il se doit pour un polar sur une vengeance froide et sophistiquée. 378 pages qui se lisent d'un coup, un verre de douze ans d'âge à la main, un soir de pleine lune!

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