24 avril 2011

Hugo Hamilton - Triste flic

L'Irlande n'est plus ce qu'elle était...
Pat Coyne, ex-flic, est en colère. Sa femme l'a plaqué pour un sale type, sa carrière a sombré un jour d'incendie, son fils Jimmy fume, et pas que du tabac, prend des substances diverses, picole et accumule les erreurs. En plus sa ville de Dublin n'est plus ce qu'elle était, les gangsters et les escrocs y font la loi, sans parler de l'Anchor Bar, son pub à lui, qui ne ressemble plus à rien. Tout fout le camp, à commencer par la danse irlandaise, et pour couronner le tout sa psy a des pieds de canard. Au début du livre, on retrouve un cadavre dans le port, celui d'un pauvre type, Tommy Nolan, battu à mort. Jimmy Coyne est un suspect parfait... c'est compter sans Pat Coyne, qui va se redécouvrir un instinct paternel puissant, et ne pas ménager sa peine pour sauver son fiston qui, s'il n'est pas malin, n'en est pas autant un assassin.

Hugo Hamilton a écrit son roman d'une traite, dirait-on : il n'y a pas de chapitres, des paragraphes qui se succèdent, d'adroits changements d'ambiance. Un vrai travail sur le style, avec une façon quasiment durassienne d'oublier les tirets et les guillemets dans les dialogues. Une pratique qui donne une vraie fluidité au texte, comme l'ont déjà observé Hervé Houdard et Sylvie Prioul dans L'art de la ponctuation. Des tours de force narratifs aussi, comme ce long passage où Hamilton fait un récit circonstancié du repas que prennent les protagonistes. A chaque fois, c'est l'occasion de mieux comprendre les personnages, et aussi de saisir sur le vif ce qu'est la vie à Dublin, avec la perte de repères que le brusque changement de cap des années 2000 a impulsé à l'économie irlandaise. Un conseil : choisissez un moment où vous avez du temps devant vous pour commencer votre lecture. Le style de Hamilton est fait pour s'apprécier sur la durée, c'est sur la longueur qu'il produit son effet, comme le bon whiskey!

L'extrait
"La dernière ligne de défense des faubourgs résidentiels. Tout le quartier s'était barricadé derrière ces cailloux. Des rues appeleées Tivoli, Adelaide et Villarea, Maritimo Terrace, Sefton et Grafton. Des villas dont le nom paraissait sorti d'un putain de poème de Yeats, dans le genre "Ben Bulben", "Lissadel". Mais où donc se croyaient les gens? Où était Phil Lynott Avenue ?"

Hugo Hamilton - Triste flic - Traduit de l'anglais par Katia Holmes - Points Seuil

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