24 avril 2011

L'univers carcéral à la loupe, Stephen King rencontre Franck Darabont

Nous avons revu pour la énième fois Les évadés avec Tim Robbins (remarquable) et Morgan Freeman (inspiré en monsieur je trouve tout). A chaque rediffusion je me laisse avoir et reste hypnotisé devant le petit écran car ce film de type "chronique carcérale", comme le dit si bien Télérama, fait partie des modèles du genre, bien ficelé et captivant avec des personnages attachants à souhait. Sauf que là c'était sur M6 et on eu droit à un paquet de pubs très irritantes car cette chaîne ne fait pas partie des privilégiées du service public. Pendant 145 minutes tout de même, Franck Darabont prend son temps pour nous montrer avec justesse les arcanes de la prison made in USA dans les années 60. Tout y passe: amitié, corruption, homosexualité, violence, crimes, suicide... Il fait preuve d'un savoir faire évident dans cette adaptation d'une longue nouvelle de Stephen King parue dans le recueil Différentes Saisons. Le scénario reste très proche du texte original qui est pourtant plus noir et moins humaniste, avec des dialogues crus sans concession. Stephen King aborde dans cette histoire le thème de l'incarcération de longue durée: outre Atlantique on peut ainsi cumuler sans problème plusieurs peines de prison à vie. Ce qui fait qu'un détenu accusé de meurtres multiples peut entrer en taule à l'âge de 17 ou 18 ans et en sortir les pieds devant passé 70 piges. L'auteur habitué au fantastique met de côté ses créatures démoniaques pour nous livrer une chronique réaliste écrite sous la forme d'un récit à la première personne. Red, le narrateur est interprété au cinéma par un Morgan Freeman au mieux de sa forme. Stephen King pointe aussi du doigt le système des remises de peine qui semble bien aléatoire et n'hésite pas à montrer que l'univers des prisons est non seulement impitoyable mais aussi en dehors de toute juridiction car matons et directeur ne se privent pas de filer des corrections aux détenus qui terminent parfois leur peine à l'infirmerie ou à la morgue. On retrouve tout cela dans le film qui est construit avec lenteur et conduit le spectateur vers la scène paroxystique de l'évasion de Andy s'échappant de la prison de Shawshank dans un conduit d'évacuation rempli des excréments des détenus. Une scène terrifiante destinée certainement à mettre l'accent sur la renaissance du héros qui se retrouve ainsi lavé de tous ses péchés qui resteront là-bas, au fond de cet égout puant. Dans le film la morale est sauve, les méchants punis et la fin heureuse alors que dans le livre le mystère reste entier quant à l'avenir de Red, le narrateur qui finit par sortir de prison à son tour. Il faut croire que nos amis américains sont comme les petits enfants qui ont peur du noir et ont bien du mal à supporter un film qui ne se termine pas bien !

Différentes Saisons - Stephen King - Albin Michel

Les évadés (1995) un film de Franck Darabont avec Tim Robbins et Morgan Freeman

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