L’auteur de ces polars, Matt Rees, est journaliste. Il a également fait des études de littérature à Oxford. Les deux fées tutélaires du journalisme et de l’écriture n’ont pas hésité une seconde à le gratifier du double don de narrateur/témoin et de styliste.
Le collaborateur de Bethléem
Dans ce roman, le premier d’une série, le héros s’appelle Omar Youssef, il enseigne l’histoire dans une école de jeunes filles, dans un camp de Bethléem. Dès les premières lignes, on est captivé par le portrait que dresse Matt Rees de la vie dans cette ville en proie à des conflits que nous autres Européens avons toujours du mal à concevoir. L’auteur, l’air de rien, fait oeuvre de pédagogue et nous montre une situation complexe, des personnages ambigus, des traîtres qui n’en sont pas, ou pas comme on croirait, des révolutionnaires corrompus, des victimes, des bourreaux, mais surtout des hommes désenchantés, sans repères, qui ne savent plus vers quel idéal se tourner, ni si tout cela vaut vraiment la peine. L’intrigue est inspirée d’une histoire vraie, et Matt Rees la raconte avec habileté et sensibilité. Il réussit le tour de force de raconter sans prendre parti, mais sans indifférence non plus. Son héros, un prof quinquagénaire fatigué, n’a rien d’un trompe-la-mort, et pourtant il défie tous les dangers pour essayer de sauver un de ses anciens étudiants. Beaucoup d’émotion, mais aussi beaucoup de réflexion à l’issue de cette lecture qui, mieux que beaucoup d’essais ou de reportages, réussit à faire mieux comprendre une situation politique, religieuse et humaine inextricable.
Une tombe à Gaza
Dans ce deuxième roman, l’auteur traite de la corruption qui mine la société palestinienne à "Gaza la maudite". Son détective Omar Youssef travaille maintenant pour l’ONU et est chargé de faire la lumière sur l’emprisonnement abusif d’un collègue qui a eu le malheur de dénoncer des ventes de faux diplômes qui permettent à des miliciens d’accéder à des postes clés dans l’administration. Mais ce roman est comme un semainier à multiples tiroirs qu’il va falloir ouvrir les uns après les autres, en allant de surprise en surprise, en découvrant les interactions entre milices et membres du gouvernement local. Ce texte touffu est plus difficile à lire que le précédent car il met en scène un nombre important de personnages dont l’identification n’est pas toujours aisée pour un lecteur non averti des us et coutumes de cette région extrêmement dangereuse, surtout lorsqu’on est étranger... A titre anecdotique, un des personnages principaux du roman s’appelle Magnus Wallender. Un nom qui doit vous rappeler quelque chose. Pour apprécier ce livre qui, aux dires des spécialistes, reflète fidèlement la réalité de cette région, mieux vaut avoir du temps devant soi et surtout ne pas être dérangé, sous peine de perdre le fil.
Ces deux livres sont disponibles en Livre de poche policier.
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