24 avril 2011

Patricia Cornwell à découper selon le pointillé

Au début des années 90, les livres de Patricia Cornwell connurent un succès retentissant car ils abordaient le roman policier sous un nouvel aspect en donnant la parole aux scientifiques, en l'occurrence, dans ce cas précis, aux médecins légistes.

Son personnage de Kay Scarpetta allait marquer les esprits et ce n'est pas le fruit du hasard si aujourd'hui la science a largement pris le relais de la déduction logique et de la présomption raisonnable jusque dans les séries télé qui sont toutes basées sur le même moule: le crime, les relevés d'indices et leurs traitements appropriés, les interrogatoires des suspects obtenus grâce à cette maudite science, surtout maudite par l'auteur du crime et enfin la désignation du coupable. 45 minutes pour les séries télé, 300 pages pour les romans et on peut passer à l'affaire suivante. Cette approche radicalement technique du polar est plutôt l'apanage des auteurs d'outre Atlantique car l'Europe de l'Italie à l'Islande reste fidèle à son enquêteur neurasthénique aux petites cellules grises agitées même si quelques écrivains se laissent aujourd'hui tenter par l'écueil du tout scientifique. Heureusement ils ne sont pas nombreux. L'autre point qui donne a penser qu'il y a vraiment un océan entre nos deux cultures c'est l'utilisation presque systématique du meurtrier en série dans ce type de roman. Un crime en entraine généralement un autre et ainsi de suite jusqu'à ce que l'assassin soit mis sous les verrous ou tout simplement flingué. Les cadavres s'empilent au fil des pages comme d'ailleurs dans le cas de ce livre qui, il faut bien l'avouer, est sacrément bien ficelé même si l'intrigue en elle-même n'a qu'une importance moyenne. C'est l'enchainement des faits qui tient le lecteur en haleine. Regrettons tout de même que la fin d'Une peine d'exception soit un peu hâtive, voire bâclée, comme si l'auteur avait épuisé son compte de lignes ne pouvant faire autrement que de laisser le lecteur dans l'expectative quant au devenir des personnages encore en vie à la dernière page. On y remarquera aussi certainement ce style made in USA qui consiste à agrémenter le récit de scènes de la vie quotidienne comme les repas en famille ou les coups de fils à sœurette ou mamie pour donner un côté "eux aussi sont comme vous, cher lecteur" dont on se passerait volontiers. En guise de conclusion, si comme moi vous êtes passé à côté de Patricia Cornwell lorsque ses polars ont vu le jour, ne ratez pas une occasion de vous replonger dans son univers glacial de salles carrelées qui fleure bon le formol. Affutez vos scalpels et laissez-vous guider par une Patricia au mieux de sa forme.
Une peine d'exception - Patricia Cornwell - Traduit par Gilles Berton - Livre de poche

1 commentaire:

  1. les deux premiers de ses romans étaient vraiment attrayant, haletant mais l'auteur est désormais lamentable !!
    Pacloue

    RépondreSupprimer

Articles récents