Lire l'article complet dans The Independent (en anglais)
Bonne question ! The Independent a voulu aller plus loin. Constat : l'industrie du livre s'est emparée de la mode des bandes annonces. Depuis 2010, le genre fait même l'objet de compétitions et de prix très courus, comme les Moby Awards. Question : qu'a-t-elle à y gagner ? Une étude menée par le New York Times en 2010 montrait que seulement 0,2% des lecteurs interrogés avaient découvert un livre à travers une vidéo en ligne. Décourageant, non ? Alors, que faire ? La réponse n'est pas simple : tout dépend de la bande annonce. Les éditeurs ne sont pas des professionnels de l'image : résultat, des vidéos souvent médiocrement scénarisées, pas très bien filmées. Et surtout deux défauts majeurs : certaines vidéos déflorent carrément l'intrigue, et presque toutes mettent un visage sur le héros du roman, ce qui n'est pas sans danger. Un cas typique : les bandes annonces des romans de Jo Nesbo, qui cumulent les deux défauts : contenir des "spoilers" et donner un visage à Harry Hole. C'est d'ailleurs le même phénomène pour les adaptations cinématographiques, le plus bel exemple étant probablement le Jack Reacher de Lee Child, incarné par le petit Tom Cruise...
Des chiffres, des chiffres ! Oui, en voilà : restons avec Lee Child, qui a quand même vendu la bagatelle de 50 millions de livres, alors que la vidéo promotionnelle de son dernier roman, The Affair, n'a attiré que 4000 spectateurs sur YouTube.
Autre constat : le succès des vidéos basées sur l'humour. Mais bien sûr, cela ne convient pas à tous les romans... Quoique... Au moins, l'humour a l'avantage de désamorcer les critiques mal intentionnés qui accusent les éditeurs de se prendre pour des cinéastes.
Selon l'auteur de l'article, trois pistes à creuser pour les éditeurs : faire appel à des professionnels du cinéma pour la réalisation, faire figurer au casting des personnalités "clin d’œil". C'est ce qu'a fait l'auteur Gary Shteyngart en invitant ses confrères Edmund White, Jay McInerney et l'éditeur Jeffrey Eugenides pour le clip de son roman Super triste histoire d'amour. Cerise sur le gâteau : l'acteur James Franco apparaissait dans le rôle d'un étudiant en écriture... Résultat : un micro-budget, mais 200 000 spectateurs sur YouTube.
Enfin, piste encore moins coûteuse mais apparemment efficace, traiter l'auteur comme un personnage. C'est en tout cas l'avis de Dennis Johnson, l'un des jurés du prix Moby, qui récompense les "trailers" : "la meilleure recette est bien souvent de réaliser un portrait de l'auteur qui le montre comme quelqu'un de séduisant, quelqu'un que vous auriez envie de mieux connaître. C'est ce qu'a fait Shteyngart : tous les gens qui ont regardé le trailer se sont dit qu'il avait l'air sympa, et que peut-être son livre valait la peine d'être lu."
Voir le trailer hilarant de Shteyngart, avec un cours d'"écriture créative" qui fait peur ...
Et puis tant qu'à faire, lisez le livre de Shteyngart, Super triste histoire d'amour, paru aux éditions de l'Olivier dans une traduction de Stéphane Roques
Il s'agit sûrement de draguer l'industrie du cinéma, doublé d'une manière de se placer sur un créneau (générer de nouveaux besoin) pour les agences de com' (en exploitant ce qui existe déjà pour le cinéma). Je ne suis pas sûr du tout que cela tienne le coup à long terme.
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