9 avril 2012

La littérature noire est une chose trop sérieuse pour être traitée à la légère

Peut-on saturer au point de ne plus pouvoir ouvrir un bouquin sans ressentir un véritable malaise ? Comme une allergie due à une longue utilisation d'un médicament qui se révélerait toxique à l'usage. Un oui s'mpose et j'en ai fait l'expérience récemment. La raison de l’événement allergène : une lecture compulsive de polars tous azimuts depuis quelques années due à la redécouverte de ce genre littéraire que je n'avais fréquenté qu'à travers les grands noms qui ont marqué l'histoire du genre.
Le fautif, Bertrand Tavernier et son film Dans la brume électrique tiré d'un livre de James Lee Burke. Du long métrage je suis passé sans transition aux romans qui depuis ne m'ont plus quitté jusqu'à cette grave crise qui a nécessité une cure d'abstinence. Les premiers symptômes de la maladie se sont déclarés après une indigestion de Dashiell Hammett dans sa nouvelle traduction récente. Alors que cet auteur m'avait plutôt bien réussi dans l'ensemble, voilà que j'ai ressenti une remontée acide dès la lecture du deuxième texte de la compilation. Une sensation de trop-plein, d'inutilité voire de perte de temps, alors que jusqu'alors chaque livre nouveau m'avait apporté réconfort et satiété. J'en ai parlé autour de moi mais personne dans mon entourage « poche » n'avait connu ce même phénomène. Et cela s'est aggravé avec les trois ou quatre polars suivants dont un Philip Kerr dont j'avais pourtant adoré La trilogie berlinoise. Rien n'allait plus. Une mesure drastique s'imposait, replacer tous les livres en attente dans ma bibliothèque et m'imposer une difficile période de jeûne dont on dit beaucoup de bien ces derniers temps. Après une semaine sans aucun texte imprimé relié, m'autorisant juste la lecture de la presse, faut bien se tenir au courant en période d'élection, j'ai ressenti un léger mieux. Le phénomène passion/répulsion commençant à s'estomper. J'ai donc décidé de tenter une expérience en m'autorisant un classique de la littérature d'aventure. J'ai opté pour un Jules Verne, mieux vaut y aller mollo lorsqu'on reprend de l'exercice, c'est bien connu ! Tout s'est bien passé. Je dirai même plus pour paraphraser les Dupont(d)s, merveilleusement bien. Aucun symptôme de rejet, la greffe prenant ce fut le tour d'un Genevoix (Raboliot) puis d'un Henry James (Le tour d'écrou), et je me sentais de mieux en mieux. Passons à la post-cure, moment difficile voire déterminant pour la suite: Ouvrir délicatement un polar et voir ce que ça donne. Deux options : choisir un texte moderne ou rester dans l'ancien. Pas de querelle là-dessus rassurez-vous. C'est la deuxième option qui s'est imposée avec l'acquisition coup sur coup des trois premiers Sherlock Holmes. Quelle joie d'avaler ces textes sacrés qui sont passés à la postérité et pour la présente dans mes petites cellules grises comme une lettre à la poste... (pour la poste faut voir) sans dommages corporels et mentaux notables. Nous en étions à trois semaines de cure et il ne restait que l'expérience suprême. Choisir un polar contemporain, se caler le dos dans le canapé, chausser ses lunettes pour voir de près (les poches sont écrits tout petit) et plonger dans le grand bain. Croyez moi si vous voulez mais j'ai failli me noyer aussi sec. Ça à recommencé exactement comme avant, même vertige, même rougeur, même gargouillis stomacaux, même nausée... et en plus j'en ai voulu à ceux qui lisaient des polars autour de moi et qui s'en trouvaient bien. Comme celui qui arrête de fumer et voudrait que tout le monde en fasse autant. L'affaire était grave et la décision fut drastique. Première étape, acquisition de grands cartons puis classement alphabétique des romans policiers de ma bibliothèque. Ensuite entassement dans ces containers parfaitement scellés à l'adhésif épais et indestructible. Enfin rangement dans un lieu sec. L'affaire était réglée et voilà pourquoi dorénavant vous ne verrez plus la signature de Fred dans ce blog. Je sais, les méchantes langues diront bon débarras... mais c'est ainsi. En tout cas concernant la littérature noire qui comme son nom l'indique est maintenant remisée dans un coin obscur de mon garage, elle est désormais et jusqu'à dorénavant bannie de mon quotidien littéraire. Advienne que pourra ! Au fait pour ceux qui s’intéressent un tant soit peu à ma modeste santé. Je vais plutôt bien et j'attaque dès ce soir La petite maison dans la prairie de Laura Ingalls.
Fred


1 commentaire:

  1. Avec ce type de symptômes, je préconise toujours de changer de catégorie. Le champ que couvre les littératures policières est extrêmement vaste. Nous pouvons, à l'heure actuelle le définir (très grossièrement) en 3 grandes catégories : Le roman d'enquête (roman jeu où l'on se demande qui a commis le crime ?) ; le roman noir (qui parle du monde en allant voire sous le tapis, là on se demande : "pourquoi a-t-on commis le crime ?" et le roman à suspense/thriller (où le danger est mis en avant). Ce sont des grandes lignes hein... (il y a pas mal d'autres catégories : polamour, espionnage, polar historique, polar déjanté...).
    Le champ est large, très large, je disais. Alors je vous préconiserais de choisir un de ses trois bouquins : "La Panne" de Friedrich Dürrenmatt, "Maléfices" de Boileau & Narcejac ou "La maison assassinée" de Pierre Magnan, et une Série TV essayez donc "The Wire" (Sur Écoute) de chez HBO.Si les symptômes persistent n'hésitez pas à nous contacter nous pouvons passer à un traitement plus lourd.

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