19 septembre 2012

Tana French, La mort dans les bois : un premier roman fragile et prenant

Vous avez remarqué, avec Tana French, je vous le fais à l'envers. On a commencé avec les Lieux infidèles, on a persisté avec Comme deux gouttes d'eau , alors on termine avec le plus ancien, La mort dans les bois, paru chez Michel Lafon en 2008. Et ce n'est pas ce roman-là qui va me donner envie d'arrêter !

Nous sommes dans les années 80, à Knockaree, près de Dublin. Trois gamins d'une douzaine d'années, Jamie, Adam et Peter, inséparables, filent jouer dans le bois tout proche. Il fait beau, c'est l'été, rien de plus normal. Sauf qu'à 18h30, personne n'est rentré... Les trois enfants ont tout simplement disparu. Enfin, deux seulement. Plus tard dans la soirée, Adam Ryan est retrouvé, en état de choc, par un policier qui participait à une battue. Les baskets pleins de sang, les yeux hagards, Adam ne se rappelle rien et ne parle pas. Pour lui épargner les questions incessantes des voisins et des copains d'école, ses parents l'envoient en pension en Angleterre. Pour autant, il ne retrouvera pas la mémoire.

Plus de vingt ans plus tard, Adam est revenu à Dublin, il a choisi d'utiliser son deuxième prénom, Rob, et il est inspecteur de police. Personne ne sait qui il est, et c'est très bien comme ça... Jusqu'au jour où un crime est commis à Knockaree, en plein milieu d'un site archéologique où une équipe boucle la dernière phase des fouilles. Katy, une fillette d'une dizaine d'années, a été brutalement assassinée. La petite habitait le quartier, elle se préparait à partir étudier à l'école de danse, elle faisait la fierté et la joie de ses parents, de sa sœur aînée et de sa jumelle. Rob se charge de l'enquête, en compagnie de sa partenaire Cassie, une jeune policière singulière avec laquelle il entretient une complicité très forte... Et si ce crime-là était lié aux disparitions des années 80 ? Et si Rob se retrouvait à enquêter sur sa propre affaire ?

Voilà, le décor est planté. Bien sûr, cette ébauche de pitch ne saurait rendre justice à la complexité de l'histoire que nous raconte Tana French. une histoire qui, comme d'habitude chez cette auteure, est bien plus qu'un conte qui fait peur. Dès ce premier roman, Tana French campe des personnages façonnés par leur histoire personnelle, marqués à jamais, et dont les comportements sont guidés non seulement par la recherche de la vérité, mais surtout par leur personnalité profonde, leurs traumatismes, leurs frayeurs et leurs angoisses. Rob et Cassie forment un couple singulier, une amitié très puissante les lie, et pourtant les événements vont les séparer cruellement, douloureusement, laissant deux êtres seuls, pantelants, épuisés par les émotions qui les ont laminés. Au début du roman, Rob, le narrateur, nous prévient : "Ce que j'essaie de vous dire, avant que vous commenciez à lire mon histoire, c'est ceci - deux choses: j'ai une soif inextinguible de vérité; et je mens." Nous voilà prévenus...
Même si ce premier roman a quelques défauts de jeunesse - quelques pistes ouvertes et non refermées (mais est-ce vraiment un défaut?), quelques situations difficilement croyables (mais la vie ne nous réserve-t-elle pas, dans la réalité, de telle surprises?) - La mort dans les bois est un objet littéraire fascinant, bien plus qu'une promesse, un envoûtement.

Tana French, La mort dans les bois, traduit de l'anglais par François Thibaux, Michel Lafon. Egalement disponible en Points Thrillers sous le titre Ecorces de sang.

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