On se rappelle que dans Piégée (voir chronique ici), Sonja, l'héroïne de Lilja Sigurdardottir, se débattait au beau milieu d'un imbroglio entre trafic de drogues et trafics financiers à grande échelle. Nous l'avions laissée face à une seule solution : la fuite... Son fils Tomas, 8 ans, et un petit pactole sous le bras, nous la retrouvons au début de Le filet en avril 2011, installée dans une caravane quelque part sur la côte de Floride. Ça n'est pas le grand luxe : le climatiseur fait du bruit, le logement est exigu et peu confortable, mais Tomas s'est habitué à cette drôle de vie et s'est même fait un copain en la personne de Duncan, le gamin de la caravane d'à côté. Mais Sonja n'est pas tranquille : elle rêve d'icebergs et de banquise, et ça n'a rien à voir avec Titanic... La banquise en Floride ? Elle va se matérialiser sous la forme de deux hommes qui, un jour où Sonja commence à penser à ce qu'il va falloir faire dans les jours qui viennent, enlèvent Tomas. Croyait-elle vraiment échapper à tous ses démons ? Les trafiquants de drogue avec lesquels elle a fricoté à Reykjavik, son ex-mari Adam, le père de Tomas, qui n'a pas vraiment apprécié qu'elle s'enfuie aux Etats-Unis sans le prévenir, et pour cause... Il est impliqué jusqu'au cou dans les ennuis que Sonja a dû fuir en abandonnant tout.
Si elle comptait souffler un peu, c'est raté. Sans Tomas, la vie n'est tout simplement pas envisageable. Et pour retrouver Tomas, il va bien falloir, bon gré, mal gré, rentrer à Reykjavik. Le retour va être mouvementé, et elle va se retrouver à la sortie de l'aéroport de Reykjavik, où il ne fait pas bien chaud, en tee shirt et en short. Heureusement - ou malheureusement - elle a réussi à appeler Agla, son amoureuse banquière prise elle aussi dans la tourmente financière, qui est venue la chercher. Là, elle va retrouver tous les charmants personnages dont on a fait la connaissance dans Piégée. Avec en prime, quelques inconnus qui auraient gagné à le rester tant ils sont détestables... Sonja va-t-elle retrouver Tomas ? Que va-t-il advenir de son histoire avec Agla ? Va-t-elle être obligée de renouer avec ses allers-retours en Europe, chargée de drogue? Comment va-t-elle se sortir de cette tourmente, elle qui n'a plus qu'une envie : mener une vie tranquille avec son fils? Le projet est plutôt mal engagé. Le chemin qui mène à la sérénité est pavé de très mauvaises intentions. Sonja va devoir prendre de gros risques pas vraiment calculés, négocier avec des requins aux dents longues, se confronter avec des trafiquants internationaux pour lesquels la violence est un mode de vie, affronter des menaces aussi exotiques que cruelles, ruser avec les autorités, s'assurer des complicités dangereuses... Bref, faire face à deux puissances dont on se demande laquelle est la plus dangereuse : la finance et les réseaux de la drogue.
Dans Le filet, deuxième épisode d'une trilogie, Sonja devient plus dure, plus dangereuse, plus tranchante. Ses aventures, si elles sont toujours axées sur la même dualité finances - drogues, gagnent en puissance, en violence. Le rythme du récit la force à faire preuve d'une intelligence de plus en plus lucide et audacieuse. L'amour maternel qui lui donne son courage n'a rien de mièvre. Et son attachement à cette femme, Agla, dont les activités plus que douteuses représentent un danger de plus, confère à cette héroïne pas comme les autres un petit air de guerrière qui n'est pas pour nous déplaire...
Lilja Sigurdardottir, Le filet, traduit de l'islandais par Jean-Christophe Salaün, éditions Métailié
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