A l'exception du Carnet noir, ces livres ont été écrits pendant la période française de Ian Rankin. Vivre en Périgord ne l'empêche pas de parler de l'Ecosse avec une rare acuité. Pas une trace de foie gras et d'accent du sud-ouest dans ces romans-là !
Troisième enquête pour John Rebus, qui, cette fois, s'expatrie (temporairement, qu'on se rassure) à Londres. Vous vous rappelez que, dans L'Etrangleur d'Edimbourg, Rebus avait réussi à venir à bout de l'ignoble criminel qui, non content d'assassiner des enfants, s'en était pris à lui et à sa famille. La police londonienne l'appelle au secours : elle est confrontée à un tueur de femmes qui a la charmante habitude de laisser une empreinte de morsures sur le ventre de ses victimes. On s'en doute, l'affaire ne va pas être simple. Cette fois, Rebus n'est plus seul : il se laisse tenter par l'aide que lui propose une psychologue profileuse. Rebus n'est pas sur son territoire, il est quelque peu déstabilisé par cette ville immense et par ses collègues anglais. L'ennemi héréditaire, en quelque sorte ! Il faut dire qu'on ne l'a pas appelé pour faire du tourisme : l'affaire se déroule dans des quartiers peu recommandables, l'ambiance est angoissante à souhait, et puis cette psychologue... Drôle de fille quand même... Rythme impeccable, personnages noirs comme on aime, intrigue aux petits oignons et rebondissements élégants... Rebus fidèle à lui-même même quand il n'est pas à Edimbourg.
Piège pour un élu (Strip Jack), 1992 - traduit de l'anglais par Frédéric Grellier, Le Livre de poche, 2005
Deux Rebus la même année ! Ian Rankin est vraiment trop bon ! Là, c'est la politique qui prend la vedette. Un jeune député aux dents longues se fait surprendre "bêtement"... dans un bordel. Pas bon pour la réputation, ça. Quand en plus, quelques jours plus tard, la femme du politicien est retrouvée morte, c'en est trop pour Gregor Jack... et pour John Rebus, qui commence à trouver que ça fait beaucoup pour un seul homme. D'autant qu'il éprouve pour le député une sincère sympathie. Dans ce roman, la vie politique de l'Ecosse joue un rôle important, tout comme le contexte social et local. Le personnage de Rebus prend de l'épaisseur, on s'approche davantage de l'homme, bref, on s'attache, on s'attache!
Nom de code : Witch (Witch Hunt), 1993 - traduit de l'anglais par Daniel Lemoine, Le Masque, 2002 / Livre de poche, 2004
Ecrit à l'origine sous le pseudonyme de Jack Harvey (Harvey est le nom de l'épouse de Ian Rankin), c'est un roman "sans Rebus", mais avec MI5. Ce qui ne veut pas dire qu'on a affaire à un roman d'espionnage à la Le Carré ou à la... Ian Fleming. Rankin reste lui-même pour raconter l'histoire d'une terroriste redoutable surnommée Witch après laquelle courent désespérément la police et le contre-espionnage. Un bon gros roman qui donne l'occasion à Rankin de s'étendre sur le contexte social et politique, et de faire voyager ses personnages à travers l'Europe. Une vision des rapports humains résolument lucide et originale, une construction impeccable, un bon roman.
Le carnet noir (The Black Book) - 1994 - traduit de l'anglais (Ecosse) par Michèle et Frédéric Witta, Gallimard, Folio policier 2002
Tout est noir, y compris le titre, dans cet épisode des enquêtes de John Rebus. Pour commencer, il récupère son frère qui sort de prison et est obligé de le loger chez les étudiants à qui il loue son appartement depuis qu'il partage la vie de Patience, sa douce amie médecin. Manque de chance, Patience la perd (sa patience) et le jette à la rue. Voilà Rebus réduit à squatter son propre appartement. Pour tout arranger, un de ses jeunes collègues se fait agresser dans un pub... L'enquête va pousser Rebus à remonter le temps, à se confronter à des fantômes, les siens et ceux des autres. Première apparition de l'ennemi juré et ambigu de Rebus, Ger Caffery, qu'on aura l'occasion de retrouver, et aussi de Siobhan, la détective anglaise au nom irlandais qui prêtera main forte à Rebus à maintes reprises. Corruption, grand banditisme : l'intrigue est de haute volée, Rebus, malgré ses malheurs, reste toujours le meilleur, même si ses méthodes disons... laissent à désirer côté déontologie !
>> Lire la première partie
Le carnet noir m'attends dans ma pile. Tout cela me donne envie de découvrir Rebus. Je vais peut-être m'y mettre, tiens.
RépondreSupprimerC'était le but de l'opération ! Bonne découverte, vous en avez pour un moment !
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