29 novembre 2011

Casser du mythe avec l'Abrégé de la vie de Louis Mandrin

Les éditions Allia proposent aux amateurs d'aventures picaresques de suivre le parcours de Louis Mandrin, le chef d'une bande de contrebandiers qui sévirent en France, en Suisse et en Savoie au milieu du XVIIIe siècle. En ce temps les pistolets n'avaient qu'un coup mais qui fut fatal pour bon nombre de Fermiers généraux qui eurent le malheur de croiser la route d'individus entre mythe et réalité. Le personnage qui a fait l'objet de films et livres le mettant en valeur est pourtant bien ambigu et les morts des deux sexes s'entassent sur son passage dans les villes et villages qu'il traverse.
Certes il panse les blessés mais tue volontiers femmes et enfants s'ils se mettent en travers de son chemin. Mandrin est en réalité un habile contrebandier qui achète en Suisse et en Savoie du tabac qu'il revend dans les villes françaises sans les taxes habituelles imposées par les Fermiers généraux. Bien sûr la population est enchantée et rapidement l'homme devient un héros national d'autant qu'il faut le concours de plusieurs régiments pour réussir à mettre la main sur lui après des poursuites acharnées jonchées de cadavres. "Les mandrins", c'est comme cela que l'on nommait alors sa troupe de malfrats, n'étaient pas à quelques excès près sous l'emprise de l'alcool, laissant des innocents sur le carreau. On raconte que Louis Mandrin refrénait les dérives de sa troupe mais qu'il se contentait aussi de leur imposer des amendes même pour les pires méfaits. Pour capturer Mandrin au château de Rochefort-en-Novalaise, 500 hommes des fermiers généraux pénétreront illégalement dans le territoire du Duché déguisés en paysans. Le Roi Charles-Emmanuel III de Sardaigne apprend cette histoire rocambolesque et exige la restitution du prisonnier à Louis XV mais les fermiers généraux font rapidement son procès le 24 mai 1755, puis il sera roué vif à Valence le 26 mai, devant plus de 6000 personnes qui se sont déplacées pour assister à l'agonie du bandit..
Ce petit livre paru anonymement et sans lieu d'édition en 1755 se lit comme un roman d'aventure avec le plaisir de retrouver une langue et des expressions qui fleurent bon le siècle des lumières. En plus il ne coûte que 3 euros, de quoi définitivement réconcilier tout le monde avec la lecture.

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