15 juin 2023

Le Goéland Masqué 2023 : journal d'un festival sous le signe des belles rencontres

Déjà trois semaines que le 21e Festival International du Goéland Masqué de Penmarc'h a baissé le rideau. Cette année encore, toute l'équipe s'est attachée à offrir un plateau aussi prestigieux que divers : une soixantaine d'autrices et auteurs étaient au rendez-vous, et de nombreux éditeurs avaient également fait le déplacement.



Une fréquentation stable malgré un temps estival, des auteurs et des éditeurs satisfaits, des libraires contents, des animations et des lectures qui ont fait le plein auprès d'un public toujours avide de découvertes, une équipe de bénévoles épuisés mais heureux. Que demander de plus !

Pour remédier au célèbre "blues" post-festival, voici l'album souvenir de cette édition 2023, jour après jour, en images et en mots attrapés au vol... 

Dans quelques jours, vous pourrez retrouver les vidéos des tables rondes sur le site du Goéland Masqué. Un grand merci aux vidéastes et photographes qui ont œuvré pendant le festival.


Vendredi 26 mai

Le vendredi soir, les auteurs arrivent à Penmarc'h. Pour les accueillir comme il se doit, un dîner de bienvenue était organisé au pied du phare d'Eckmühl. Cette année, la soirée s'est déroulée au son des binious et de la musique traditionnelle, histoire qu'on sache tout de suite où on était !





Samedi 27 mai

Tous les festivals commencent par une inauguration. A 11h00, la présidente de l'association, Marie-Françoise Plouzennec, accompagnée par la maire de Penmarc'h Gwenola Le Troadec et par l'adjoint à la culture Gilles Bernard, a rappelé l'engagement du Goéland Masqué, sa vocation d'encouragement à la lecture et à la découverte de littératures différentes, et remercié les partenaires de l'association sans lesquels rien ne serait possible.


L'intelligence artificielle, pour le meilleur ou pour le pire ?



Audrey Gloaguen et Christopher Bouix, table ronde animée par Catherine Marin

Audrey Gloaguen (Semia, Gallimard/Série noire) et Christopher Bouix (Alfie, Le Diable Vauvert) ont eu la rude mission d'ouvrir les festivités avec un thème brûlant : l'intelligence artificielle. Deux approches très différentes : un polar sombre à ramifications multiples pour Audrey Gloaguen, un roman qui commence tout en légèreté pour se terminer en apocalypse familiale pour Christopher Bouix. Les deux auteurs nous ont montré que l'IA nous touche tous, dans l'intimité de nos demeures jusqu'au cœur des structures sociales et politiques.

Inventer des mondes pour comprendre le nôtre



Jérôme Leroy et Lionel Destremau, table ronde animée par Catherine Dô-Duc

Jérôme Leroy (Les derniers jours des fauves, La Manufacture de livres) et Lionel Destremau (Gueules d'ombre, lauréat du Prix du Premier roman du Goéland Masqué 2023, La Manufacture de livres) ont échangé autour du thème "Inventer des mondes pour comprendre le nôtre".

Jérôme Leroy : Je n'ai pas voulu écrire un roman à clés, putôt mettre en scène des archétypes politiques de grands fauves. J'ai pris beaucoup de plaisir à cette recomposition de la France, avec des personnages alternatifs et dans une atmosphère crépusculaire. A force d'écrire des horreurs, elles finissent par arriver. J'ai utilisé les codes d'un petit jeune nommé Balzac, je pense d'ailleurs qu'il est un des pionniers du roman noir. J'aime reprendre un de mes personnages d'un autre roman pour un faire un personnage secondaire dans un autre texte.

Lionel Destremau : Il ne s'agissait pas tant d'inventer un monde que de le noyer sous deux formules, être à la fois dedans et dehors. Au final, la question n'est pas de savoir où et quand se déroule l'action, mais où et quand elle pourrait se dérouler. C'est à la fois très simple et effroyable.

Suspense et lyrisme, du Montana aux îles Féroé



Kim Zupan avec son interprète Lucie Marchand et Patrice Gain, table ronde animée par Martine Laval

Patrice Gain (Les Brouillards noirs, Albin Michel) et Kim Zupan (Trop loin de Dieu, traduit par François Happe, Gallmeister) : un échange inattendu entre un auteur français dont le roman se situe dans les îles Féroé et un auteur américain du fin fond du Montana. Une belle rencontre où les deux auteurs se sont rejoints sur des thèmes aussi universels que la douleur de la perte et le rôle de la nature.

Après le communisme et la guerre, destin d'un pays méditerranéen


 Jurica Pavičić, entretien avec Catherine Dô-Duc

L'auteur croate Jurica Pavičić (L'Eau rouge, La Femme du deuxième étage, Le Collectionneur de serpents, traduits par Olivier Lannuzel, Agullo) cumule les prix : Prix du polar européen 2021, Grand prix de littérature policière 2021, Prix Mystère de la critique 2022, Trophée 813 2022 du roman étranger pour L'Eau rouge). Il a évoqué sa carrière de journaliste et de romancier, et a expliqué comment le succès de l'édition française de L'Eau rouge lui a ouvert les portes d'un lectorat international. Son premier roman paru en français, L'Eau rouge, raconte l'histoire d'une femme disparue et couvre 35 ans de l'histoire de son pays. Son deuxième roman traduit en français, La Femme du deuxième étage, est un texte plus intimiste mais révélateur de la situation des femmes dans un pays qui garde les stigmates d'un régime communiste très particulier, d'une explosion de la Yougoslavie et d'une guerre fratricide. Jurica revendique l'approche féministe de ses romans, et dresse un état des lieux intelligent et lucide d'une société croate encore écartelée entre son passé, sa culture méditerranéenne et le développement effréné du tourisme.

Des polars pour les ados

Marin Ledun, Laurence Biberfeld, Nicolas Jaillet et Clémentine Thiébaut, table ronde
animée par Fabienne Regnaut

L'autrice et les auteurs Laurence Biberfeld, Nicolas Jaillet et Marin Ledun, en compagnie de la directrice de collection Clémentine Thiébaut, on échangé autour de la collection "Fractions", une série de polars pour ados lancée par les éditions in8. Ils ont montré à quel point le genre policier pouvait avoir une résonance décisive auprès d'un public de jeunes lecteurs sensibles aux grandes questions qui agitent notre monde contemporain, et se sont accordés pour dire que le polar pouvait constituer une porte d'entrée privilégiée vers la lecture.

Remise des prix du Premier roman et du Prix Mor Vran de la BD


Comme le veut l'usage, c'est le président du jury Jean-Bernard Pouy, en compagnie de Marie-Françoise Plouzennec qui a remis le Prix du premier roman à Lionel Destremau pour Gueules d'ombre (La Manufacture de livres), et le moins qu'on puisse dire est qu'il n'a pas cédé à la tentation de la flagornerie... Quant au Prix Mor Vran de la BD, il a été remis à Romain Renard pour Melvile (Le Lombard) par les co-présidents du jury Arnaud Le Gouëfflec et Pierre Malma.

Dimanche 28 mai 2023

Des voix féminines dans le roman noir

Sylvia Cagninacci, Elisa Vix et Chantal Pelletier, table ronde animée par Catherine Marin

Les femmes se lèvent tôt, c'est bien connu... La première table ronde du jour réunissait trois autrices : Sylvia Cagninacci (Des îles des chiens, in8), Elisa Vix (Qui voit son sang, Rouergue) et Chantal Pelletier (L'Ourson, Joëlle Losfeld). 

Sylvia Cagninacci : Mon roman est une tragédie familiale. Et même si le narrateur est le petit garçon victime d'un accident, c'est princpalement un roman de femme, l'expression d'une parole de femme. Car quand il est question de famille, ce sont souvent les femmes qui parlent...

Elisa Vix : J'aime le rapport homme/femme et les secrets que les femmes se transmettent de génération en génération.

Chantal Pelletier : Mon livre raconte l'histoire d'un face à face entre une "petite" femme et un personnage démesuré, Orson Welles. Elle se révèle finalement plus solide que lui, car cet ogre est en fin de vie, sans projets. Pour moi, l'important c'est la relation homme / femme et son évolution. N'oublions pas que les premières femmes à entrer dans la Série noire dans les années 90 étaient Dominique Manotti et Fred Vargas. Des prénoms neutres...

Les secrets de l'histoire


Romain Slocombe et Benoît Séverac, table ronde animée par Gilbert Kerleau

Avec Romain Slocombe (J'étais le collabo Sadorski, Robert Laffont) et Benoît Séverac (Le Tableau du peintre juif, La Manufacture de livres)

Romain Slocombe : Mon personnage, Sadorski, le salaud, le traître, est l'anti-Maigret... Je me suis particulièrement intéressé à la géographie parisienne de l'Occupation.

Benoît Séverac : Les deux guerres mondiales ont constitué des points de bascule. L'histoire s'est invitée dans ma vie avec ce tableau, qui était dans la famille depuis 1945. Personne n'en connaissait l'histoire...

Journalisme et roman noir

Miguel Szymanski, Jean-Pierre Perrin et Olivier Truc - interprète Cynthia Honoré, table ronde animée par Martine Laval

Jean-Pierre Perrin (Le Tournoi des ombres, Rivages), Miguel Szymanski (La Grande Pagode, traduit par Daniel Matias, Agullo) et Olivier Truc (Les Sentiers obscurs de Karachi, Métailié) ont parlé de leurs expériences respectives de journalistes et d'auteurs de roman noir.

Miguel Szymanski : Aujourd'hui, je ne travaille plus que sur des questions internationales... parce que je veux rester au Portugal. Mon personnage principal n'est donc pas exactement mon double, car il travaille en marge, il peut se permettre des choses que je ne pourrais pas faire. Un de mes buts est d'idéaliser comment le journalisme pourrait fonctionner.

Jean-Pierre Perrin : J'ai surtout travaillé au Proche et au Moyen-Orient, que ce soit pour Libération ou pour l'AFTP. J'ai eu la chance de jouir d'une très grande liberté, je n'ai jamais connu la censure. Dans mon dernier livre, je voulais un personnage de bourgeoise heureuse, à qui je pourrais faire vivre mes aventures. Finalement, elle les traversera mieux que moi.

Olivier Truc : J'ai commencé ma carrière de journaliste dans la presse locale, dans le sud. Puis je suis parti pour la Suède. Pour une Suédoise. J'y suis devenu correspondant du Monde pour les pays nordiques et baltes, souvent ignorés par les médias. C'est sans doute pour cela que j'ai profité d'une grande liberté et que j'ai pu faire beaucoup de reportages, que j'ai parfois transformés en romans. Le modèle nordique, qui a fait tant rêver, est un formidable réservoir à histoires. J'ai été invité à Karachi en 2016 pour un festival de littérature, puis pour une résidence d'un mois. C'est là que des Pakistanais m'ont reparlé de l'attentat de Karachi : ça a été un déclic, je me suis plongé dans cette histoire.

Mystères très noirs et tragédies baroques



Fabrice Jambois et Jean-Christophe Tixier, table ronde animée par Alain Ouannès

Fabrice Jambois (Mycélium, EquinoX/Les Arènes) et Jean-Christophe Tixier (La Ligne, Albin Michel) étaient réunis autour d'un thème... ardu mais poétique. Aussi brillants et réactifs l'un que l'autre, ils ont su captiver leur auditoire.

Fabrice Jambois : Mon livre se place aux frontières du réel, avec deux faisceaux d'enquête dans un contexte contemporain. Le Paris "magnétique" est une tradition très ancienne et très vivace. Quant à la dimension baroque, je la retrouve dans cette pratique qui consiste à faire des plis dans le réel, puis à le déplier. On parvient ainsi à une coexistence entre perception consciente et remontée par capillarité d'éléments inconscients. La baroque serait la plongée dans l'obscurité...

Jean-Christophe Tixier : L'idée de la ligne oblige les protagonistes  se positionner et entraîne une bascule dans l'intrigue. Là, il s'agit d'une fracture en espace clos et rural, dans un village, d'une ligne de clivage. Dans une société clivée, le rejet est roi, il n'y a plus d'argumentation. La ligne symbolise cette vision binaire des choses, qu'on retrouve bien sûr sur les réseaux sociaux...

Le roman noir des années noires en Italie



Valerio Varesi et Michèle Pedinielli, table ronde animée par Catherine Dô-Duc

Le subtil Valerio Varesi (Ce n'est qu'un début, commissaire Soneri, traduit par Florence Rigollet, Agullo) et la sémillante Michèle Pedinielli (Sans collier, L'Aube) étaient faits pour se rencontrer autour du sujet délicat des années de plomb en Italie. Le commissaire Soneri replonge dans son propre passé, la détective Ghiu, elle, est confrontée indirectement à l'attentat de Bologne, de sinistre mémoire...

Valerio Varesi : Comme toute personne qui écrit du "noir", je suis heureux d'être comparé à Simenon. Mais mon personnage appartient à Parme et à l'Emilie-Romagne. Comme vous savez, l'Italie est une réunion de lieux qui ont chacun leur particularité.

Michème Pedinielli : Ghiu est ancrée dans Nice, dont je parle pour en montrer des facettes différentes. Les Niçois n'ont pas tous des yachts, ils n'habitent pas tous au Negresco. J'aime beaucoup cette ville, malgré la pourriture...

Du podcast à la série, le roman est noir est partout !



Jakub Zulczyk et Matt Wesolowski (interprètes : Anna Radecka et Cynthia Honoré), table ronde animée par Catherine Dô-Duc


Matt Wesolowski ("Six versions" Les Orphelins du Mont Scarclaw et La Tuerie Macleod, traduits par Antoine Chainas, EquinoX/Les Arènes) et Jakub Zulczyk (Éblouis par la nuit et Feedback, traduction Kamil Barbarski et Érik Veaux, Rivages) ont bien des choses en commun, en dehors de leurs patronymes polonais. Encore une belle rencontre.

Matt Wesolowski : Les podcasts sont une nouvelle façon de raconter des histoires. Le fait divers est un nouveau genre littéraire. Dans ce type de podcasts, on peut écouter tous les protagonistes et choisir qui l'on croit. C'est cela qui m'a fasciné. J'ai écrit le premier livre juste après avoir écouté un des premiers podcasts américains, où il était question de la disparition d'une jeune fille. Je l'ai écrit très vite, puis je l'ai mis dans un tiroir en me disant : "Mais qui veut lire une chose pareille?" Et puis un éditeur s'y est intéressé, car j'étais le premier !

Jakub Zulczyk : J'écris des romans noirs et violents mais aussi réalistes, avec un soupçon d'espoir. Le cinéma aime le noir et le réalisme, dont ce type d'histoire trouve sa voie de façon presque naturelle vers le cinéma et la série. Pour moi, le genre noir correspond au réalisme (...) Le style vient de l'histoire et non l'inverse, c'est comme une forme organique. Dans mon premier livre, le héros a 6 jours pour résoudre son problème, le livre est sous le signe de la cocaïne, qui est la drogue de la vitesse. Le livre devait donc avoir un style très rapide. Le deuxième roman, lui, traite de l'addiction. Toute addiction commence par une souffrance, c'est une réponse à la douleur...

Médiator, un crime chimiquement pur



Salle comble à la Maison pour tous de Penmarc'h pour la rencontre avec Irène Frachon et le dessinateur François Duprat, auteurs de la BD Mediator (Delcourt), animée par Bruno Salaün.

Irène Frachon : Ce qui a été commis dans cette affaire aurait parfaitement sa place dans un polar : tout relève de turpitudes, d'escrocs et de criminels en col blanc.

Rock et roman noir, une histoire d'amour ?



Frank Darcel et Pierre Mikaïloff - Table ronde animée par Catherine Dô-Duc

Frank Darcel (L'armée des hommes libres, Coop Breizh) et Pierre Mikaïloff (L'élevage du brochet en bassin clos, in8) ensemble sur un plateau pour parler de rock et de littérature, c'était une évidence. Frank Darcel, ancien Marquis de Sade, toujours actif au sein de Marquis, ancien producteur d'Étienne Daho, Rennais en plus, a expliqué pourquoi dans son dernier roman, une dystopie située en 2030 en Finlande, dans un monde détruit par les guerres et l'épidémie, la seule musique qu'on entend est celle de Sibélius. Quant à Pierre Mikaïloff, romancier et biographe de nombreux musiciens, de Bashung à Gainsbourg, on lui a demandé s'il passait souvent ses weekends dans la Somme, et conseillé de n'en rien faire, vu la description de la région qu'il en donne dans sa novella qui joue sur l'absurde et une forme de suspense tout en dérision.

Des goûts et des couleurs, l'évolution du lectorat du roman noir






Sébastien Wespiser (Agullo), Pierre Fourniaud (La Manufacture de livres),
Arnaud Frossard (La Grange Batelière) - table ronde animée par Gilbert Kerleau

Autant le dire tout de suite, les intervenants (Pierre Fourniaud de la Manufacture de livres, Arnaud Frossart de La Grange Batelière et Sébastien Wespiser d'Agullo) ont évacué rapidement la thématique proposée, et nous ont offert, pour notre plus grand plaisir, un panorama intéressant de l'édition indépendante qui nous est si chère.

Pierre Fourniaud : Je ne fais pas de livres en fonction du goût du lectorat. En tant qu'éditeur indépendant, cela permet une grande diversité.

Sébastien Wespiser : Pas mieux... Chez Agullo, nous avons un goût prononcé pour les littératures d'Europe de l'est, donc la question ne se pose pas en ces termes.

Arnaud Frossart : La Grange Batelière est née d'une ancienne imprimerie d'édition située dans la rue du même nom. Je travaillais à la fabrication, j'y ai donc rencontré beaucoup d'auteurs. Quand il a fallu envisager de ranger les machines, nous avons pris la décision de faire quelques publications. En 2020, nous avons conclu un contrat de diffusion/distribution, aujourd'hui nous publions 6 ou 7 livres par an. Des rééditions, comme celles des romans de Régis Messac, mais aussi des nouveautés comme Belles rencontres, que nous présentons ici avec les photographes Xavier Hacquard et Vincent Loison.

Pierre Fourniaud : Quitte à ne pas en vendre beaucoup, autant qu'ils soient beaux ! L'éditeur doit à l'auteur de mettre en forme le texte, de le corriger, et de créer de belles couvertures.

Lundi 29 mai 2023

La mer, théâtre du roman noir



Christophe Agnus et Roxanne Bouchard - table ronde animée par Alain Ouannès

Roxanne Bouchard (Nous étions le sel de la mer, L'Aube) et Christophe Agnus (L'Armée d'Edward, Robert Laffont) ont attiré beaucoup de monde en ce lundi matin habituellement plutôt calme. Un thème particulièrement approprié au festival, riche en possibilités d'intrigues et d'évasion, un échange plein d'énergie et de bonne humeur.

Roxanne Bouchard : Au départ, je n'avais pas vraiment prévu de faire une série, et finalement j'en suis à la troisième enquête de Joaquim Moralès. Le Saint-Laurent, pour nous, c'est comme une mer... Une année, suite à une rupture, je me suis retrouvée à faire le tour de la Gaspésie. Sur les quais, on rencontre les pêcheurs et on écoute des histoires de pêche. Elles servent de trame à mes romans.

Christophe Agnus : Ma grand-mère était institutrice, et chez elle mon lit était entouré de livres. A partir de 7-8 ans, j'ai lu tout Jules Verne, Michel Strogoff, le Nautilus... Voilà mes sources d'inspiration. Les droits du roman ont été optionnés par le producteur de la première saison de La Casa de Papel, mais rien n'est encore fait. Ils cherchent un "showrunner"; je suis consultant sur le projet, ce qui signifie que je suis payé pour me taire !

Ecrire en breton ?

Yann-Fanch Jacq, Laurence Lavrand, Jerom Olivry et Louis Grall

Yann-Fanch Jacq, Laurence Lavrand, Jerom Olivry et Louis Grall ont échangé autour de leur pratique écrite de la langue bretonne et évoqué les spécificités de la publication en breton. Louis Grall avait à cette occasion endossé volontairement le rôle d'"apprenant", et le public venu spécialement pour cette rencontre l'a appréciée à sa juste valeur.

Le noir, critique de la réalité sociale 

Yvon Coquil - entretien avec Brigitte Stephan

Yvon Coquil a parlé de son travail d'écrivain, et notamment de son dernier recueil de nouvelles (Vagues, paru chez Goater noir). "La différence entre le thriller et le roman noir, c'est l'angle (...) Ca ne me dérange pas qu'onqualifie mes livres de romans prolétariens." Il nous a ensuite offert, avec Brigitte Stephan, une lecture de la nouvelle de Jean-Bernard Pouy Enez Eusa, parue au mois de mai aux éditions Le Goéland Masqué.

L'expo

Xavier Hacquard et Vincent Loison (alias les Pictos), photographes, avec leur éditeur Arnaud Frossard (La Grange Batelière) nous ont offert tout au long festival une belle exposition de portraits d'auteurs de romans noirs dans la petite salle de Cap Caval. Ils présentaient également leur livre Belles rencontres.







Les animations

La dictée noire de Nicolas Jaillet et l'atelier d'écriture de Jérôme Leroy

Salles pleines pour la Dictée noire signée Nicolas Jaillet, truffée de pièges démoniaques mais administrée dans la joie et la bonne humeur, ainsi que pour l'Atelier d'écriture mené par Jérôme Leroy, qui a laissé des souvenirs durables à tous les apprentis auteurs qui avaient eu la bonne idée de s'inscrire.

Les soirées




Samedi soir, près du port de Kérity, le Goéland Masqué recevait le rock critic anglais de légende Nick Kent pour un "blind test", prétexte à des anecdotes tirées de sa vie aux côtés des rock stars des années 70 et 80. Nous avons eu une pensée pour son épouse Laurence Romance, qui aurait dû être parmi nous mais qui était bloquée chez elle par une hernie particulièrement virulente. Le blind test était précédé d'une présentation de son The Unstable Boys (traduit par Laurence Romance, éditions Sonatine), roman noir à l'humour acide et à l'intrigue passionnante. Particulièrement mémorable, ce moment où Nick a raconté le soir où il a probablement échappé au pire en refusant de monter en voiture avec Keith Moon et John Bonham, deux batteurs aussi connus pour leur talent que pour leur folie furieuse, qui leur vaudra malheureusement une mort prématurée quelques années plus tard.

Dimanche soir, c'est chez Marie-Cath, à Pors Scarn, que le Goéland Masqué a décidé d'atterrir. Une soirée où auteurs, public, éditeurs et organisateurs se sont joyeusement mélangés en toute spontanéité, au son d'un concert offert par le très énergique et très doué duo Wild Way. 

Les lectures

C'est à la Compagnie bretonne que Xavier Bazin a lu "Le Chat noir" d'Edgar Allan Poe



La superbe Chapelle de la Madeleine a accueilli la lecture de "La Dame en blanc"
de William Wilkie Collins par Mia Delmaë et François Hoffmann



Le Comptoir d'Eckmühl accueillait François Charron pour une lecture d'un extrait de "La Clé de verre", de Dashiell Hammett. Avec une visite surprise de Natalie Beunat, grande spécialiste de Hammett et responsable éditoriale polar chez Points / Seuil



Au Bar Le Doris, Sandrine Bodenès a lu des extraits de "Le Mouchard", de Liam O'Flaherty



Au restaurant La Glacière, une lecture de Léo Malet ("La vie est dégueulasse") par Pierre Hancisse




Georges Simenon et "Les Demoiselles de Concarneau" à l'honneur au bar Chez Cathy
grâce à Simon Bakhouche

Cette année, les lectures qui rendaient hommage à des pionniers du roman noir et du polar (Edgar Allan Poe, Dashiell Hammett, Liam O'Flaherty, Léo Malet, Georges Simenon et William Wilkie Collins) ont attiré un public particulièrement nombreux et attentif. Encourageant pour l'avenir de la littérature noire !

Un festival sous le signe des "Belles rencontres", une fête du livre vibrante et riche en surprises, un événement réconfortant en ces temps difficiles : il ne reste plus qu'à préparer la prochaine édition!

Une partie de l'équipe des bénévoles




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